Il y a près de vingt ans, sous le régime du Président Abdou Diouf, l’Assemblée nationale adoptait la loi n° 96-36 du 31 décembre 1996 portant création et fixant le statut du Technopôle de Dakar. L’objectif était de créer une zone économique aménagée ayant pour vocation d’accueillir des institutions de formation et de recherche ainsi que des entreprises innovantes en vue de promouvoir les synergies nécessaires à la création de richesses et d’emploi. Ce dispositif, dont certains pays s’étaient dotés avec succès, s’inscrivait dans la stratégie de l’ilotage visant à créer une zone de développement accélérée disposant d’équipements technologiques de pointe, notamment en matière de télécommunications, et offrant des avantages fiscaux et administratifs dans un pays incapable de moderniser simultanément l’ensemble de ses infrastructures. Intégrant la formation, la recherche, l’innovation, la valorisation et les services, le Technopole de Dakar devait notamment comprendre un complexe télécommunications et informatique réunissant un centre de télécommunications, l’École supérieure multinationale des télécommunications (ESMT) et le projet « Gateway » consistant en la création d’une zone de télécommunications avancées (ZTA). Ce volet visait plus précisément à créer un centre de télécommunications, tourné vers l’exploitation et l’exportation de services de traitement de l’information dans le cadre des processus d’outsourcing. A l’époque, l’ambition régulièrement affichée, dans les discours officiels, était de faire de Dakar « la capitale des téléservices ». Cependant, faute d’une volonté politique suffisamment affirmée, se traduisant notamment par l’adoption d’une stratégie de mise en œuvre, l’allocation d’un budget conséquent, la définition d’un calendrier d’exécution et la mise en place d’un mécanisme de suivi et d’évaluation, il fallut bien vite déchanter. En dehors de la Sonatel qui installa son Centre national de supervision des réseaux sur le site du Technopole en 2003, le projet restera pendant des années au stade de projet ! En 2004, sous le régime du Président Abdoulaye Wade, l’Assemblée nationale adopta la loi n° 2004-10 du 27 janvier 2004 portant création d’un Cyber village avec l’objectif de positionner le Sénégal sur le marché international des téléservices tout en facilitant l’importation des expertises et des technologies de pointe dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). En fait, cette loi ne fit que supprimer le vocable Technopole pour le remplacer par le concept de Cyber Village qui était plus dans l’air du temps ! Dans cette deuxième phase, la seule avancée notoire fut l’installation du siège de l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE) sur le site du Technopole en juillet 2009, mais en dehors de cela, le Cybervillage en tant que tel restera également dans le registre des projets. Aujourd’hui, le projet de Parc des technologies numériques de Diamniadio inscrit dans le Plan Sénégal émergent (PSE), qui vise globalement les mêmes objectifs que ces devanciers, semble mieux parti pour être matérialisé dans la mesure où il bénéficie d’ores et déjà d’un financement de la Banque africaine de développement (BAD) pour le lancement de sa phase expérimentale. Bénéficiant de la dynamique engendrée par la création du Pôle urbain de Diamniadio, nouvelle ville intégrée qui devrait regrouper, entre autres, des quartiers administratifs, des zones d’habitations mixtes, des zones industrielles, des institutions d’enseignement supérieur et de recherche et des espaces d’affaires, le Parc des technologies numérique de Diamniadio a déjà suscité l’intérêt d’une trentaine d’entreprises, nationales et internationales, évoluant dans le secteur des TIC, à l’image de Solution Informatique Durable (SOLID), Tigo Sénégal, Alcatel-Lucent, JVC ou encore le groupe ATOS. Dans cet espace, elles devraient notamment bénéficier de la proximité de la Cité du Savoir projetée par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) et comportant des laboratoires mutualisés s’insérant dans le cadre la Plateforme d’appui technique à la recherche et l’innovation pour l’Emergence (PATRIE), le siège de l’Université virtuelle du Sénégal (UVS), et un Institut supérieur d’enseignement professionnel (ISEP), dédié aux métiers des TIC, de l’automobile et de l’informatique embarquée, sans parler de l’Université Amadou Mahtar Mbow, à vocation scientifique. Reste à savoir quand le Sénégal se dotera-t-il enfin d’une stratégie nationale en matière de société de l’information afin que ces actions gagnent en cohérence et en efficience.

Alex Corenthin
Secrétaire aux relations internationales
OSIRIS

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