Tour d’Afrique 2009 des télécoms : les faits majeurs (1/3)
Nous débuterons cette rétrospective par la partie la plus australe du continent africain pour parler de l’échec confirmé en 2009 du projet de fusion entre le géant Indien Bharti et le sud-africain MTN. Après moult rumeurs, négociations, et reports de deadlines, la volonté des dirigeants sud-africains de garder une certaine « nationalité sud-africaine » de leur champion nationale a semble t’il finalement eu raison de l’ambition qu’avaient les deux groupes de mettre sur pied le nouveau géant des télécoms dans les pays émergeants. Comme lot de consolation, MTN a pu par contre en fin 2009 finaliser son projet de marier sa filiale Carriers, chargée du trafic international, avec le belgo suisse Belgacom ICS. Désormais BICS (Belgacom International Carrier Services) intégrera progressivement MTN ICS et sera en quelques sorte le fournisseur de services officiel de l’ensemble des filiales de MTN en services de télécommunications internationales.
L’actualité nord africaine des télécoms en 2009 a été sans conteste marquée par les difficultés que vit de plus en plus Orascom Télécom Algérie (OTA), difficultés qui se sont accrues suite aux incidents survenus entre l’Algérie et l’Egypte lors des matchs de qualification pour la coupe du monde 2010. Récemment, après s’être acquitté de 20% du montant du redressement dont elle a fait l’objet, la filiale algérienne du groupe de Naguib Sawiris a contesté le reliquat en réaffirmant le caractère infondé et aléatoire de ce redressement fiscal. Jusque là leader incontesté du marché algérien de la téléphonie mobile, le détenteur de la marque Djezzy pourrait être fragiliser par le coup de frein constaté dans les investissements et surtout le sentiment « anti-Egypte » généré par les rapports tendus entre l’Egypte et l’Algérie. Devant cette situation qui laisse peu de visibilité quand au futur de OTA, de plus en plus de rumeurs circulent sur d’éventuels repreneurs nationaux comme internationaux parmi lesquels le français Vivendi et le groupe algérien Cevital.
2009 a aussi vu l’enlisement du conflit entre l’opérateur historique Algérie Télécom et le fournisseur d’accès Internet (FAI) EEPAD. Ce dernier s’est finalement vu couper l’accès à la bande passante vers Internet suite à ses impayés dus à Algérie Telecom. Ce qui lui a fait perdre presque l’ensemble de ses clients Internet au profit bien entendu d’Algérie Telekom et aussi sa place de leader sur le marché de la fourniture d’accès à Internet en Algérie.
La procédure d’appel d’offre visant à attribuer la deuxième licence globale en Tunisie s’est soldée en juin 2009 par l’adjudication faite au consortium Orange/Divona constitué du groupe français France Telekom et de Divona, un acteur local. Ce nouvel opérateur fixe et mobile 2G/3G devrait lancer ses services en janvier 2010 comme annoncer il y a quelques jours par l’équipe à pied d’œuvre depuis plusieurs mois.
Au Maroc, 2009 a vu le passage du plan national de numérotation à dix chiffres, mais aussi et surtout l’attribution d’une licence 2G à l’opérateur Wana qui avait jusque là une licence Fixe et une licence 3G acquise en 2007. Le marché marocain de la téléphonie mobile 2G est toujours dominé par Maroc Télécom qui s’est vu surprendre par Wana qui est le leader incontesté de la 3G et aussi de la mobilité restreinte. Fait majeur aussi à noter, l’entrée du groupe Zain dans le capital de Wana à autour de 31%, Zain qui pourrait très certainement mettre son capital expérience dans la téléphonie mobile au service de Wana qui en est à ses premiers pas.
En Egypte, l’actualité télécoms a été en majeure partie accaparée par le conflit entre les deux actionnaires majoritaires de Mobinil en l’occurrence France Télécom et Orascom Télécom pour le contrôle du premier opérateur de téléphonie mobile en Egypte par le nombre d’abonnés. Suite à une décision arbitrale lui ordonnant de céder ses parts du holding à France Telecom, Orascom avait contesté cette décision, confortée dans cette position par le rejet par l’autorité des marchés financiers égyptiens qui avait jugé insuffisante l’offre par action faite par le français pour s’emparer des parts d’Orascom. Fin décembre 2009, l’autorité des marchés accepte finalement une nouvelle offre de France Telecom pour le rachat des actifs. Bien sûr, Orascom Telecom conteste cette décision et étudie les suites judiciaires à apporter à cet avis qui lui ait défavorable. Affaire à suivre en ce début d’année…
Faut croire que 2009 ne fut vraiment pas l’année de Naguib Sawiris car entre les soucis de sa filiale en Algérie, son inévitable prochaine sortie de Mobinil et la réticence qu’ont les opérateurs français à le voir débarquer sur le marché français des télécommunications, il y a eu de quoi qualifier cette année 2009 de morose pour ce grand groupe très ambitieux.
Le modou-modou des télécoms