France Télécom ne veut plus gérer ses cabines téléphoniques
Le sujet est sensible chez France Télécom et il était d’ailleurs à l’ordre du jour du comité central d’entreprise la semaine dernière : les dirigeants de l’opérateur historique veulent confier la maintenance technique des cabines téléphoniques à une société extérieure. La sous-traitance pourrait commencer dès la rentrée prochaine dans certaines régions. Selon nos informations, des discussions seraient engagées avec une société, Sogetrel, qui entretient déjà des relations commerciales avec France Télécom. En clair, les techniciens de cette activité chez France Télécom vont bientôt devoir se reconvertir en interne. Ils sont aujourd’hui 320 à s’occuper des 153.000 cabines qui restent en activité dans l’Hexagone. Ce nombre a bien sûr tendance à baisser, étant donné la démocratisation du téléphone mobile.
Utilisation en baisse
La France comptait 290.000 cabines téléphoniques en 1996. Leur utilisation baisse aussi puisque, entre 2007 et 2008, le chiffre d’affaires qu’elles ont rapporté a chuté de 20 % environ. Pourtant, les Français y restent attachés, notamment dans les campagnes et chez les plus de 60 ans. Selon des estimations du Credoc, 22 % d’entre eux ne possèdent d’ailleurs pas de mobile, plus pour des problèmes de pouvoir d’achat que par position de principe… En ces temps de crise du pouvoir d’achat, les gens redécouvrent aussi les bonnes vieilles cabines téléphoniques pour limiter leur facture de portable.
Politiquement sensible
En tout état de cause, l’externalisation de la sous-traitance des cabines tombe politiquement à un mauvais moment. La semaine dernière, France Télécom a été choisi par le gouvernement à la suite d’un appel d’offres pour fournir le service universel des télécommunications. Il s’agit, pour l’opérateur historique encore détenu à 26,7 % par l’Etat, de fournir un service téléphonique fixe à un coût raisonnable à tous les Français mais aussi de maintenir en état de marche son parc de cabines téléphoniques.
Le service universel prévoit que chaque commune de plus de 1.000 habitants doit en posséder une sur son territoire, et une de plus pour chaque tranche de 1.500 habitants supplémentaires. Environ 45.000 cabines sont subventionnées, les autres devront, elles, être rentables. Autant dire que le dossier est surveillé par les élus locaux qui tiennent à leurs cabines…
Pour France Télécom, il ne sera pas facile d’expliquer que ce service universel va être indirectement pris en charge par une entreprise 100 % privée, que les Français ne connaissent pas et qui n’aura des comptes à rendre qu’à son commanditaire.
Au comité central d’entreprise, tous les syndicats ont d’ailleurs voté contre ce projet d’« externalisation » de la maintenance technique des cabines téléphoniques. Sébastien Crozier, élu CFE-CGC/UNSA au comité central d’entreprise, estime que « la réduction des coûts a des effets pervers pour l’entreprise. Il faut certes s’assurer du prix proposé par le sous-traitant mais aussi et surtout de la qualité de service, qui peut, dans ce cas, poser de gros problèmes étant donné la répartition des cabines sur tout le territoire ».
Le syndicat SUD, lui, s’insurge. Pour lui, « le projet de l’état-major de France Télécom est de diminuer les coûts de fonctionnement en centralisant un peu plus la direction de l’activité et en augmentant la part réservée à la sous-traitance dans la maintenance ». Les représentants du personnel sont nerveux à ce sujet. En 2008, la maintenance des petits centraux téléphoniques a déjà été sous-traitée. Et la question est récurrente en ce qui concerne les centres d’appel. En tout, les syndicats estiment que les sous-traitants de France Télécom emploient aujourd’hui 26.000 salariés à temps plein.
[readon1 url=”http://www.lesechos.fr”]Source : lesechos.fr[/readon1]