Trace TV veut se développer en priorité sur le continent africain. Après la télévision, le groupe va diversifier ses activités autour du mobile et de la radio. Rares sont les groupes de médias français à investir en Afrique. Trace TV, lui, a récemment décidé d’axer tous ses futurs développements sur ce continent. Son PDG Olivier Laouchez s’est installé depuis quelques mois à Johannesburg, en Afrique du Sud, où le groupe vient d’ouvrir un bureau. « Nous réalisons un tiers de notre chiffre d’affaires en Afrique et c’est là que nous avons le plus gros potentiel de croissance », affirme-t-il, même s’il reconnaît que « l’Afrique, c’est beaucoup d’opportunités, mais c’est un marché très difficile ». Corruption, instabilité politique, infrastructures pas toujours au point, contrats signés pas respectés… Pour un groupe européen, les premiers pas ne sont pas simples. Mais les marchés des médias et des télécoms sont, sur ce continent, en forte croissance. Les chaînes de Trace TV y sont distribuées par le tout puissant DSTV, en monopole, qui opère dans les Etats anglophones. CanalSat y est aussi présent, mais dans les Etats francophones. A eux deux, ils se partagent l’Afrique, car le câble y est inexistant, la TNT peu développée et très peu d’opérateurs télécoms y proposent des chaînes TV. La clientèle est là. « Plus de 50 % de nos 6 millions d’abonnés ont souscrit à l’offre à 85 dollars par mois », indique Collins Khumalo, patron de DSTV.
Un télécrochet début mars
Déjà bien présent en télévision, c’est désormais vers la radio et les services mobiles que Trace TV veut aller chercher des relais de croissance sur le continent africain. Côté radio, le groupe va devoir acquérir des stations locales pour grossir. Côté mobile, une première expérience a été menée au Cameroun avec la signature d’un accord de licence de téléphonie mobile avec MTN, l’opérateur de télécommunication numéro un en Afrique. Trace TV voudrait maintenant étendre ces activités en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Nigéria et en Afrique du Sud. Mais les conditions de MTN au Cameroun ne lui convenant plus, Trace pourrait chercher un autre partenaire, s’il ne parvenait pas à les renégocier. Des discussions sont en cours avec le français Orange. Le secteur est prometteur : l’Afrique est en effet le deuxième marché mondial de téléphonie mobile, derrière l’Asie. Le continent compte près de 695 millions d’abonnés mobiles (dont 95 % de prépayés), soit un taux de pénétration de 65 %, qui devrait atteindre 93 % en 2017, selon la société d’études Informa. La majorité des Africains accède d’ailleurs à Internet via leur mobile : les ordinateurs sont trop chers pour une bonne partie de la population et la qualité des réseaux de téléphonie fixe est médiocre.
Jouant de ses deux spécialités, mobile et média, Trace TV s’apprête à lancer début mars un projet qui pourrait faire sensation sur le continent africain : un télécrochet via téléphone portable. De jeunes chanteurs en herbe postuleront en enregistrant une chanson par téléphone, Trace TV diffusera les vidéos des meilleurs, et le gagnant décrochera un contrat avec Universal Music Africa. L’opérateurs MTN, aux plus de 200 millions d’abonnés, a déjà dit banco. Trace TV estime pouvoir engranger entre 2 et 5 millions d’euros si une dizaine d’Etats africains participent au concours. En Inde, un jeu conçu sur un modèle voisin a fait fureur.