Les responsables de l’Office national des télécommunications (ONATEL) ne sont toujours pas à mesure de répondre à la question. « Nos interlocuteurs ne sont même pas au service. On les appelle, ils ne décrochent pas », souligne Jacques Arsène Louari, directeur réseaux de l’ONATEL que nous avons rencontré le 08 avril dernier pour comprendre les difficultés à se connecter sur internet et à effectuer des appels à l’international depuis quelques jours. « Néanmoins le lendemain, ils ont réussi à faire quelque chose », précise-t-il. Mais jusque là, la connexion sur la ligne d’Abidjan reste instable.
Les abonnés ne sont pas pour autant totalement isolés. Les accès à Internet via Cotonou et Dakar et une petite partie par satellite sont permanemment fonctionnels. Assurément, la capacité reste insuffisante par rapport à la demande. La fibre optique d’Abidjan connaissant des problèmes, une partie de la communication internationale du Burkina est également perturbée. Heureusement des solutions de contournement ne manquent pas, notamment en basculant une partie en satellite et une autre sur les câbles sous-marins de Dakar et de Cotonou.
La fibre optique : le support idéal
Aujourd’hui les moyens de transfert de l’information sont la fibre optique, les faisceaux hertziens et le satellite. La fibre optique se particularise par les capacités très grandes qu’elle offre par rapport aux deux autres. En plus, elle a un coût accessible. En faisant le rapport coût-capacité, elle est le support idéal pour transmettre les informations à très grande quantité.
Internet ne réside pas au Burkina. Pour y avoir accès, il faut avoir accès au cœur du système. Cet accès se fait généralement de deux manières : par satellite ou par fibre optique. Les grands supports de transmission au niveau mondial sont supportés par les câbles sous-marins qui sont installés le long des côtes. Le Burkina Faso est un pays enclavé, donc ne pouvant avoir un point d’atterrissage de câble sous-marin. Dans la sous-région, les points d’atterrissage de câble sous-marin sont Cotonou, Accra, Dakar et Abidjan. Les câbles sous-marins, notamment le câble sat3 va le long de la côte de l’Afrique de l’Ouest, de l’Europe jusqu’aux pays asiatiques.
Le Burkina y est connecté à trois points d’atterrissage à savoir Cotonou en passant par le Togo, Dakar en passant par le Mali et Abidjan avec une liaison directe avec Ouagadougou via Bobo-Dioulasso.
Plus 1000km de fibre optique à l’intérieur du Burkina
A cela, s’ajoutent des connexions par satellite, mais les capacités utilisées sont très faibles par rapport aux capacités véhiculées par la fibre optique. Aujourd’hui le Burkina dispose de plus de 1000km de fibre optique à l’intérieur du territoire national. Nous avons la liaison principale Ouaga-Bobo. De Bobo, il y a une déviation vers le Mali et une autre vers la Côte d’Ivoire. Une autre fibre relie Ouagadougou à Tenkodogo et continue vers le Togo. De Tenkodogo, une bretelle va à Fada N’Gourma. A termes, elle devra atteindre le Niger. Sur l’axe Ouaga-Bobo, une bretelle va sur Koudougou.
La fibre optique permet donc de véhiculer le trafic national. Entre Ouaga et Bobo, les voix téléphoniques sont desservies par fibre optique. Il en est de même entre Ouaga- Koupèla-Tenkodogo- Fada qui sont approvisionnés à Ouagadougou par fibre optique. Sans oublier Koudougou ainsi que toutes les localités se trouvant entre ces différentes villes.
L’Internet et les communications internationales sont perturbés depuis une dizaine de jours. Mais les appels nationaux ne sont pas affectés car il y a des circuits de transport, soit par voix hertzienne, soit par fibre optique. Tant que la fibre Ouaga-Bobo n’est pas coupée, il n’y a pas de raison que la communication nationale connaisse un problème.
Pallier la dépendance d’Abidjan
La fibre optique sur Abidjan dont dispose le Burkina date de plusieurs années. Techniquement, c’est plus court de se connecter avec la Côte d’Ivoire (une liaison directe). C’est aussi plus économique car la traversée de chaque frontière engendre des coûts supplémentaires pour le droit de passage. Les évènements dans ce pays ont connu une accélération rapide ces derniers mois. Par trois fois au moins, l’ONATEL a connu des coupures de câble en territoire ivoirien cette année. « Ça pouvait aller jusqu’à 8 heures de temps mais ils prenaient toujours le temps de réparer », précise Jacques A. Louari.
Pour pallier la dépendance vis-à-vis de la Côte d’Ivoire, attache a été prise avec le Sénégal pour augmenter la capacité de la fibre de Dakar. Tout serait pratiquement prêt. « Si le problème ivoirien perdure, on va mettre en service la nouvelle capacité que nous avons sur Dakar », assure Jacques Louari. A partir de Cinkansé (frontière Burkina Togo), une jonction avec le Ghana serait également en étude. Les négociations entre les autorités burkinabè et ghanéennes seraient en cours et même avancées. Ce qui fera à termes quatre points de sortie sur le câble sous-marin pour notre pays. Ce qui permettra de fluidifier la connexion Internet ainsi que les communications internationales.
Pour la connexion avec le Sénégal, il faut traverser le Mali. Pour arriver au Benin, il faut traverser le Togo. Ces deux liaisons sont plus exposées à des pannes que la liaison avec la Côte d’Ivoire. A la proximité s’ajoute des aspects économiques. « Chaque fois que tu traverse un pays, tu paie des droits de passage », souligne le directeur réseau de l’ONATEL. La liaison avec Internet n’est pas complètement coupée. Idem pour les communications téléphoniques à l’international. Seulement, il y a un problème de capacité. « Nous sommes à pied d’œuvre pour augmenter les différentes capacités », rassure le directeur réseau de l’ONATEL.
Moussa Diallo
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