Pourquoi Microsoft a cassé sa tire-lire pour LinkedIn
Microsoft débourse 26 milliards de dollars en cash pour LinkedIn , soit la plus grosse acquisition de son histoire.Grâce au réseau social professionnel, il compte enrichir l’offre proposée aux entreprises via sa gamme Office.
Microsoft a créé une immense surprise en annonçant, ce lundi, le rachat de LinkedIn pour la somme de 26 milliards de dollars en cash, soit une prime de 50 % par rapport au cours de clôture de vendredi. Il s’agit du premier achat d’envergure pour Satya Nadella, arrivé à la tête de Microsoft il y a deux ans. Il s’agit aussi de la plus grosse acquisition jamais réalisée par le groupe informatique depuis sa création.
L’opération confirme, au passage, l’incroyable appétit d’acquisitions de Microsoft ces dernières années, l’arrivée de Satya Nadella n’ayant constitué finalement qu’un coup d’arrêt transitoire. Microsoft avait déjà racheté les activités mobiles de Nokia pour 5,4 milliards d’euros en 2013 – une opération qui s’est d’ailleurs révélée désastreuse. Il a également acquis Skype pour 8,5 milliards de dollars en 2011 , et Mojang, le producteur du jeu vidéo Minecraft, pour 2,5 milliards en 2014.
Réinventer la productivité et le travail
Mais l’acquisition de LinkedIn est autrement plus ambitieuse. Elle confirme le nouveau virage pris par Microsoft, qui ressemble de moins en moins à un groupe informatique et de plus en plus à un prestataire de services aux professionnels (stockage de données, logiciels, etc.). En acquérant LinkedIn, le groupe compte ainsi compléter l’offre qu’il propose déjà au sein de sa gamme Office.
« Avec notre croissance autour d’Office 365 […], ce rachat est fondamental si nous avons l’ambition de réinventer la productivité et le travail », explique Satya Nadella dans une note interne envoyée aux salariés du groupe. « Cela va ouvrir la voie à de nouvelles expériences, comme un flux d’actualités LinkedIn qui enverra des articles en lien avec l’objet de votre travail. Office pourra également vous proposer l’aide d’un expert, en analysant la tâche que vous essayez d’accomplir », fait-il valoir.
Dépendance au marché américain
LinkedIn, qui revendique 433 millions d’utilisateurs dans le monde, conservera son indépendance et son PDG, Jeff Weiner. L’opération a visiblement ravi les investisseurs, qui ont fait monter le cours de Bourse du réseau social de 50 % à l’annonce de l’opération. Son succès est toutefois loin d’être acquis : LinkedIn va « nécessiter beaucoup de réparations », prévient Benedict Evans, associée chez Andreessen Horowitz.
Il faut dire que le réseau social n’a plus vraiment la cote depuis quelques mois. Après avoir été longtemps la coqueluche de Wall Street, il suscite même de sérieuses inquiétudes quant à sa stratégie. Principal point noir, la dépendance du groupe américain à son marché domestique : 62 % des revenus y sont encore générés. Une tendance qui ne devrait pas s’inverser à court terme.
Autres mouvements de concentration ?
Tout cela a contribué à faire fondre la valeur de LinkedIn en Bourse (-42 % depuis le début d’année) et à en faire une proie facile pour de potentiels acheteurs. Le PDG de LinkedIn n’est pas mécontent de se rattacher à l’un des géants de la high-tech : « Nous n’avons plus à envier les titans que sont Apple, Google, Microsoft, Amazon et Facebook. Nous n’avons plus à nous demander ce que ce serait que de travailler à leur incroyable échelle – car nous en faisons partie, désormais », a fait valoir Jeff Weiner auprès des salariés.
2016 pourrait promettre d’autres mouvements de concentration dans la high-tech américaine. On pense évidemment à Yahoo!, qui espère vendre ses activités Internet cet été et a déjà suscité des marques d’intérêt de la part de plusieurs opérateurs télécoms (Verizon, ATT, etc) et de fonds d’investissement. On pense aussi à Twitter qui, comme LinkedIn, semble avoir perdu la grâce depuis quelques mois. Sa valeur en Bourse a fondu d’un tiers depuis le début d’année.
Microsoft annonce le rachat de LinkedIn pour 26,2 milliards de dollars :
Source : Les Echos.fr