L’Internet mobile au cœur de sa stratégie
La téléphonie fixe est de moins en moins rentable pour AT&T. Les revenus générés par cette activité ont baissé de 7,1% au troisième trimestre de 2009, par rapport à la même période de 2008. Mais l’opérateur peut-il s’en passer ? Les analystes n’en sont pas si sûrs. Selon Steven Hartley, analyste chez Ovum, AT&T n’a pas encore pris de décision. «L’opérateur étudie toutes ses options.» D’un point de vue marketing, AT&T n’est pas un champion des offres intégrées Internet/mobile/fixe, contrairement à ses concurrents Sprint (numéro deux de la téléphonie mobile) et Helio (un MVNO). Sa stratégie commerciale est résolument orientée vers l’Internet mobile. Il lui serait donc «facile» de se passer de la téléphonie fixe, estime Steven Hartley.
Ce choix pourrait même passer auprès de la FCC, remarque Richard Windsor, analyste chez Nomura Securities. Le régulateur des télécoms a trois priorités : l’accès des services à l’utilisateur final, la transparence des opérations et le contrôle des tarifs des offres (en particulier pour les mobiles). Pour respecter ces trois critères, AT&T devrait alors vendre plutôt qu’abandonner sa branche de téléphonie fixe, précise Steven Hartley. Une option qui permettrait en outre à l’opérateur de ne pas perdre les investissements qu’il a réalisés pour maintenir son réseau filaire.
La meilleure décision à long terme ?
Et AT&T en aurait bien besoin, de cette manne financière. Tole Hart, analyste chez Gartner, estime que le pari du tout Internet est jouable. Distributeur encore exclusif de l’iPhone d’Apple aux Etats-Unis, AT&T a un bel atout dans sa manche. Mais pour que ce pari soit rentable, l’opérateur doit «continuer à investir dans le développement de son offre U-verse», qui réunit des services haut débit, sans fil et de télévision. Tole Hart insiste sur les belles perspectives du volet U-verse TV de cette offre. Il comptait plus de 1,3 million d’abonnés dans 19 états à la mi-2009.
AT&T ne doit pas se laisser aveugler par le fort potentiel de croissance de son activité Internet, avertit Steven Hartley. «Le choix de se séparer de la téléphonie fixe peut paraître le plus judicieux aujourd’hui,mais qu’en sera-t-il dans cinq ans ? Pour rester compétitif sur le long terme, AT&T devrait plutôt se concentrer sur des offres intégrées fixe/mobile», conclut l’analyste d’Ovum. Pour le principal intéressé, ce débat n’a pas lieu d’être. Dans son blog officiel, AT&T regrette la «confusion» qui a suivi la remise de son rapport et rappelle que ce document a été rédigé «à la demande de la FCC». Toutefois, l’opérateur persiste et signe. Il est préférable, selon lui, de «planifier la fin de la téléphonie fixe, au lieu de la laisser simplement s’effondrer».
Pourquoi AT&T a-t-il suspendu la vente de l’iPhone à Noël ?
Selon les rumeurs qui ont circulé sur Internet et dans la presse, AT&T aurait pris la décision d’interrompre la vente de son produit phare, l’iPhone, pendant le week-end de Noël pour soulager son réseau congestionné. Richard Windsor, de Nomura Securities, juge que cette explication est «la plus probable». Selon lui, tous les opérateurs, et pas seulement AT&T, se sont laissés surprendre par la demande de transferts de données, qui a explosé avec le succès des smartphones, clés 3G et netbooks. Il y a encore cinq ans, les Etats-Unis étaient à la traîne dans ce domaine, par rapport à l’Europe, rappelle Steven Hartley, analyste chez Ovum. La croissance de l’Internet mobile a surtout accéléré ces trois dernières années outre-Atlantique. Pour autant, AT&T s’y était préparé, estime Steven Hartley. L’opérateur avait renforcé son réseau 3G au moins dix-huit mois avant le lancement de l’iPhone. L’analyste pense donc qu’AT&T a suspendu la vente du téléphone d’Apple afin de maintenir ses stocks en prévision de la vague d’achats qui suit généralement Noël. L’analyste de Gartner Tole Hart ne croit pas non plus réellement à la théorie de la surchauffe des réseaux. Mais comme Richard Windsor, il juge que face à un tel problème, AT&T n’aurait pas d’autre choix que de brider son offre : soit en limitant le volume de transferts de données, soit en augmentant les tarifs.
[readon1 url=”http://www.lefigaro.fr”]Source : lefigaro.fr[/readon1]