Depuis lors, Expresso a lancé ses services sans tambours ni trompette avec une campagne de communication très timide, à la limite de l’inexistant. Beaucoup de spécialistes ont interprété ce manque de communication comme une manière pour Expresso d’éprouver son réseau avant un vrai lancement qui interviendrait dans les mois suivants. Ce second départ n’est jamais intervenu même si depuis lors Expresso communique beaucoup plus et diversifie les supports.
L’apparition de ce nouvel entrant est il entrain d’avoir l’effet escompté ? La principale raison de l’attribution de cette licence était de dynamiser le marché des télécommunications sénégalais en améliorant le niveau de concurrence en diversifiant le choix de client final, ce qui doit aboutir naturellement à une baisse sensible des prix de détails au bénéfice des consommateurs que nous sommes. Assistons nous à ces améliorations ? Nous en doutons doute fort.
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Parc Fin Décembre |
Parc Fin Mars 2009 |
Ecart |
Orange |
3 536 672 |
3 928 000 |
391 328 |
Tigo |
1 852 461 |
1 968 601 |
116 140 |
Expresso |
0 |
87 038 |
87 038 |
Source: ARTP
Selon l’observatoire trimestriel de l’agence de régulation des télécommunications et des postes du Sénégal (ARTP), Expresso n’a pu recruté que 87.038 clients durant ses trois premiers mois d’activités. Dans cette même période, Orange a recruté 391 328 abonnées supplémentaires et Tigo 116.140. Ces chiffres nous montrent que Expresso a raté son lancement car au lieu de freiner le recrutement des deux opérateurs en place, il l’a booster. En effet Orange passe d’un recrutement trimestriel entre fin septembre 2008 et fin décembre 2008 de 348 425 à 391 328 au premier trimestre 2009. Sur les mêmes périodes, TIGO passe d’un recrutement trimestriel de 30 748 à 116 140. D’après nos calculs, dans le meilleur des cas, Expresso devrait se retrouver après 6 mois d’activité à au plus 150.000 Clients.
Dans tous les marchés de télécommunications, un nouvel entrant profite des premiers mois d’activités pour engranger le maximum de clients afin d’atteindre rapidement la taille critique qui devrait lui permettre de survivre. Or, nous constatons que Expresso n’est pas du tout sur cette voie. Son business model ne serait pas étranger à la faiblesse de croissance de son parc. Rappelons que Expresso a opté pour la technologie CDMA, jusqu’à présent absente au Sénégal. De plus, elle pratique une « vente liée » en packagant « Téléphone + Carte SIM » à un prix au dessus de ceux d’offres déjà existantes. Toutes ces contraintes ont très certainement un rôle prépondérant dans ce qui peut être désormais qualifié de « faux départ » d’Expresso.
Dans ces conditions, Expresso peut elle toujours dynamiser le marché sénégalais des télécommunications, accroître la concurrence, diversifier les choix qui s’offre au client ? Il y a très certainement un dysfonctionnement sur ce marché, dysfonctionnement qui peut être causé par un abus de position dominante des deux premiers acteurs, mais aussi (et c’est ce qui est le plus probable) par une inefficacité du troisième opérateur qui se serait trompé dans sa stratégie.
Mais rassurons nous, une autorité de régulation existe au Sénégal et elle est censée s’assurer de l’existence d’un environnement favorable à une concurrence saine et loyale dont les bénéfices doivent aller droit vers le consommateur.
[readon1 url=”http://lafriquedestelecoms.blogs.nouvelobs.com”]Source : L’Afrique des télécoms[/readon1]