Economies d’échelle
Pourtant, les tentatives de rapprochement entre grands opérateurs suivent une certaine logique. Les économies d’échelle qui résultent d’une fusion leur permettraient de diminuer les coûts et de dégager des fonds dédiés à de nouveaux marchés. Le recours à une acquisition peut également créer des synergies technologiques entre les deux partenaires, ce qui leur permet d’étendre leurs offres de services. Et le moment est peut-être encore opportun pour s’emparer d’opérateurs publics sous-capitalisés. « En difficulté financière, certains acteurs de téléphonie mobile restent toujours des proies intéressantes pour beaucoup d’investisseurs internationaux évoluant ou pas sur le continent. C’est pourquoi les tentatives d’acquisition vont continuer », affirme Guy Zibi, d’Africa Next Investment Research.
Nombre d’opérateurs sous-régionaux de moindre envergure l’ont bien compris. Ils poussent progressivement leurs pions sur le continent, à l’affût de licences ou de rachats d’opérateurs nationaux. Après le Burkina, la Mauritanie et le Gabon, Maroc Telecom a ainsi étendu sa présence dans un quatrième pays, le Mali, en s’octroyant récemment l’opérateur public malien Sotelma. « On ne s’interdit rien sur toutes sortes d’opportunités, octroi d’une licence, rachat d’un opérateur ou prise de participation », indique-t-on chez Maroc Telecom. Moov, la marque d’Atlantique Telecom (groupe Etisalat), s’est aussi étendue ces dernières années dans six pays (Togo, Bénin, Niger, République centrafricaine, Côte d’Ivoire et Gabon). « Tigo, filiale de Millicom, a fait de même pour être présent au Sénégal, en Tanzanie, en Sierra Leone, au Tchad… » souligne Thecla Mbongue. De nouveaux acteurs, comme Sudatel, Warid Telecom ou Lap Green Network, soutenus par des fonds du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, se greffent aujourd’hui à ce grand mouvement d’acquisitions. Sudatel, d’origine soudanaise, a commencé à se répandre sur le continent en s’emparant de Kasapa au Ghana, Chinguitel en Mauritanie, et en lançant son réseau Expresso au Sénégal. « Warid Telecom opère déjà au Congo-Brazzaville, en Ouganda et en Côte d’Ivoire. Et Lap Green avance par petites acquisitions, notamment en Côte d’Ivoire et au Rwanda », précise Thecla Mbongue.
Ces stratégies d’expansion provoquent néanmoins un certain déséquilibre géographique du secteur. Si elles laissent de belles opportunités dans les derniers foyers à fort potentiel, comme le Nigeria ou la RD Congo, elles contribuent à l’émergence d’un nombre démesuré d’opérateurs dans certains petits pays. Le Gabon voit ainsi surgir un quatrième opérateur mobile, Azur, détenu par le groupe Bahrein Bintel. « Cinq acteurs ou plus dans des pays de moins de dix millions d’habitants où le pouvoir d’achat est faible, ce n’est pas rationnel. Cela favorisera sans nul doute un mouvement de consolidation du secteur », estime Marc Rennard, directeur exécutif Afrique, Moyen-Orient et Asie chez Orange. Le paysage africain de la téléphonie mobile n’est pas près de se figer.
[readon1 url=”http://www.jeuneafrique.com”]Source : jeuneafrique.com[/readon1]