La SONATEL fait mieux que résister à l’arrivée de EXPRESSO, TIGO commence à céder
L’agence de régulation des télécommunications et des Postes du Sénégal (ARTP) vient de publier les statistiques du troisième trimestre 2009. Celles-ci montrent un nombre de clients fixes qui croit grâce à la mobilité restreinte de SONATEL (YAKHANAL) et de EXPRESSO (Yobaléma). Sur ce segment EXPRESSO se porte plutôt mieux car ayant recruté un peu plus de 10.000 clients Yobaléma durant le trimestre, au moment où SONATEL n’a pu en avoir qu’un peu plus de 6000 d’après une source ARTP. A y voir de plus prés, il semblerait même que, comme le souligne les commerciaux de EXPRESSO, l’offre Yobaléma a eu un effet d’entraînement sur l’offre Yakhanal (SONATEL) mal connu du public sénégalais. Sur ce marché du fixe, nous pouvons noter la belle entrée en scène de EXPRESSO avec son offre Yobaléma qui, il faut le souligner, est beaucoup plus attractif que sa jumelle de SONATEL. Yobaléma offre une mobilité nationale sur l’ensemble du territoire alors que les terminaux Yakhanal sont lockés sur une zone bien déterminée.
Concernant le marché de la téléphonie mobile, nous assistons vraisemblablement à une réaction et une évolution inhabituelles. Depuis l’entrée sur la marché de EXPRESSO, il est connu que ce nouvel entrant a toutes les peines du monde à recruter des clients mobiles et ce troisième trimestre de l’année 2009 confirme cette tendance. A la fin du mois de septembre 2009, EXPRESSO n’avait pas encore atteint 200.000 clients, ce qui est d’ores et déjà un échec pour cet opérateur qui avait comme objectif d’atteindre un million de clients en un an. La raison de ces difficultés de EXPRESSO sur le marché de la téléphonie mobile réside dans sa technologie qu’est le CDMA. Cette barrière technologique fait que je ne peux être clients EXPRESSO sans un téléphone mobile compatible CDMA, ce qui augmente de manière sensible le ticket d’entrée. En demeurant sur cette technologie, EXPRESSO aura beaucoup de mal à atteindre la taille critique qui lui permettra de survivre sur ce marché. Espérons qu’ils finiront par se lancer sur le GSM comme le leur permet la licence globale acquise en 2007.
Autre fait marquant de ce troisième trimestre, TIGO ne semble pas bien aller car pour la première fois depuis son lancement, cet opérateur mobile vient de voir son parc diminuer entre deux trimestres. TIGO a en effet perdu plus de 216.000 clients alors que sur le terrain ses offres d’abondances restent plus que jamais présentes. Que faut il comprendre par ce subite déclin? Une baisse des efforts d’investissements qui augureraient d’une fin proche (vente de la licence) ? Un effet tardif de l’entrée d’EXPRESSO sur le marché?
Orange (SONATEL) quant à elle se porte plutôt bien, son parc continue à croître et elle se paye même le luxe d’avoir le plus grand nombre de nouveau client durant ce troisième trimestre. Et ceci sans se lancer dans la frénésie des offres « illimités » dont sont adeptes TIGO et EXPRESSO.
Le marché Internet quant à lui a plutôt tendance à stagner, le parc d’abonné ADSL a une croissance de plus en plus faible au moment où SONATEL ne lésine pas sur les promotions, les facilités de paiements (trimestriel avec 50% de réduction), … Les raisons de ce tarissement des abonnements ADSL sont à chercher dans la tarification actuelle qui reste chère même si nous avons un des tarifs les plus bas de la sous région. Force est aussi de reconnaître que mis à part le tarif de l’accès et de l’abonnement mensuel, il y a d’autres facteurs qui entrent en jeu avant la décision de s’abonner à Internet.
L’observatoire de l’ARTP concernant les accès Internet aurait été plus complet si il mesurait également le nouveau mode d’accès à Internet qu’est l’Internet Mobile offert par les trois opérateurs mobiles sur diverses technologies et à diverses conditions.
La leçon majeure que je peux tirer des dernières statistiques du marché des télécoms sénégalais, est que l’entrée de EXPRESSO Sénégal n’a pas eu comme effet l’accroissement de la concurrence dans les services de télécommunications. Au contraire, l’opérateur historique qu’est SONATEL est entrain d’accroître sa part de marché mobile. Cette situation est anormale. Il revient au régulateur de voir quels leviers activer pour accroître la concurrence au profit du consommateur sénégalais. D’aucun peuvent aussi penser que l’Etat du Sénégal n’aurait pas fait le bon choix en optant pour le plus offrant des quatre soumissionnaires à la licence globale…En résumé, nous assistons là à une quasi faillite de la régulation du secteur des télécommmunications au Sénégal.
Le modou-modou des télécoms