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burkina_faso_telecomIl y a vingt ans, seuls quelques privilégiés osaient appeler à certaines émissions de radio sur le fixe. Avec l’arrivée du téléphone portable, les auditeurs de n’importe de toutes les couches peuvent réagir dans les émissions interactives.

Les radios africaines ont trouvé un nouveau souffle avec l’apparition des téléphones portables. Si cet outil permet aujourd’hui aux jeunes de sortir du chômage à travers la vente de cet appareil et des cartes de recharges, il a démocratisé la radio grâce aux réactions que peuvent les auditeurs sans trop dépenser dans une émission de radio

Avant, la participation à des émissions interactives était compliquée pour les auditeurs pauvres. Nous prenons l’exemple de la Radio Voix des Lacs (RVL) située dans la province du Bam, au nord du Burkina Faso. Les animateurs pour faciliter l’interactivité donnaient le thème (s’il y en a) de l’émission prochaine afin que ces derniers puissent réagir à temps. Les auditeurs devaient se déplacer à la radio pour remettre leur courrier. Même avec cette manière de faire, une grande partie ne pouvait pas se faire entendre, compte tenu de la distance qui sépare certains villages à la station de radio. A l’époque, ceux dont on entendait la voix ou le nom prononcé à la radio, bénéficiait d’un statut particulier dans la société et forçait le respect. Ceux-ci se sacrifiaient d’ailleurs pour garder ce privilège. Tous les villages ne bénéficiaient pas de lignes téléphoniques. Et le téléphone était un luxe. Son coût élevé ne permettait pas à tout le monde d’appeler. D’ailleurs, pour certaines urgences, il fallait se déplacer dans d’autres villages bénéficiant de lignes téléphoniques pour appeler.
Les animateurs, toujours dans le but d’aider les auditeurs à participer à l’émission se déplaçaient souvent dans les villages pour récupérer leurs courriers moyennant la somme de (200) deux cent francs CFA. A l’occasion, les radios prévoyaient des émissions spéciales « Le concert des auditeurs » qui se déroulaient de façon tournante dans les villages. « Le concert des auditeurs », est une émission qui permet aux auditeurs d’une localité de faire des dédicaces à des amis, des parents, des connaissances, etc., tout en ayant la possibilité de faire un choix musical. Les animateurs profitent de ces tournées pour récupérer tous les courriers des différentes émissions interactives (souvent des suggestions pour l’amélioration du bonn fonctionnement de la radio.

Cette situation a radicalement changé depuis que le téléphone portable a pénétré dans les villages, même les plus reculés. Petit à petit, les auditeurs interviendront à travers ce nouvel appareil. Malgré cela, il s’agissait toujours de quelques privilégiés. Le coût de communication était encore plus élevé que celui du fixe. Les premiers clients se rappellent qu’à l’époque, ils pouvaient se faire retirer leurs puces s’ils faisaient un mois sans recharger leur portable. La Téléphonie Mobile du Burkina (TELMOB) était le seul opérateur de téléphonies mobiles au Burkina. La puce coûtait 5000 francs CFA et il fallait recharger obligatoirement 5000 francs CFA par mois au risque de se voir couper du réseau. Pour récupérer la carte, le client devait même rédiger une demande.

Avec l’installation d’opérateurs privées et la privatisation de TELMOB, le coût de communication a progressivement chuté. Le téléphone cellulaire va se démocratiser, la concurrence aidant, car de nouveaux opérateurs tels que CELTEL, aujourd’hui Airtel, et TELECEL vont apparaitre sur le marché burkinabè. Dès lors, les émissions vont prendre une autre orientation. Les appels dans celles qui sont interactives deviennent plus fréquents. Les courriers des auditeurs prennent une importance mineure dans les émissions, les appels ne donnant plus le temps aux animateurs de les lire tous.

Ensuite, les émissions interactives ne se feront plus (forcement) de façon hebdomadaire mais quotidiennement. Dans un pays où la majorité de la population est pauvre, les animateurs inviteront les auditeurs à participer aux émissions via les SMS. L’audience va encore augmenter, démocratisant ainsi la radio. Tout le monde peut à présent participer aux émissions. Assad Belemlilga, animateur dans une radio affirme recevoir plus d’une centaine de SMS pendant son émission : « Avant même que je sois à l’antenne, j’ai au moins une quarantaine de SMS. Ce qui fait que je ne peux plus lire tous les messages que j’ai sur le portable. J’ai été obligé de diviser mon émission en deux parties. La première est consacrée aux messages et la seconde aux appels. D’ailleurs, après mon émission, j’ai une centaine de messages non lus ». Il reconnait que son émission connait un dynamisme particulier grâce à ces réactions.

Au vu de tout cela, on peut oser dire que le téléphone portable à démocratiser la radio. Les auditeurs se sont attribué les émissions à travers ce nouveau canal. Presque toutes les émissions essaient de se rendre interactives. La révolution est également valable pour la télévision. Cependant, l’usage des SMS n’a vraiment pas atteint l’ampleur que connaissent les radios. Certaines chaines avaient expérimenté les dédicaces par SMS. Il s’agit d’une bande au bas de l’écran où défilent des dédicaces des téléspectateurs. Mais les fautes d’orthographes et les écritures abrégées ont emmené l’instance de régulation des médias, le Conseil Supérieur de la Communication (CSC), du Burkina Faso à interpeller les différentes télés à ce sujet. Ce qui a un peu brisé l’élan de l’usage des messages téléphonique à la télé.

Avec le téléphone portable, la radio est devenue véritablement un outil de proximité. Plus de distinction à l’antenne. Pauvres ou riches, on peut réagir à la radio sans qu’on ne connaisse son statut social.
Si avec le développement des réseaux sociaux, certains ont essayé d’utiliser facebook avec le même objectif, le manque d’électricité, la faiblesse de la connectivité d’internet ne facilite pas encore l’utilisation de cette plateforme par les radios. Mais, d’ici quelques années, les réseaux sociaux risquent de prendre la même ampleur que le téléphone portable.

[readon1 url=”http://www.lemessagerdafrique.mondoblog.org”]Source :lemessagerdafrique.mondoblog.org [/readon1]

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