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zain_vivendi_afriqueLe groupe français négocie le rachat des activités africaines du koweïtien Zain. Une telle opération, qui pourrait atteindre 10 milliards de dollars, donnerait à Vivendi une présence dans une vingtaine de pays d’Afrique, zone en forte croissance. Mais une telle acquisition apparaît financièrement risquée.

Les champions français du mobile font aussi la course en Afrique. Alors que France Télécom est en pleine bataille pour asseoir son contrôle sur l’opérateur égyptien Mobinil et ses 21 millions d’abonnés (« Les Echos » du 11 juin), son concurrent Vivendi négocie apparemment le rachat des activités africaines du koweïtien Zain, qui compte, lui, plus de 40 millions de clients mobiles sur le continent !

La rumeur de ces discussions entre le français et l’ex-groupe MTC, rebaptisé Zain en 2007, a filtré la semaine dernière dans la presse koweïtienne et nigériane.

Pas de démenti formel

Deux scénarios ont circulé : une fusion entre Vivendi et Zain par échange de titres, qui serait une opération lourde et quelque peu risquée financièrement pour l’acquéreur français ; ou la seule acquisition des actifs de Zain en Afrique par Maroc Telecom, filiale à 53 % de Vivendi, qui apparaît plus crédible aux yeux de la plupart des observateurs. Contacté vendredi par « Les Echos », un porte-parole de Vivendi se bornait à répondre : « Si des dossiers circulent, nous les regarderons mais rien n’est imminent. » Pas de démenti formel donc.

D’ailleurs le dirigeant d’un autre opérateur très présent dans la région jugeait « très crédible l’existence de discussions entre Vivendi et Zain sur l’Afrique » : « Les koweïtiens pèsent lourd en Afrique depuis le rachat de Celtel en 2005 pour 3,4 milliards de dollars, mais leur croissance s’est faite en cassant les prix du mobile au détriment de la marge. Et ils ont des problèmes avec les autorités politiques dans certains pays. »

Sur le papier, Zain dans son ensemble est une cible de choix pour un poids lourd européen des télécoms en quête de relais de croissance dans les pays émergents.

L’ex-MTC, qui est présent dans 23 pays, du golfe Persique jusqu’à l’Afrique des Grands Lacs et Madagascar, compte au total près de 65 millions d’abonnés.

Problème, le groupe koweïtien est aujourd’hui valorisé à 4,8 milliards de dollars locaux à la Bourse de Koweit City… soit 12,3 milliards d’euros !

Géant du mobile

De son côté, Vivendi, dont le cours a chuté de 25 % depuis le 1er janvier – la plus mauvaise performance du CAC 40 -, pèse aujourd’hui 20,6 milliards d’euros. Un rapprochement entre les deux groupes créerait un géant du mobile avec un total de 105 millions d’abonnés, sachant que Vivendi en compte 40 millions (répartis à 50-50 entre SFR et Maroc Télécom).

Mais, pour la plupart des observateurs, la cible est un peu trop grosse pour le français. Financer une acquisition par augmentation de capital est certes possible, mais l’opération sera fortement dilutive. Quant à s’endetter, c’est aussi possible, mais modérément.

A la fin 2008, Vivendi, noté BBB par Standard & Poor’s, supportait une dette nette de 8,3 milliards d’euros. Sans parler des risques politico-diplomatiques : Zain est le première opérateur mobile en Irak et vient de racheter l’opérateur palestinien Paltel…

En revanche, les possessions africaines du groupe koweïtien peuvent constituer une cible de choix dans le cadre d’une opération plus raisonnable pour Vivendi.

L’Afrique, nouvel eldorado

Alors que l’Inde a déjà été conquise par le britannique Vodafone et l’Amérique du Sud par l’espagnol Telefónica, le continent africain fait un peu figure de dernier eldorado du mobile.

Orange est ainsi devenu le premier opérateur en Afrique avec 45 millions d’abonnés dans 15 pays (dont l’Egypte, la Côte d’Ivoire, le Sénégal…), alors que Vivendi en compte 20 millions dans quatre pays (Maroc, Mau- ritanie, Burkina, Gabon) via Maroc Telecom.

D’ailleurs, preuve de l’intérêt porté à l’Afrique, l’indien Barthi est en négociation pour racheter le deuxième opérateur du continent, MTN. Pourtant, là aussi, les risques existent pour Vivendi, qui avait cherché à racheter Tunisie Telecom en 2006. L’addition pourrait encore être un peu trop élevée au regard de la qualité des actifs de Zain. Les activités des koweïtiens en Afrique ont dégagé l’an passé un résultat brut d’exploitation de 1,834 milliard de dollars.

La dette de Zain (5,4 milliards de dollars) est surtout portée par les différentes branches africaines.

Les 16 opérateurs contrôlés par Zain sur le continent pourraient donc valoir environ 10 milliards de dollars, dette comprise. Or, dans certains pays comme Madagascar, la facture mensuelle moyenne est inférieure à 8 dollars.

[readon1 url=”http://www.lesechos.fr”]Source : lesechos.fr[/readon1]

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