Selon des sources autorisées, le directeur général de l’Artp, Ndongo Diao, a communiqué à la Sonatel le décret instituant un système de contrôle et de tarification des communications téléphoniques internationales entrant au Sénégal. Non sans signifier à sa direction générale que le décret va entrer en vigueur à partir du 1er Août prochain et que « force restera à la loi ». Sans doute, dans le cas où Sonatel refuserait de se plier. En effet, il faut d’abord que l’opérateur ouvre ses terminaux au prestataire pour lui permettre d’installer ses canaux. Selon des sources bien informées, Sonatel tarderait à s’exécuter et l’Etat n’exclut pas d’user de la force au besoin.
Il y a quelques jours déjà, son directeur général, Cheikh Tidiane Mbaye, a été longuement reçu par le directeur général de l’Artp. Occasion pour passer au crible cette affaire. En vérité, au sommet de l’Etat, on estime que c’est plus un bras de fer avec France Telecom, la maison mère, qu’avec Sonatel, qui se joue. Même si l’Artp n’a jamais eu de contact officiel avec France Telecom, il n’en demeure pas moins qu’officieusement, cette dernière s’était approchée d’elle pour « vérifier les informations annonçant un contrôle et une tarification des communications téléphoniques », qui sera appliquée à partir du 1er Août prochain sous la houlette de Global Voice.
Mystère sur un ajustement
« L’Etat va gagner d’importants montants qui lui permettront de financer le développement, en plus de jeter un coup d’œil sur ces communications », soutient une source autorisée. Non sans ajouter que la marge de l’Etat serait plus importante, si Sonatel n’avait pas procédé à une hausse de ses…communications mobiles ! Dans la plus grande discrétion, Sonatel a notifié à l’Artp, il y a de cela six mois, que ses communications mobiles vont connaître une hausse de 10 à 14 centimes. « Nous n’avons été qu’informé », soutient une source proche de la Direction générale de l’Artp. Joint hier, un cadre de Sonatel affirme : « Ce n’était qu’un ajustement, mais il n’a aucun effet sur les prix des communications ».
Les sources s’étonnent, d’ailleurs, des critiques formulées par Sonatel contre Global Voice Group, le partenaire technique. Alors que certains avaient juré que la passation de ce marché est entachée d’irrégularités, nos interlocuteurs se veulent formels : « Mais comment ? La Direction centrale des marchés publics l’a bel et bien autorisé ».
Quand Sonatel « vendait »…Global Voice
Et pour mieux étayer leurs propos, ces mêmes sources renvoient à une recommandation de Sonatel en faveur de…Global Voice. En effet, dans une missive en date du 15 Janvier 2009 déjà, Aïssatou Dieng Diop, directrice des Opérations et Relations internationales écrivait : « Cher(e) Monsieur, Madame. Cette lettre est faite pour confirmer le fait que Sonatel a signé depuis Décembre 2003 un contrat avec Global Voice Group, une société internationale basée à Miami, en Floride aux Etats Unis d’Amérique.Global Voice Group est spécialisé dans la terminaison et la gestion du trafic téléphonique dans les marchés émergents. Depuis que nous avons eu un contrat d’interconnexion, Global Voice Group a toujours fait montre de professionnalisme dans le travail, ce en conformité avec les termes de notre contrat. Ils ont toujours effectué les paiements entièrement et à temps de manière fiable. La qualité de leur prestation est bonne avec un appui total de leur département technique toujours disposé à aider en cas de besoin. Nous pouvons de manière sûre recommander Global Voice group comme un transporteur solide et digne de confiance et un expert dans le domaine des télécommunications. N’hésitez pas à prendre notre contact pour davantage d’informations. Sincèrement vôtre ».
Mais en dehors de cette affaire de contrôle des communications, le bras de fer s’est aussi prolongé entre l’Etat et France Telecom, depuis l’octroi de la licence 3G à Expresso. En vérité, la demande de Sonatel n’est plus du ressort de l’Artp qui a, depuis, communiqué le dossier au Palais. Sonatel avait mis sur la table 3 milliards de F Cfa. L’Etat réclame, selon des sources autorisées, entre 6 et 10 milliards de F Cfa. Exagéré ? « En France, France Telecom et Sfr ont obtenu une extension 3 G en décaissant 619,2 millions d’euros en plus d’1% de leur chiffre d’affaires. Qu’est-ce qui est exagéré ? », se demande une source proche du dossier.
Cheikh Mbacké Guissé
[readon1 url=”http://www.lasquotidien.com”]Source : L’AS[/readon1]