En quelques années, la consultation des médias en ligne est devenue un centre d’intérêt privilégié des internautes africains et sénégalais en particulier. Cet engouement a boosté le business galopant de la presse en ligne qui au delà de toute illusion serait en recherche de modèles économiques pour rentabiliser ce nouveau secteur du commerce électronique.
Ils sont aujourd’hui nombreux sur ce secteur de l’économie immatérielle. Si Seneweb est le pionner car fondé en 1999, il y a en d’autres comme Nettali, Rewmi, Xalimasn, Dakarinfos, Pressafrik, Asie24, ITmag et Senego, qui sont entre autres les principaux acteurs de la presse en ligne au Sénégal. Ce secteur économique occupé par les nouveaux « infopreneurs » ou entrepreneurs de l’information galope difficilement selon les différents acteurs de la presse en ligne rencontrés. Pour Serigne Diagne, un informaticien/webmaster « les choses ne sont pas faciles ». Aujourd’hui administrateur et rédacteur à Seneweb, Serigne nous dit : « ce qui pose véritablement problème au niveau des sites web d’informations c’est la publicité. Les tarifs sont abordables car une bannière est entre 300 ou à 400.000 francs mais il est difficile d’accrocher un nouveau client. Et si tu as en un, le problème c’est de le conserver afin qu’il renouvelle son abonnement ». Cela prouve nettement les difficultés que ce secteur connait à séduire réellement les annonceurs malgré l’affluence et la notoriété du web. Pour la plus part de ces sites web d’information, ils sont très visités. C’est le cas de Seneweb, Rewmi et Nettali qui sont les premières destinations web pour les internautes sénégalais. Sur ce marché Seneweb est leader au Sénégal avec plus de 150 000 visiteurs par jours selon Serigne Diagne. Il est clair que sur ce plan il y a un rapport étroit entre le nombre de visiteurs c’est à dire le trafic enregistré par le site web et son attractivité. Mais il semble que la problématique du sponsoring dépasse la question du trafic web et n’est pas aussi simple que cela. En ce sens pour Charles Faye entrepreneur web et administrateur du site ASI24, « la difficulté est liée au fait que l’intérêt n’est pas encore présent dans ce monde [numérique] des affaires, concurrencé par la presse traditionnelle avec les journaux papier et la radio. Pendant ce temps le e-business se développe considérablement en Europe par exemple avec plus de 70% des achats qui se font en ligne rien qu’en France. Pour dire tout simplement que les annonceurs sont encore réticents à s’engager dans la presse en ligne». Pour eux le web n’est pas encore une priorité malgré la prolifération et l’engouement des medias en ligne. Sur cette prolifération Charles ajoute que « il y a prolifération de sites web mais il faut dire que nous sommes moins de 12 millions de sénégalais. Et combien d’entre nous consultent les sites web d’informations ? Ils ne sont pas nombreux ! A mon avis certains annonceurs savent que ce n’est pas encore une cible privilégiée pour eux ». A ce niveau les entrepreneurs web sont presque unanimes et disent qu’il faut revoir ce modèle de création de richesse afin de mieux intéresser les annonceurs. En outre les entrepreneurs de la presse en ligne doivent résoudre la question de la prise en charge des couts de l’information : qui doit supporter les couts liés à la collecte, au traitement et à la diffusion de l’information.
A mon avis il faut d’abord faire la différence entre l’information générale et l’infodecison. Pour l’information générale, le nouveau web (en l’occurrence le Web 2.0) impose quasiment la gratuité des services, ce qui voudrait dire que vendre l’information générale aux lecteurs seraient impossible. Par contre dans ce modèle économique, ce qu’il faut, c’est faire supporter les charges par les annonceurs qui ont comme « public cible » les lecteurs. En ce qui concerne l’infodecison (l’information stratégique dont les décideurs et organisations ont besoin pour agir), il est clair que c’est un service rendu qu’il faut monnayer. Pour ce type d’activités les sites web deviennent des prestataires de services et fournissent une véritable matière première (l’infodecison), aux entreprises et particuliers. Cette population de consommateurs d’informations stratégiques doit en supporter les couts par l’abonnement, par le prépayé ou tout autre contrepartie. Le modèle économique fondé sur l’infodecison est une alternative car les services sont payants.
En définitive voila quelques pistes de réflexion qui peuvent permettre aux acteurs de la presse en ligne de supporter leurs charges de fonctionnement dans ce secteur qui ne bénéficie pas encore de l’aide à la presse. En attendant le développement de ces nouveaux modèles économiques pour supporter les couts de l’acquisition du traitement et de la diffusion de l’information, la presse en ligne continue à proliférer au détriment de la presse traditionnelle.