Sénégal – Attribution de la 4G : Le processus bientôt finalisé
Les opérateurs de téléphonie ont jusqu’au 18 janvier 2016 pour déposer leur offre dans le cadre du processus de cession de la licence 4G. Selon le Directeur général de l’Artp, une fois ce processus achevé, la nouvelle technologie va permettre de multiplier par dix les débits.
Le lancement de la 4G sera effectif au Sénégal au début de l’année 2016. Selon le Directeur général de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (Artp), les opérateurs intéressés par une licence 4G ont jusqu’au 18 janvier prochain pour faire leurs offres. Une fois cette étape franchie, l’Artp procédera à l’attribution de la licence 4G. Abdou Karim Sall, qui a procédé samedi à l’ouverture du 2e séminaire de formation et de partage avec le Réseau des journalistes en Technologie de l’information et de la communication (Rejotic) sur les secteurs régulés, indique que l’arrivée de la 4G va contribuer à réduire la fracture numérique. «En multipliant par 10 les débits, en améliorant les temps de réponse et en apportant plus de capacité, le très haut débit mobile va ouvrir de nouveaux usages en mobilité. Chacun pourra télécharger des vidéos ou surfer sur internet, ou bien accéder à la vidéo en haute définition depuis son mobile beaucoup plus vite. Sans parler des développeurs qui vont s’emparer de cette nouvelle technologie pour imaginer de nouvelles applications et faire naître de nouveaux usages, comme le «cloud mobile», le jeu en réseau dans les nuages ou la réalité augmentée», indique le directeur de l’Artp.
Avec 10% de contribution au Produit intérieur brut (Pib), le secteur du numérique est en pleine croissance dans le pays. «Le secteur des télécommunications représente près de 10% du Pib en 2014, il est l’un des secteurs les plus dynamiques du tertiaire et par ricochet, constitue un secteur majeur de l’économie du Sénégal, en forte croissance, s’appuyant en cela sur le développement du marché mobile et des services de capacité», souligne M. Sall. Secteur d’infrastructures, le numérique fait, selon lui, l’objet d’investissements substantiels, «gage de développement technologique, d’innovation, de création d’emplois et de démocratisation des services».
Un million de Sénégalais ont acheté sur le net en 2015
L’ambition de l’Artp est ainsi d’accompagner ce développement dont le dynamisme permettra le développement d’autres secteurs. Pour ce faire, l’Autorité de régulation s’est dotée d’un plan stratégique 2015-2017 comportant de grands chantiers. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet de mise en place d’un système d’adressage national. L’initiative vise, selon M. Sall, à appuyer le développement des nouveaux secteurs comme le commerce électronique. Le secteur postal où transitent 500 milliards de francs Cfa par an compte tirer profit du développement du commerce électronique qui connaît un boom dans le pays. Selon le directeur de l’Artp, durant l’année 2015, plus d’un million de Sénégalais ont acheté à travers internet sur des sites marchands. «C’est dire que ce secteur est en pleine croissance. Et ce qui est attendu d’ici 2020, c’est que ce marché va être très dynamique. C’est pourquoi nous devons anticiper pour capter les flux de ce nouveau marché.» Ainsi, la fusion entre l’internet et le service postal est un chantier dans lequel l’Artp va intervenir à travers un programme d’adressage. «Quand on parle de livraison, on parle d’adresse. C’est la raison pour laquelle nous avons estimé que ce secteur ne peut se développer qu’en dotant le Sénégal d’un système d’adressage cohérent», indique M. Sall. Pour le chef du département postal de l’Artp, M. Adama Diouf, le Sénégal fait face actuellement à une multiplication des systèmes d’adressage. «Chaque opérateur, Sonatel, Société des eaux (Sde), Société nationale d’électricité (Senelec) a son propre système d’adressage sans compter les banquiers, les assureurs. Cela représente un problème de sécurité», informe M. Diouf.
Externalisation : «C’est une question de souveraineté»
Le conflit qui oppose Orange à ses travailleurs, relatif au projet d’externalisation de certaines activités de l’opérateur, va faire l’objet d’un arbitrage de l’Artp. Selon le Directeur général, Abdou Karim Sall, l’Artp a été saisie par les syndicats. «En ce qui nous concerne, nous avons été saisis par les syndicats et nous sommes en train de travailler sur la question avec les ministres compétents», informe M. Sall. Il indique qu’il s’agit de questions «pas faciles» et qui sont «plus liées à la sauvegarde de l’emploi». En effet, dans les textes juridiques, rien ne s’oppose à l’externalisation, indique Kalidou Gaye, directeur des Affaires juridiques de l’Artp. Selon lui, il s’agit plutôt d’une «décision de souveraineté» que les Etats doivent prendre ou anticiper. «Ça nécessite quand même que des acteurs se mettent autour d’une table pour échanger et pour l’intérêt général du secteur et des travailleurs», estime M. Sall, qui a donné ces précisions en marge du séminaire de formation et de partage avec les journalistes du Rejotic sur les secteurs régulés.
Fréquences radio : L’Artp va exiger des filtres
Devant l’indiscipline qui prévaut dans l’exploitation des fréquences radiophoniques, l’Artp n’exclut pas de sévir. Abdou Ndiaye, directeur de la Radiocommunication, indique en effet que «l’Artp va aller vers une mesure pour contraindre les exploitants à installer un filtre à la sortie émetteur et à la sortie console». Selon M. Ndiaye, l’installation de ces filtres est d’un coût élevé, mais l’Artp «est obligée de prendre ces mesures pour restaurer la discipline». L’expert souligne que la bande va aller vers la saturation, d’où l’importance pour les opérateurs de se discipliner. Il faut dire que les problèmes ne manquent pas dans la gestion des fréquences des radios qui en arrivent à se gêner les unes les autres. C’est le cas par exemple pour Radio Sénégal international (Rsi) qui ne peut émettre sur le territoire des Parcelles Assainies du fait des interférences nées de l’émetteur d’une radio religieuse du quartier.
Portabilité : Ce n’est pas encore le rush
Trois mois après sa mise en œuvre, la portabilité n’est pas encore bien comprise par les consommateurs. Selon les conclusions fournies par Mme Mana Aïdara de l’Artp, il y a «une incompréhension des consommateurs». Ainsi, après trois mois, on constate que les chiffres restent très faibles. Ainsi Sonatel n’a reçu que 790 demandes de portabilité contre 1 552 pour Tigo et 841 pour Expresso. La portabilité, qui est une demande des operateurs, «est la possibilité pour un abonné de changer d’opérateur, sans changer de numéro», précise Mme Aïdara. L’objectif étant de renforcer la concurrence dans le secteur, baisser les prix et inciter les opérateurs à fidéliser leurs clients.
Mame Woury Thioubou
Source : Le Quotidien