Lap Green Network, une compagnie dit-on contrôlée par la famille de Mouammar Kadhafi et présente en Côte d’ivoire et au Rwanda, a signé en janvier dernier un accord de rachat de la SONITEL et Sahel Com, en s’engageant à investir 31 milliards FCFA avec 51% des parts dans ces sociétés pour une licence de dix ans.
La reprise, qui devait être effective depuis mars dernier, est toujours retardée en raison de la crise qui secoue la Libye, a affirmé une source proche du dossier, précisant que les discussions qui ont connu une « période de latence» devraient reprendre « très bientôt ».
Officiellement, le nouveau gouvernement par la voix de son ministre de la Communication, Salifou Bouché, a affirmé avoir donné des « directives » pour une application effective de l’accord signé en janvier dernier.
Cette annonce suscite aujourd’hui de grandes controverses dans les milieux syndicaux des télécoms où des voix s’élèvent pour dénoncer une « aliénation de la souveraineté nationale » au profit du grand voisin Libyen.
« La SONITEL gère tout ce qui est communication internationale et même officielle, comment peut-on donner cette entreprise aussi sensible à un pays étranger, du reste assez pointé du doigt dans plusieurs crises » s’est indigné, sous anonymat une source syndicale contactée par APA.
Dans sa stratégie de privatisation du secteur, le gouvernement nigérien avait retenu au moyen d’un appel d’offre international, en décembre 2001, le Consortium sino-libyen, ZTE/Laaico, comme partenaire stratégique de la SONITEL.
Par ailleurs, a-t-on renseigné, une ordonnance datée de fin octobre 1999, sur la réglementation des télécommunications, accordait un monopole transitoire à l’opérateur historique qu’est SONITEL.
La société Sahel Com, qui naîtra de cette privatisation, compte aujourd’hui prés de 300.000 abonnés à la téléphonie mobile et est présente dans toutes les régions du pays.
Début 2009, le gouvernement nigérien décidait de reprendre la SONITEL et Sahel Com, le ministre de la Communication de l’époque, Mohamed Ben Omar, affirmant que la privatisation de cette société née des cendres de l’Office des postes et télécommunications (OPT), a été « un échec ».
L’officiel fait allusion aux diverses difficultés qui s’amoncellent autour de l’entreprise, qui cumulait plus de 40 milliards FCFA (plus de 78 millions de dollars).
Niamey a décidé ainsi de restituer 100 pour cent du capital de SONITEL à l’Etat nigérien, assorti d’un nouveau Conseil d’administration, ce qui a été aussitôt fait car le gouvernement avait désigné un nouveau directeur à la SONITEL tout en réorganisant l’organigramme de la société, dont les agents, a-t-on appris, auraient consenti une diminution salariale de l’ordre de 10 % pour faire face à la nouvelle situation.
Dans la foulée, les autorités nigériennes ont réduit à 7 ans et 10 mois, pour
« non respect » du cahier des charges, la durée du contrat les liant à la société sino-libyenne.
Une bataille judiciaire s’engage alors entre Niamey et les compagnies chinoises ZTE et libyenne LAAICO, à propos du retrait de la licence. Le procès qui devait se tenir devant une juridiction internationale a finalement trouvé
« un traitement à l’amiable », selon une source proche du dossier.
Fin 2010, des pourparlers sont relancés entre la junte au pouvoir et des officiels libyens, avec même la visite à Niamey de Al Baghdadi Ali Al Mahmoudi, le premier ministre libyen. A l’occasion, un Fonds commun entre le Niger et la Libye a été crée en août 2010 et doté de 100 millions FCFA.
La reprise de la SONITEL et Sahel Com, a indiqué une source ayant pris part aux discussions, serait financée à travers « le Fonds commun » avancent plusieurs sources officielles.
« Nous rejetons cet accord car le gouvernement redonne la SONITEL et Sahel Com aux mêmes dirigeants qui ont échoué à relancer ces compagnies » affirmait à l’époque, Amoumoune Adam, le secrétaire général du SYNTRASSO, l’un des syndicats des télécommunications au Niger.
[readon1 url=”http://www.souslemanguier.com”]Source :souslemanguier.com[/readon1]