france_4eme_licence_mobile_orange
france_4eme_licence_mobile_orangeSFR a annoncé ce mercredi la suppression nette de 856 postes. Au DigiWorld Summit, organisé les 14 et 15 novembre à Montpellier, Stéphane Roussel dévoilait les plans de l’opérateur à l’occasion du lancement stratégique de la 4G. Le nouveau PDG de SFR, arrivé cet été à la tête du groupe dans un climat tendu après le départ de Frank Esser et l’intérim de Jean-Bernard Lévy, doit gérer un marché mobile perturbé par l’irruption de Free.

Ce mercredi matin, en comité central d’entreprise, SFR a annoncé un plan de départs volontaires portant sur 1.123 postes et la création de 267 emplois, soit 856 suppressions en net. L’opérateur a précisé qu’il s’agit d’«un projet de réorganisation de l’entreprise en vue de sauvegarder sa compétitivité et d’accélérer sa mutation vers le numérique», selon les termes du communiqué.

Pourquoi lancez-vous une offre 4G à Montpellier, juste après Lyon ?

Stéphane Roussel – Pour le déploiement d’une telle technologie, SFR doit prendre en compte les villes où toutes les conditions sont réunies. Si Montpellier est la deuxième à être servie, avant Paris, c’est parce qu’il y a d’abord eu une volonté politique en ce sens, que j’admets volontiers. Ensuite, il y a des raisons sociologiques : la ville compte beaucoup d’étudiants et d’acteurs économiques avec une forte appétence pour un réseau comme la 4G, qui offre une expérience au moins égale à la puissance de débit du fixe dans les meilleures conditions. L’organisation d’un salon tel que le DigiWorld le prouve. Enfin, Montpellier est une ville de taille suffisante pour lancer la 4G immédiatement.

Quelles nouvelles offres développerez-vous sur ce réseau ?

Je rappelle en premier lieu que la 4G est un choc au niveau de l’expérience client. Ce n’est pas une simple évolution de la 3G, mais un vrai saut technologique. Le gain d’accessibilité aux données, en particulier, est remarquable. De ce fait, SFR pourra proposer tout ce qui peut se faire sur mobile en terme de micropaiement ou de relations entre un client et un fournisseur, avec une qualité de service et d’interaction sensiblement augmentée. Par exemple, vous pourrez, en passant devant l’affiche d’un spectacle, réserver votre place en direct. En résumé, nous avançons sur un ensemble de services, qui inclut aussi le cloud computing. Les entreprises exprimaient depuis un certain temps la volonté d’adresser leurs clients autrement. Ne manquait plus que le chaînon technologique.

Sur le volet B2B, quels métiers ciblez-vous en priorité ?

Tous ceux où s’exprime le besoin d’un accès en direct aux données, sur le terrain, sans être obligé de les segmenter. Tous ceux où il y a un besoin d’une gestion optimisée du temps et des données clients. On peut citer les secteurs d’activité qui sont déjà très demandeurs de services sur la fibre optique, tels que le bâtiment ou l’audiovisuel. Pour un acteur comme Canal +, la 4G est une vraie promesse de continuité optimum sur l’accessibilité et la qualité de l’image. Je pense aussi aux entreprises multilocales comme les compagnies d’assurance, organisées en agences, et devant gérer une force commerciale répartie sur l’ensemble du territoire.

Après Montpellier, comment s’organisera le déploiement de la 4G ailleurs en France ? Combien investissez-vous ?

Nous lancerons la 4G à Marseille, Toulouse, Lille, et Strasbourg au cours du premier semestre 2013. Par ailleurs, l’investissement est, depuis l’origine, une priorité de SFR, qui lui consacre des moyens énormes. Investir sur la 4G n’est donc pas une nouveauté en soi. C’est plutôt la qualité de la technologie qui fait la différence. Globalement, nous investissons 1,6 milliard d’euros par an sur le très haut débit mobile et la fibre optique.

Quel message êtes-vous venu délivrer au DigiWorld ?

Je viens dresser un panorama mondial des télécoms, où la France détient une sorte de record de la désorganisation. L’instabilité de la régulation nourrit un manque de visibilité, très pénalisant pour ceux qui investissent sur les technologies d’avenir. Jusqu’à une date récente, le secteur était porté par une volonté consumériste, où le client est roi. Et nous y sommes arrivés, puisque les opérateurs français ont les tarifs les plus bas du monde… Mais le régulateur doit veiller à ne pas être contreproductif. Faire entrer un acteur supplémentaire sur le marché au moment où l’industrie trouvait un équilibre est une erreur.

Vous faites allusion à l’arrivée de Free en 2011. Son éclosion s’est traduite par la migration de nombreux abonnés, au détriment des trois opérateurs historiques. SFR vient toutefois de regagner 40.000 abonnés. Comment analysez-vous cette séquence ?

Free a profité d’un triple phénomène. D’une part, il faut reconnaître la bonne qualité des campagnes marketing faites autour de leur marque. D’autre part, ils ont signé avec Orange un contrat d’itinérance avantageux, bien qu’un peu curieux, pour utiliser la 3G dans leur offre. Enfin, la dernière génération de smartphones n’est arrivée qu’en septembre 2012. Mais aujourd’hui, les portes se referment. Avec la 4G, Free va arriver à ses limites techniques. Ils ont longtemps prospéré sur le mythe que l’on pouvait proposer les mêmes services au tarifs les plus bas. Sur les grandes offres comme celles que nous développons sur la 4G, ce n’est plus vrai. Les abonnés revenus chez SFR prouvent qu’il y a des clients pour chaque chose, et donc des clients prêts à payer le juste prix pour des services de qualité.

Le gouvernement a mis en place, en novembre, une mission de pilotage du déploiement de la fibre optique en France. Comment jugez-vous cette démarche ?

C’est un plan peu consistant, peu réaliste. D’abord, la seule condition possible de déploiement de la fibre est qu’elle reste rentable sur vingt ans. Ce ne sera pas possible sur les zones d’habitation les moins denses. Ensuite, pour poser de la fibre dans une gare ferroviaire ou dans un bureau de poste, il faut conclure un partenariat avec l’État et les collectivités. C’est d’ailleurs le seul rôle que l’État ait à jouer sur le mobile et la fibre : créer un environnement stable, créer les conditions de ce partenariat. Ce n’est pas le cas. Pas un opérateur privé n’ira s’engager là où il n’y a aucune contrainte pesant sur les nouveaux entrants, là où on les laisse libres de développer des produits à vil prix.

Vous avez pris vos fonctions de PDG en juin 2012 alors qu’une certaine confusion régnait à la tête de SFR depuis plusieurs mois. D’où venait-elle ?

Comme je vous l’indiquais, le marché français est désorganisé. On ne peut pas investir de façon stable quand le régulateur fait entrer un quatrième opérateur dans ces conditions. Par conséquent, à l’heure où le marché s’accélère, il fallait nous donner les moyens d’affirmer notre identité. C’est la raison derrière les changements que vous évoquez. Aujourd’hui, SFR est le seul opérateur à pouvoir accompagner un usager dans tout son parcours numérique. Free n’a qu’une présence sur le web. Orange a du mal à s’organiser au niveau qui est le nôtre sur la 4G.

Comment imaginez-vous la téléphonie mobile dans cinq ans ?

Si le marché français est aussi désorganisé aujourd’hui, alors il ne pourra que s’améliorer ! Au-delà, je crois que l’appétence pour le côté hyper ergonomique des appareils, smartphones et tablettes, et des réseaux 4G ira en s’amplifiant. Il y aura encore beaucoup de création de richesses et d’emplois dans ce secteur. Le seul obstacle, outre le conservatisme de l’État, réside dans la mauvaise organisation régnant également en Europe. Nous comptons plus de 80 opérateurs, alors que les États-Unis en ont seulement deux en capacité aujourd’hui d’installer un réseau comme la 4G. Une bonne organisation, selon moi, reviendrait à avoir le nombre suffisant d’acteurs pour maintenir une saine concurrence, mais pas trop, pour que le risque qu’induit l’investissement ait encore un sens.

Source: latribune.fr

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