Selon le cahier des charges, un opérateur candidat à la 3G doit assainir sa situation avec la Banque d’Algérie, le fisc, la sécurité sociale et l’ARPT. Djezzy a en effet payé la totalité de son redressement fiscal (près d’un milliard de dollars) mais la situation avec la Banque d’Algérie reste bloquée. L’opérateur reste interdit de toute transaction bancaire avec l’étranger, une mesure qui dure depuis 18 mois. Djezzy n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Mais selon une source proche du dossier, les contacts entre la Banque d’Algérie et l’opérateur mobile sont presque rompus. Les nombreuses demandes d’audience formulées par Djezzy auprès de l’institution bancaire pour tenter de résoudre sa situation n’ont obtenu aucune suite favorable.
Réduire la valorisation de Djezzy
L’exclusion annoncée de Djezzy de la 3G aura des conséquences très lourdes pour l’opérateur mobile. Il perdrait une bonne partie de ses clients à hauts revenus qui vont préférer se diriger vers un opérateur offrant des services 3G, avec une bonne qualité de réseau et un accès internet haut débit. Cette nouvelle situation aura pour conséquence de réduire sensiblement la valorisation financière de Djezzy.
Comme nous l’écrivions le 15 septembre (lire), le gouvernement algérien a demandé au cabinet Sherman & Sterling de temporiser avant de remettre le rapport final de la mission d’évaluation qui lui a été confiée. La rapidité avec laquelle le processus d’attribution des licences 3G est prévu renforce l’hypothèse d’une volonté du gouvernement d’aller vite dans ce dossier. En Algérie, un processus d’appel d’offres qui se fait dans les délais et qui aboutit au bout d’un mois est en effet un cas exceptionnel. Il montre que le gouvernement a des objectifs autres que celui d’offrir la 3G aux Algériens.
Le cabinet devrait en effet intégrer la nouvelle donne – l’exclusion de Djezzy de la 3G – dans sa valorisation de l’opérateur. « Sans la 3G, la valorisation de Djezzy va baisser d’au moins 2 à 3 milliards de dollars », estime un expert en télécommunications interrogé par TSA. On retrouvera alors un niveau de valorisation plus proche de celui souhaité par le gouvernement algérien au début de la crise. Le gouvernement semble avoir été conseillé en vue d’opter pour cette stratégie et de la mettre en place rapidement.
15 millions de clients exclus du haut débit mobile
Mais un tel choix du gouvernement, s’il fait gagner à l’Algérie quelques milliards de dollars, va priver la moitié des clients mobile du pays d’un accès à la 3G. Les plus fortunés pourront changer d’opérateur. Mais les deux autres opérateurs – Mobilis et Nedjma – auront‑ils les capacités commerciales et de relations clients pour accueillir un afflux massif de nouveaux clients ? Leurs réseaux vont‑ils résister à une telle montée en charge ? Enfin, de nombreux clients pourraient être contraints de changer le numéro de téléphone qu’ils possèdent depuis plusieurs années.
Par ailleurs, l’exclusion de Djezzy de la 3G va l’affaiblir face à ses concurrents et lui faire perdre ses clients les plus fortunés. Or, l’opérateur est appelé à être racheté par l’État algérien. Dans quelle situation Djezzy sera‑t‑il au moment du rachat ? Et quel est l’intérêt pour l’État de racheter un opérateur qu’il aura affaibli alors qu’il était leader de son marché ?
[readon1 url=”http://www.tsa-algerie.com”]Source :tsa-algerie.com [/readon1]