2015 : Une année riche en évènements pour l’écosystème des TIC au Sénégal
Un bref coup d’œil dans le rétroviseur permet de constater que l’année 2015 a été riche en évènements relatifs à l’écosystème national des TIC. Certes l’annonce faite par le Ministre des Postes et des Télécommunications de la prochaine publication d’un cadre national de référence pour le développement numérique n’a pas été suivie d’effet mais c’est le contraire qui aurait été surprenant dans un pays qui, depuis plus de quinze ans, ne dispose toujours pas de stratégie nationale en matière de Société de l’information et dont la dernière lettre de politique sectorielle a été rendue publique en janvier 2005 avec une validité qui courait jusqu’en 2008 ! Par contre, les opérateurs de téléphonie se sont vus imposer une nouvelle taxe, fixée à 1% de leur chiffre d’affaires, qui vient s’ajouter à la Contribution au développement du service universel des télécommunications et du secteur de l’Energie (CODETE) et à la Redevance sur l’utilisation du réseau des télécommunications (RUTEL). De plus, ils sont désormais soumis à un contrôle plus strict suite à la signature d’un décret créant un dispositif de supervision et de contrôle de l’activité des opérateurs de télécommunication et à l’acquisition, par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), du matériel lui permettant notamment de surveiller le trafic international entrant. En dehors de cela, malgré de nombreuses spéculations, le passage de la télévision analogique au numérique s’est déroulé comme prévu le 16 juin 2015, même si la couverture du territoire est encore faible et la vente des décodeurs TNT problématique retardant ainsi le basculement total vers le numérique et l’utilisation du dividende numérique résultant de la libération des fréquences utilisées par la télévision analogique. Durant cette année, la Commission de protection des données personnelles (CDP) a continué à asseoir son autorité, avertissant les uns et sanctionnant les autres, et la demande d’adhésion du Sénégal à la Convention pour la protection des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel, qui réglemente notamment les flux transfrontaliers des données, a été validée par le Conseil de l’Europe améliorant ainsi sa crédibilité sur le plan international. Annoncée depuis des années, la portabilité des numéros de téléphonie mobile est enfin effective depuis le 1er septembre 2015, renforçant ainsi les conditions de la concurrence entre les opérateurs en libérant les abonnés des contraintes liées au changement de leur numéro. Un grand pas a également été franchi avec la mise en place, sur le plan administratif, d’un point d’échange Internet (IXP), dénommé SENIX, en attendant sa prochaine opérationnalisation sur le plan technique. Grâce à sa création, l’utilisation de la bande passante internationale devrait être rationalisée, le trafic Internet local optimisé et d’importantes sommes en devises économisées. Sur un autre plan, la Banque africaine de développement (BAD) a accepté de financer le Parc des technologies numériques de Diamniadio qui devrait jouer un rôle déterminant dans le développement de l‘économie numérique. D’ores et déjà, de nombreuses entreprises TIC, nationales comme internationales, ont décidé de s’implanter dans cette zone dédiée qui semble partie sur de bien meilleures bases que le défunt projet du Technopole puis du Cybervillage qui n’aura jamais rien donné malgré sa pertinence. Après une expérimentation de la 4G de près de douze mois, entre avril 2014 et mars 2015, les autorités ont finalement procédé au lancement d’un appel d’offres, réservé aux opérateurs présents sur le marché, pour l’attribution de licences et de fréquences 4G dont le résultat devrait être connu dans le courant du mois de janvier 2016. Par contre, la venue d’un quatrième opérateur, évoquée un moment au plus haut sommet de l’Etat, ne semble plus d’actualité et l’on attend toujours la délivrance de licences à des fournisseurs d’accès Internet afin d’accroitre la concurrence sur ce segment sur lequel la Sonatel détient toujours un quasi-monopole. Enfin, cette année aura connu beaucoup de remous sociaux autour des projets d’externalisation d’activités des deux principaux opérateurs de télécommunications que sont Tigo et Sonatel. Bien que le régulateur ait estimé que rien ne s’opposait à ces projets d’un point de vue légal, ils soulèvent nombre de problèmes quant à la pérennité des emplois et au maintien de certains savoir-faire au sein des opérateurs de télécommunications qui se concentrent de plus en plus sur les services à valeur ajoutée. L’année 2015, aura donc été une année fructueuse et il faut espérer que le meilleur est à venir.
Alex Corenthin
Secrétaire aux relations internationales
OSIRIS