Ce n’est un secret pour personne : la fibre optique à la française prend énormément de retard. Outre le ralentissement économique qui pèse sur les investissements des opérateurs, le contexte technologique et réglementaire plombe les déploiements. Différences de chapelles entre les acteurs (GPON pour Orange et SFR, Point à point pour Free), question de la mutualisation, la situation demeure encore bloquée malgré quelques avancements.
Bloquée mais pas pour tous. Numericable se rappelle à notre bon souvenir en soulignant qu’il continue à déployer à grande vitesse. Précisions néanmoins que la câblo-opérateur français n’utilise pas la même technologie que ses concurrents télécoms. Si ces derniers ont opté pour le FTTH (fiber to the home) où la fibre arrive directement chez l’abonné, Numericable a opté pour le FTTB (fibre to the building) où la fibre arrive en bas de l’immeuble, le reste de la liaison se faisant en câble coaxial déjà présent.
FTTB : 21% des accès en Europe
Ainsi, le câblo-opérateur revendique 4,1 millions de foyers raccordés sur 10 millions de prises et 150 000 clients environ. Conséquence, en France, 88% de l’architecture déployée est en FTTB (du seul fait de Numericable qui est en situation de monopole). Mieux, ces prises représentent plus de 21% des accès fibre en Europe ! Le fournisseur avance à grande vitesse car il évite la question sensible du déploiement dans les immeubles où son câble est déjà présent. De leur côté, les opérateurs télécoms continuent à se diviser.
Oui, mais y’a-t-il une différence de service ? Roland Montagne, responsable du pôle haut-débit à l’Idate a justement rédigé une étude pour Numericable sur le FTTB en Europe, une étude qui évidemment montre tous les avantages de cette technologie face à celles défendues par les opérateurs… “Les utilisateurs finaux ne voient pas la différence, la qualité de service est quasi-similaire, le débit est le même et les possibilités en termes de télévision HD sont identiques notamment grâce à la norme DOCSIS 3.0 en cours de déploiement “, nous explique-t-il.
Surtout, l’étude montre que le choix de Numericable n’est pas isolé dans le monde. Ainsi en Asie, où la fibre règne en maître, les opérateurs télécoms se tournent vers ce choix. Au Japon, Jupiter Communications a lancé une offre FTTB à 160 Mb/s pour 45 euros par mois et, désormais, 40% des abonnés le sont en FTTB, souligne l’étude. Même chose à Singapour ou aux Etats-Unis, pays où la câble est il est vrai très présent.
Montée en force ou pragmatisme ? “Les opérateurs télécoms ont compris que le FTTB était plus rapide à déployer car il exploite les réseaux câblés des immeubles, ce qui évite tous les problèmes de droit de passage et d’équipement dans les appartements. Conséquence, les investissements sont beaucoup moins importants au départ. C’est évidemment un argument de poids pour des opérateurs en quête de maîtrise de leurs dépenses”, poursuit Roland Montagne.
Pragmatisme
Si l’on s’en tient à l’Europe, l’étude de l’Idate montre qu’à la fin 2008, 47% des abonnés fibre le sont en FTTB soit 1,7 million de foyers. “Ce choix est donc loin d’être isolé et ne concerne pas que les câblo-opérateurs”, répète l’auteur de l’étude. Le message est bien passé…
Le FTTB permettrait-il alors d’accélérer le mouvement en France ? Difficile à dire car Numericable est en situation de monopole mais le câblo-opérateurs se dit prêt à partager son infrastructure. “Des discussions sont en cours et dans certains cas, nos concurrents exploitent déjà le réseau coaxial présent dans les appartements dans certains immeubles”, révèle Jérôme Yomtov, Secrétaire Général de Numericable.
Pour l’Idate, si le FTTB est un choix légitime, il risque de ne pas être adapté au contexte concurrentiel et réglementaire français. “On a du retard sur tous les plans, autant sur les déploiements horizontaux (sous les rues) que verticaux (dans les immeubles). La balle est dans le camp du régulateur qui doit donner clairement les règles du jeu en matière de technologie FTTH et de mutualisation”, conclut Roland Montagne.
Néanmoins, en France, la fibre ne semble pas passionner les foules. Selon le dernier bilan de l’Arcep, le régulateur des télécom, on comptait fin 2008 plus de 20 000 immeubles fibrés, soit 550.000 foyers éligibles mais seulement 170.000 abonnements dont 130.000 en FTTB. Le FTTH d’Orange, de Free et de SFR ne concerne donc que 40.000 abonnements, trois fois moins que Numericable…
Le point sur la fibre optique dans le monde (fin 2008 *)
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Monde |
29 millions d’abonnés FTTH/B
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Europe de l’Ouest |
1,5 million
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France |
550 000 foyers éligibles, 170 000 abonnements dont 130 000 en FTTB (Numericable) et 40 000 en FTTH (Orange, Free, SFR)
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Asie |
22,7 millions d’abonnés FTTH/B
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Amérique du Nord |
3,9 millions d’abonnés
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(*) 80% des abonnés fibre se trouvent en Asie, l’Europe ne compte que pour 8% du total. Source Idate. |
[readon1 url=”http://www.zdnet.fr”]Source : ZDNet.fr[/readon1]