Au moment ou les télévisions privées sont toujours interdites en Algérie, l’opérateur historique Algérie Télécom annonce qu’il diffusera le bouquet Canal+ Maghreb et ART sur le territoire algérien via son offre Internet. L’Algérie préfère diffuser des chaînes étrangères que d’ouvrir le champ audiovisuel aux initiatives privées algériennes, comme l’affirme un site spécialisé. Mais là on ne parle pas d’ouverture audiovisuelle mais bien de diffusion de programmes TV via Internet sur le territoire algérien. Algérie Télécom a signé un contrat avec Canal+ Overseas pour la diffusion de son bouquet à travers son offre via Internet. Ledit contrat inclut l’offre d’ART (bouquet satellite arabe), sans oublier les chaînes de télévisions publiques algériennes. Les tarifs de ces services sont fixés entre 4000 et 6000 DA. La formule est déjà utilisée par Eepad, le provider privé algérien, qui a été le premier à diffuser Canal+ sur son offre Assila Box. Mais encore faut-il connaître les chiffres réels de cette opération. Si cette formule est très utilisée en Corée du Sud et au Japon, en Algérie elle risque de bouleverser les projets audiovisuels qui sommeillent en attendant une ouverture qui tarde à venir. En tout cas, la crise financière de 2009-2010 marque «l’entrée dans une décennie de restructuration de l’industrie audiovisuelle», selon une étude sur l’avenir de la télévision effectuée par l’Idate. «Cette restructuration sera marquée dans un premier temps par une baisse globale des ressources du secteur avant que des usages démultipliés permettent une nouvelle croissance»…«la décennie 2010-2020 sera aussi celle du contrôle des coûts par l’industrialisation d’une production audiovisuelle définitivement coupée de son modèle historique: le cinéma». L’industrie européenne est menacée par la migration vers l’Internet, au même titre que la production audiovisuelle étrangère en Algérie, relève l’étude européenne, soulignant l’urgence d’une révision de la stratégie réglementaire dans le domaine de l’audiovisuel. Selon cette étude, les conditions de la migration de l’industrie de l’audiovisuel vers l’Internet sont aujourd’hui réunies: des consommateurs habitués à la consommation d’images sur le Web, des solutions techniques qui donnent accès sur le téléviseur aux contenus Internet, un accès à l’Internet ouvert depuis le téléphone mobile, des contenus premium disponibles sur Internet, une qualité de service qui s’améliore pour la vidéo sur Internet et enfin la conjonction des stratégies de nouveaux acteurs issus de secteurs connexes de l’audiovisuel. Aujourd’hui, YouTube est plus regardée que CNN ou Al Jazeera. D’ailleurs, ces télévisions utilisent leurs propres réseaux Internet afin d’éviter d’être piratées par les internautes qui balancent dés l’enregistrement de l’émission via le logiciel Pinacle sur le Net. Cette migration Internet sera graduelle mais elle aura des impacts fondamentaux sur l’industrie, fait valoir l’Idate. L’audiovisuel avance au moment où chez nous il recule. Il n’ y a point d’ouverture audiovisuelle mais en revanche il y a une entrée graduelle des télévisions étrangères en Algérie.