Auteur d’un mémoire d’étude sur les télécommunications, Allé Diouf, Ingénieur en Téléinformatique, insiste sur l’importance de la régulation dans ce secteur vital. Il prône aussi un partage des infrastructures pour contribuer à la fracture numérique. C’est assez rare pour être souligné qu’un jury commence par des félicitations dans une soutenance de mémoire d’ingénieur. Le profil de l’étudiant y est, cette fois-ci, pour beaucoup de choses. Ingénieur en génie civil, directeur général de société, Allé Diouf qui a soutenu, vendredi dernier, à l’Ecole supérieure multinationale des télécommunications (ESMT) un mémoire sur : « Impact de l’insertion des Tics et des réseaux terrestres de communication ouverts au public dans les ouvrages de génie civil au Sénégal », a obtenu les félicitations du jury.
Toujours en quête permanente de savoir, M. Diouf est encore une fois sorti des sentiers battus en se penchant sur cette problématique d’une brûlante actualité. Comme l’ont souligné les membres du jury constitué par Amadou Thierno Gaye, chef du Département informatique à l’Ecole supérieure polytechnique (ESP), Tidiane Seck consultant et ancien Directeur Général de l’Agence pour le développement de l’informatique de l’Etat (ADIE), Samuel Ouya, enseignant-chercheur au Département informatique de l’Ecole supérieure polytechnique (ESP), Idrissa Traoré, ingénieur en Télécom à la retraite et vacataire à l’ESMT, Zacharia Damoué enseignant à l’ESMT. Dans son étude, Allé Diouf a montré l’importance des infrastructures de génie civil dans les investissements de télécom. «70 et 80 % sont constitués de génie civil et sont beaucoup plus importants et coûteux en zone urbaine », souligne Allé Diouf. L’investissement peut être le creusement de tranchées, des conduites et fourreaux, des pylônes, du coulage de béton, etc, ou des équipements électroniques installés par plusieurs entreprises.
Dans un contexte de concurrence, deux possibilités s’offrent aux nouveaux opérateurs, le partage ou la duplication des infrastructures. Mais Allé Diouf a démontré par une démarche méthodique soutenu par un «Benchmark» en France, au Maroc, au Mali et au Japon que le partage est la solution. « Le partage des infrastructures de télécommunications, tant du point de vue des équipements passifs que des équipements actifs, est un processus ayant pour objet final le développement du secteur des télécommunications en permettant une meilleure répartition dans le temps des investissements, en contribuant à diminuer la charge des opérateurs », argumente-t-il. Tidiane Seck, membre du jury et ancien directeur général de l’Agence pour le développement de l’informatique de l’Etat est d’avis que le partage permettra de baisser les coûts pour l’utilisateur final. « On a montré que lorsque l’Adie a fait son réseau en collaboration avec la Sonatel, dans son projet de connecter son réseau e-gouvernement du building adminitratif au cœur de chaîne à Technopole, le coût de l’investissement a considérablement diminué », a rappelé M. Seck. D’où l’importance de la régulation sur laquelle Allé insiste particulièrement.
A ses yeux, la régulation commence par la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire permettant de faciliter le déploiement des réseaux. « Il est nécessaire de procéder à l’élaboration des règles et des procédures permettant un partage efficace et durable tout en respectant le droit de la propriété, la viabilité économique et la rentabilité technique. Dans ces conditions, seule une régulation forte peut y parvenir », estime M. Diouf. Et d’ajouter : « Au vu de l’étude «Benchmark» il est apparu nécessaire d’auditer les diverses infrastructures de génie civil et de télécommunication aussi bien pour les opérateurs privés bénéficiant de licence que d’autres structures qui en font usage pour des raisons professionnelles telles que Adie et La Senelec». Toutefois, cela ne peut se faire qu’à partir d’une volonté politique affirmée et d’une régulation renforcée, estime M. Diouf. Dans son travail, il a fait une projection sur l’avenir immédiat en se posant les questions pertinentes suivantes : Comment allons-nous travailler demain ? Comment allons-nous échanger entre nous à l’avenir ? Comment nos enfants vont-ils apprendre dans dix ans ? Par internet à la condition de pouvoir disposer de très haut débit par fibre optique. Pour passer à cet internet de nouvelle génération, pour disposer de très haut débit, il faut adopter des supports modernes autorisant ces débits. Il faut quitter les fils de cuivre pour adopter la fibre optique jusqu’à l’abonné. A la fin de la soutenance, le directeur de l’Ecole supérieure multinationale des télécommunications a salué le travail réalisé par Allé Diouf. « Cette étude vient à son heure parce qu’elle permettrait à l’autorité de régulation, à l’ensemble des acteurs du secteur des télécommunications de bénéficier des résultats. Les infrastructures doivent être partagées avec les différents opérateurs au lieu d’avoir un système de duplication qui va coûter plus cher à tout le monde et qui ne va in fine assurer la fourniture de services à l’ensemble de la population », a-t-il déclaré.