Cette tendance baissière, rapportée au revenu moyen par minute (Average revenue per minute: ARPM), ramène le prix de la communication moyenne hors taxes de 1,29 DH, au premier semestre 2010 à 0,78 DH à fin juin dernier. C’est un décrochage de 40%. L’ARPM s’obtient en divisant le chiffre d’affaires hors taxes des communications, voix sortantes par le trafic sortant en minutes.
Par ailleurs, «l’usage a augmenté», comme le note l’ANRT. Par client mobile et par mois, cet usage s’est fortement apprécié, passant de 38 à 55 minutes de communication; soit une croissance de 46%.
Il n’empêche, vu sous l’angle des prix, la réglementation des télécoms porte encore principalement sur le «versant de l’offre» de ce marché. Cette orientation était appropriée, s’accordent à dire les observateurs, d’autant plus qu’il fallait mettre en place des fournisseurs substitutifs apportant une concurrence effective sur l’ancien marché monopolistique des télécommunications, animé alors par Maroc Telecom.
Avec le développement de la concurrence et l’élargissement du choix de fournisseurs de services pour les utilisateurs, «le régulateur devrait porter une attention accrue au versant de la demande», souligne Mehdi Hani, spécialiste des marchés des télécommunications. Voilà qui (re)pose la sempiternelle question pour la facilitation du processus de la portabilité des numéros, destinée à aider les consommateurs à changer de fournisseur. En clair, l’ANRT devrait veiller à ce que cette portabilité s’effectue dans le délai le plus bref possible pour renforcer la concurrence, protéger et autonomiser le consommateur. Pour le moment, c’est cette course aux gains qui semble retenir l’attention du régulateur. A cet effet, «la mission de l’ANRT est d’exiger la loyauté de la facturation et empêcher les pratiques et comportements commerciaux nuisibles pour le consommateur, en interdisant par exemple les pratiques de vente abusives ou la publicité trompeuse», insiste Mehdi Hani. Un risque potentiel, au regard de l’offensive marketing des opérateurs : Maroc Telecom fait du porte-à-porte pour recruter de nouveaux abonnés (Internet surtout), Meditel et Inwi font le forcing au bas des escalators des points d’arrivée de l’aéroport Mohammed V de Casablanca, distribuant gracieusement des puces téléphoniques. Au terme du premier trimestre déjà, le parc des abonnés mobile enregistrait une hausse de 4,79% avec une très bonne performance du postpayé de 7,19%, contre 4,69% pour le prépayé. La répartition post payé/prépayé fait ressortir une importante évolution, durant ces derniers mois, du parc postpayé lui permettant d’atteindre 1,42 million d’abonnés, soit 100.000 nouveaux clients par trimestre depuis fin 2010. Le mode prépayé, reste prédominant, et a comptabilisé au cours de ce semestre, 1,5 millions de nouveaux abonnés. «Ces performances s’accompagnent d’une évolution exceptionnelle du trafic sortant mobile, qui s’est accru de 22,83% durant le second trimestre de 2011 par rapport au premier trimestre de la même année». A fin juin 2011, le parc du mobile a totalisé près de 35 millions d’abonnés contre 33,4 millions à fin mars 2011.
De la convergence télécommunications et informatique, on voit apparaître une technologie issue du monde de l’informatique, le Wifi, qui trouve des applications sur toute la gamme des réseaux sans fil et mobile. Pour les observateurs, le secteur des télécoms vit des transformations sans précédent dans son histoire, se traduisant par une connexion avec les secteurs de l’informatique et des Médias avec un mode de transport fondé sur les réseaux Internet. Dans cette toile, c’est le marché grand public qui a donné le ton en matière de technologie et celui professionnel s’est contenté de suivre à distance. Les premiers bouleversements sont apparus dans la téléphonie fixe avec l’offre illimitée, initié par Maroc Telecom: le modèle économique fondé sur la durée et la localisation géographique n’a pas pu résister. La suite de l’histoire se dénomme le Wifi, une technologie venue du monde de l’informatique qui a fortement investi le marché de la téléphonie mobile en mode nomade. La tendance est donnée (voir infographie 1).
Concernant l’Internet, la baisse de la facture moyenne mensuelle par client a été de 35% entre le 30 juin 2010 et le 30 juin 2011, passant ainsi de 108 DH à 70 DH hors taxes. Ce calcul est obtenu en divisant le chiffre d’affaires hors taxe du segment par le nombre d’abonnés et par la période concernée en nombre de mois. Cette baisse est encore plus accentuée dans le sous segment 3G. La facture moyenne est passée de 84 DH hors taxes au premier semestre 2010 à 51 DH à la fin de ce semestre. C’est une dépréciation de 40%. Pendant ce temps, la facture moyenne mensuelle de l’ADSL, un quasi monopole de Maroc Telecom (99,83% de parts de marché), a reculé de 11%, passant de 143 DH à 127 DH. Avec une part de 22,47%, l’ADSL continue de progresser pour le 3e trimestre consécutif, avec une hausse de 2,24%. Pourtant à la fin du second trimestre de 2010, ce taux ne dépassait pas 0,28%. Le régulateur explique cette performance par la qualité des débits de l’Internet ADSL qui, selon lui, s’est améliorée au terme de ce trimestre. «Les abonnés à l’ADSL ayant au moins un débit de 2 Mbits/s représentent 96,46% de ce parc à fin juin 2011 alors ils n’étaient que 56,51% à fin mars dernier».
De manière générale, le segment de l’Internet profite de la dynamique que connait le parc 3G. Il affiche un taux de croissance trimestriel de 7,95%. Le nombre d’abonnés utilisant cette technologie représente plus de 77% du parc global qui s’établit à 1,81 million. C’est une progression de près de 10% durant ce second trimestre. Faut-il y voir l’impact de la décision de l’ANRT, fixant les modalités de comptabilisation du parc des abonnés 3G, deux trimestres après sa mise en vigueur. Celle-ci distingue deux types de services offerts par cette technologie: data seulement, voix et data. Le parc des abonnés combinant voix et data enregistre un important taux de croissance trimestriel de 31,51% à fin juin dernier.
Fixe: Plus de 3 millions d’abonnés
IL est inamovible, même si incontestablement le fixe apparaît comme un segment aux oubliettes. Le parc global d’abonnés se stabilise et affiche un taux de pénétration de 11,33%, au terme du second trimestre 2011. A fin juin, ils étaient plus de 3,64 millions dont près de 2,38 millions en mobilité restreinte (trouvaille de Wana) à faire encore confiance à ce segment. Néanmoins le trafic sortant du fixe a enregistré une croissance de l’ordre de 4,19% à fin juin dernier. En même temps, le prix des communications mesuré par le revenu moyen par minute est en baisse de 14%. Il est passé de 0,81% DH hors taxe/minute au 1er semestre 2010 à 0,69 DH au 1er semestre 2011. Il en est de même pour l’usage moyen par mois et par client. De 141 minutes, ce temps d’usage est retombé à 131 minutes, régressant ainsi de 7%. Le parc fixe se stabilise au terme du 2e trimestre de 2011, à 3,64 millions d’abonnés dont 2,38 millions en mobilité restreinte.
Bachir THIAM
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