Techniquement, l’opération prend la forme d’un apport par les actionnaires de Weather Investments -le fonds d’investissement de Naguib Sawiris (conseillé par Lazard) et d’autres -de leurs actifs à Vimpelcom. Le russe va donc détenir 51,7% d’Orascom et 100% de Wind, l’opérateur mobile italien. L’achat est payé en cash, à hauteur de 1,8 milliard de dollars et en actions. Les actionnaires de Weather Investments vont détenir 20 % du capital de Vimpelcom à l’issue de la transaction. Seules les filiales grecques, égyptiennes et nord-coréennes, sont exclues de l’opération.
Hors de la grande Russie
Pour Vimpelcom, qui réalisait les trois quarts de son chiffre d’affaires en Russie, c’est l’occasion de se diversifier à grande vitesse et de rentrer dans la cour des grands. Ukraine, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Géorgie, Arménie, Kirghizstan… le groupe peinait à sortir de la Communauté des Etats indépendants malgré des incursions au Vietnam et au Cambodge. En acquérant 51 % du capital d’Orascom Telecom et 100 % de Wind Italie, qui est le deuxième opérateur de la péninsule, il établit sa présence sur trois continents : Europe, Asie, Afrique. Orascom comptait 73 millions de clients en juin (hors Egypte), du Bangladesh à la Tunisie en passant par le Pakistan. Il a également posé des ajlons en Centrafrique, au Rwanda, au Burundi.
«Cette opération confirme que le gros du potentiel télécoms dans les prochaines années sera en Afrique et au Moyen-Orient», commente Mehdi Ben Said, analyste chez Pyramid Research : entre 2010 et 2015, on attend une croissance moyenne annualisée de 7 % du nombre d’abonnés, et de 4 % des revenus. L’été dernier l’indien Bharti a créé un mastodonte en achetant les actifs africains de Zain. Cette montée en puissance de géants des télécoms issus des pays émergents ne sera peut-être pas sans poser problème aux opérateurs occidentaux, tels qu’Orange ou Vodafone, qui veulent se développer sur les marchés en forte croissance. Orange vient ainsi de racheter 40 % du capital de Meditel, le deuxième opérateur mobile marocain. Le groupe veut doubler son chiffre d’affaires africain d’ici à 2015. Il devra compter avec un géant de plus sur son terrain de chasse africain.
A moins qu’Alger ne fasse capoter la fusion Vimpelcom/Orascom. Le gouvernement algérien réclame en effet des arriérés fiscaux à Djezzy, la filiale d’Orascom. Gageons que la visite mercredi à Alger du président russe, accompagné du patron de Vimpelcom, saura aplanir les difficultés.
GUILLAUME DE CALIGNON ET SOLVEIG GODELUCK
[readon1 url=”http://www.lesechos.fr”]Source :lesechos.fr[/readon1]