Le leader de la téléphonie mobile au Gabon, Airtel, a écopé d’une amende de 250 millions de francs CFA. Selon l’Agence de régulation des télécommunications (ARTEL), l’opérateur sabote volontairement l’interconnexion avec son concurrent Libertis. Il ne fait plus aucun doute sur le responsable des perturbations observées depuis plusieurs mois sur le réseau interconnecté, entre l’opérateur national Libertis et l’Indien Airtel. Selon les conclusions de l’enquête indépendante diligentée par l’Agence de régulation des télécommunications (ARTEL), le coupable est Airtel, par ailleurs leader de la téléphonie mobile dans le pays.
«Il résulte des conclusions du rapport de l’enquête technique et de l’analyse effectuée par nos agents et confirmée par un cabinet étranger indépendant, que le blocage des appels nationaux arrivés de Libertis vers Airtel Bharti, est le fait de celle-ci. Notamment en demandant la rupture des séquences de signalisation sans avoir demandé les compléments d’informations nécessaires à l’aboutissement des communications, comme c’est le cas pour les appels efficaces. Et ceci, de manière aléatoire sur le ratio de 8 coupures pour 2 efficaces sur 10 appels», a expliqué le directeur général de l’ARTEL, Serge Essongué Ewampongo.
«Le 15 février dernier, nous avons, dans un courrier, enjoint Airtel Gabon, de normaliser la fluidité du trafic entrant de Libertis vers son réseau. Le 24 février, une décision confirmait cette injonction dans un délai de 24 heures à la date de réception. Passé ce délai, il est appliqué à l’encontre de cette société une astreinte de 100 millions de francs par jour de retard dans les limites de 30 jours. Au terme de cette période, des sanctions administratives seront envisagées», a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, l’opérateur indien s’est défendu en invoquant un «problème technique lié aux circuits». Ce qui n’a pas empêché au gendarme des télécommunications d’infliger à Airtel une amende de 250 millions de francs CFA, conformément aux dispositions de l’article 31 de la loi 005/2001 du 27 juin 2001 pour «violation de la réglementation en vigueur en interrompant de manière unilatérale et délibérée, la fluidité du trafic national vers ses équipements, notamment le trafic arrivé de Libertis».
En 2008, Gabon Télécom avait contracté une dette d’interconnexion de plusieurs milliards de francs CFA vis-à-vis de Zain, racheté en mars 2010 par Airtel. Cette situation avait engendré l’impossibilité d’interconnexion entre ces deux opérateurs, au grand dam de leurs abonnés. Selon toute vraisemblance, le non paiement de cette dette est à l’origine de cette affaire.