Une équipe de chercheurs de haut niveau, placée sous la responsabilité scientifique du Pr Abdoulaye Sakho a rendu publique hier, mardi 6 avril à Dakar les résultats d’une enquête sur la prédominance des pratiques anticoncurrentielles au Sénégal.
Selon Mbissane Ngom, agrégé des Facultés de droit, enseignant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, à l’Unité de formation et de recherche (Ufr) Science juridique et politique : « Nous avons vu qu’il y a un certain nombre de pratiques actuellement en cours notamment dans le secteur des télécommunications ». Mbissane Ngom avance que « l’étude a montré qu’aujourd’hui, la plupart des Sénégalais détiennent trois numéros de téléphones avec trois puces d’opérateurs différents ».
Ce qui, à son avis, pose le problème de la réalité de l’existence d’un marché des télécommunications.
« Nous avons mis en évidence la nécessité d’avoir une portabilité des numéros de téléphone parce que ce qui est ressorti de notre étude c’est que les individus choisissent trois numéros parce que s’ils veulent changer de numéro, ils changent tout simplement d’opérateur. Ils sont obligés d’abandonner leur numéro. Ils considèrent qu’il était donc plus intéressant pour eux d’avoir trois numéros en maintenant les contacts précédents qu’ils avaient avec eux, l’ancien numéro plutôt que de changer carrément de numéro ». M. Ngom estime qu’ « en mettant en évidence la portabilité des numéros, cela permettrait l’existence d’un marché réel de télécommunication où les opérateurs se feraient concurrence sans pour autant que les individus aient besoin de changer de numéro ».
De l’avis de ces chercheurs, « la permanence et la régularité des soldes et promotion est problématique ». « Nous nous sommes rendus compte que dans beaucoup de secteurs notamment la télécommunication et la distribution, beaucoup d’entreprises ou opérateurs sont continuellement en solde ou en promotion. Ce qui pose un problème, parce que nous avons du mal à comprendre la logique économique, la logique commerciale qui est derrière cette permanence des soldes et promotion », souligne Mbissane Ngom.
Il ajoute que la recherche estime que ces pratiques révèlent tout simplement la possibilité de voir des prix bas. « Si tout au long de l’année, vous êtes en promotion, cela veut dire que durant les 12 mois vous avez la possibilité de pratiquer des tarifs qui ne sont pas réellement ce que vous appliquez ».
Ely Manel Fall du ministère du commerce, pour sa part, estime que : « la récurrence des soldes et promotions n’est pas légale parce que ça trompe le consommateur ».
A l’en croire, « le ministère du commerce ne peut pas réagir face à cette situation parce qu’il n’y a pas de base légale sur laquelle il peut s’appuyer ». A cette problématique des soldes et promotions, une commissaire aux enquêtes économiques, ayant pris part à cette rencontre y ajoute l’attitude Canal Horizon.
A l’en croire, « Canal horizon refuse de donner des chaînes jugées attractives à des distributeurs ». Selon elle, un rapport a même été remis à la Commission nationale de la concurrence (Cnc) dans ce sens.
Bacary Dabo
[readon1 url=”http://www.sudonline.sn”]Source :Sud Quotidien[/readon1]