Proche de Maroc Telecom en raison de liens historiques, de structures similaires et d’une culture partagée, France Télécom était en 2001 le candidat «naturel» pour entrer au capital du grand opérateur historique marocain, à l’occasion de sa privatisation partielle. Mais alors en quasi-faillite en raison de sa dette record, France Télécom avait dû renoncer. Une bonne aubaine pour Vivendi, qui s’était aussitôt emparé de la pépite marocaine: le groupe détient aujourd’hui 53% de Maroc Telecom, qui est l’une de ses filiales les plus prospères (839 millions d’euros de résultat net 2009 pour un chiffre d’affaires de 2,7 milliards d’euros).
Avec Méditel, France Télécom retrouve donc une place au Royaume chérifien. Sorte de SFR marocain, Méditel, né en 1999 pour concurrencer Maroc Telecom, est devenu en quelques années le premier opérateur télécom privé au Maroc. Avec 1000 collaborateurs, il vient de dépasser la barre des 10 millions de clients, soit 37% du marché local, pour un chiffre d’affaires de 465 millions d’euros, avec une marge d’exploitation de 40% (contre 35% pour le groupe France Télécom). Mieux, «Méditel peut encore croître, fortement adossé à la marque Orange», a indiqué Stéphane Richard, la semaine dernière, dans une interview au Figaro. France Télécom entend notamment développer les offres haut de gamme et les données mobiles, dans un marché dominé par les offres prépayées.
Politique de croissance
Cette acquisition entre pleinement dans la stratégie de croissance du groupe sur les marchés émergents, afin de compenser la demande atone et la concurrence féroce en Europe. «Méditel est la première concrétisation de notre nouvelle politique de croissance hors d’Europe et contribue à notre objectif annoncé de doubler notre chiffre d’affaires à horizon de cinq ans dans la zone Afrique et Moyen-Orient», a déclaré Stéphane Richard mardi à Rabat, où il a été reçu par le premier ministre marocain et le ministre de l’Industrie.
«L’idée est une participation, dans un premier temps importante mais minoritaire, avec un calendrier qui nous permette, à terme, et après une introduction en Bourse, de consolider cette opération», a également indiqué Stéphane Richard. France Télécom montera à 45% du capital d’ici à 2011, au moment de l’introduction en Bourse de Méditel, puis à 49% avant 2015.
Comme toujours lors de ses implantations à l’étranger, France Télécom tient à s’appuyer sur des partenaires locaux. Méditel ne déroge pas à la règle, avec ses deux actionnaires implantés dans le tissu industriel local: le groupe CDG, la caisse des dépôts marocaine, et le groupe diversifié FinanceCom. CDG et FinanceCom avaient racheté Méditel à Telefonica et Portugal Telecom en 2009.
[readon1 url=”http://www.lefigaro.fr”]Source :lefigaro.fr[/readon1]