Le Sommet mondial sur la société de l’information de 2003 à 2005 a étalé ses divergences sur comment l’Internet doit être gouverné, qui dirige Internet, qui définit les règles, les lois et les contraintes. Que de questions floues et qui ne sont jusqu’à présent pas tranchées, a rappelé hier à Dakar le président d’Internet Society (Isoc/Sénégal), Alex Corhentin. C’était lors de l’ouverture du forum sous-régional ouest africain sur la gouvernance de l’Internet (Igf) qui doit baisser ses rideaux trois jours plus tard. Il sera beaucoup question, au cours de cette session qui réunit des participants des quinze pays de la Cedeao en plus de la Mauritanie, du Cameroun et du Tchad, de faciliter l’échange d’idées et d’expériences. Les spécialistes aideront, aussi, à développer une plate-forme commune sur les thématiques qui intéressent le développement de l’Afrique, en vue de parler d’une seule voix, lors de la prochaine conférence mondiale de l’Igf du 14 au 19 septembre prochain à Vilnius, en Lituanie. D’ailleurs, ils estiment que ce rendez-vous sera l’occasion de prouver aux pays développés que ‘les Africains ne sont pas simplement dans l’attente, qu’ils ne sont pas simplement des consommateurs d’une technologie, mais aussi des acteurs de celle-ci’.
Le thème de cette rencontre est axé sur ‘la promotion du modèle multi-acteurs pour le développement de l’Internet en Afrique’. D’où l’invite du président de Isoc/Sénégal Alex Corhentin à l’endroit de ses pairs africains : ‘Il faut être prêt pour Vilnius en septembre et que nos élites puissent apporter au moins une fois non pas une Afrique divisée, mais une Afrique unie qui exprime ses vœux aux yeux du monde. Il faut qu’on ait une même vision. On travaille dans un même espace économique qu’est la Cedeao où il y a une intégration économique. Il faudrait que les règles soient aussi intégrées’, a-t-il fait appel hier en présence des autorités de l’Artp et de Sonatel.
Pour le ministre des Technologies de l’information et de la communication, Fatou Ndiaye Blondin Diop, le débat sur la gouvernance de l’Internet en Afrique est d’autant plus pertinent qu’Internet n’est pas une fin en soi. ‘Ce n’est qu’un outil qui touche maintenant tous les aspects de notre vie : le travail, les communications avec les proches et les partenaires commerciaux, l’accès à la santé, le commerce et l’éducation. Et nous allons être de plus en plus dépendants de son utilisation à l’avenir. Pour cette raison, il est impératif que nous assurions la participation pleine et effective de tous, aux discussions sur sa gouvernance’, tranche le ministre des Tic.
Pour diverses raisons, le gouvernement du Sénégal s’intéresse au processus de l’Igf. D’abord, parce qu’il s’est engagé à mettre en œuvre une dynamique de développement d’une société de l’information de classe mondiale. Le Sénégal est aussi intéressé par la démarche de l’Igf pour avoir lancé des initiatives visant à mettre les Tic en général, et Internet en particulier, au premier plan, pour améliorer la qualité de la vie et accélérer le développement national. Il s’agit de la connexion aux câbles sous marins en fibre optique avec une très large bande passante, du dynamisme du secteur de la téléphonie mobile, qui offre en plus des services classiques, des services 3G, y compris l’accès à Internet.
‘Il ne fait aucun doute qu’Internet joue un rôle important dans le développement africain et dans l’amélioration de la qualité de vie de nos concitoyens. Il y a à peine une décennie, de nombreux pays africains n’étaient pas connectés. Aujourd’hui, l’accessibilité à Internet est devenue une réalité dans les pays africains. L’adoption croissante des services 3G de téléphonie mobile et autres technologies d’accès sans fil a considérablement amélioré le taux d’accès grâce à une plus grande disponibilité des services et une réduction des coûts de connexion un partout en Afrique’, fait constater Fatou Ndiaye Blondin Diop.
La mal utilisation de l’Internet se traduit, selon les experts réunis à Dakar, par les excès et/ou les dérives. ‘On en a vu quelques exemples au Sénégal et malheureusement, ça touche une personne pour une population de dix millions d’individus qui en ont besoin’, déplore Mme Diop. Le ministre des Tic admet à ce niveau que l’Etat souverain doit gérer et mettre en œuvre les bonnes pratiques, sensibiliser la population dans l’usage de cet outil. ‘Ce n’est que lorsqu’on aura trouvé des solutions aux problèmes qu’on pourra mettre des garde-fous contre les excès et dérives dans l’utilisation de l’Internet’, croit savoir Fatou Ndiaye Blondin Diop.
Abdoulaye Sidy
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