Le vent des technologies de l’information et de la communication (TIC) souffle très fort actuellement et porte pour beaucoup de pays des espoirs de dynamisation de leurs projets de développement. Cependant, il faut bien garder à l’esprit « qu’il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va » (Sénèque) “.

Jamais le monde n’a connu une telle accélération de techniques et de technologies aussi intégratrices et aussi adaptées à autant d’usages. La convergence numérique peut drainer encore des facteurs de fracture entre villes et campagne, entre génération, entre riches et pauvres, mais jamais la capacité d’invention de nouveaux usages et leur utilisation généralisée n’a été aussi prégnante.

A situation inédite, il faut adopter une attitude nouvelle.

L’évolution de l’Internet haut débit pour la connexion des individus, des entreprises et des objets est suivie avec une attention soutenue de la part des décideurs de haut niveau du monde entier.

En l’absence d’une doctrine universelle, copiable aveuglément partout sous l’égide d’un organisme comme l’IUT, chaque nation essaie de tirer le meilleur parti de cette nouveauté radicale avec plus ou moins de bonheur. Le monde a vraiment changé avec les formes nouvelles que prend le réseau fantastique qu’est Internet, contrairement à ce que tentent d’accréditer quelques “spécialistes” qui ont fait du lobbying pour le compte des multinationales une activité lucrative au détriment des intérêts des populations.

Sans tomber dans la “technolâtrie“, force est d’admettre qu’à pas forcés, les manières dont nous menons nos vies, travaillons, étudions, nous soignons, et socialisons nos relations sont profondément affectées par cette lame de fond à laquelle rien ne semble pouvoir s’opposer.

Comme disent les anglo saxons “if you can’t beat them, join them”. A défaut de pouvoir nous déconnecter de la mondialisation pour échapper à l’étreinte de ces technologies omniprésentes, cherchons à les mettre au service de notre développement endogène et maîtrisé.

Et sur ce chapitre, les possibilités sont sans limite. Il suffit de se départir des schémas classiques et des a priori approximatifs pour saisir les enjeux stratégiques de la convergence de toutes les formes de communication connues à ce jour, et les immenses potentialités qui en découlent.

Les télécommunications sont bouleversées par tous les cotés à la fois, aussi bien dans leurs modèles économiques que dans la forme de leur déploiement. Elles présentent un visage totalement mutant et doivent faire face à des usages nouveaux qui transforment tout leur écosystème. En fusionnant le multimédia (télévision, radio, cd), les télécommunications classiques (téléphone fixe, fax et mobile), et l’accès haut débit à des services à valeur ajoutée toujours plus nombreux et plus exotiques, l’Internet a créé un nouvel espace de l’activité humaine dans lequel le producteur et l’usager se confondent dans ce qui est communément désigné par le néologisme de “prosommateur” : producteur et consommateur tout à la fois.

En soi, c’est une figure nouvelle qu’il n’est pas aisé d’appréhender, tant elle change tous les paradigmes des organisations sociales auxquelles nous sommes habituées. L’information, l’innovation dans la production de biens et services, la finance, les arts, et bien d’autres domaines sont ouverts à tous et à chacun, et laissent entrevoir un monde d’interdépendance dont aucun contours stable ne se dessine à l’horizon.

C’est dans ce contexte brièvement décrit que s’inscrit la mise en œuvre au Sénégal du Programme Sénégal Emergent (PSE), dont les lignes directrices s’articulent autour d’axes essentiels, qui ont tous en commun de devoir être portés par le développement d’un secteur TIC organisé, vigoureux et créatif.

Le moment du passage de l’analogique au numérique pour la télévision donne l’occasion de réfléchir sereinement sur les atouts et les faiblesses des multiples démarches qui s’offrent, et qui ont toutes un seul dénominateur : le tout numérique comme voie incontournable.

Les pouvoirs publics hésitent sur le chemin à emprunter. C’est bien, car l’hésitation est un moment important de la connaissance et donc de la décision avisée.

Cependant, le débat biaisé qui accompagne cette période charnière, masque l’importance vitale des mesures qui seront prises en définitive, pour gérer le présent et garder un regard lucide sur l’avenir.

Il n’est pas possible de s’accommoder de thèses formulées sur un rôle central des opérateurs de télécommunication dans le PIB du pays pour écarter la nécessaire analyse de la situation concrète au regard des nouvelles données en cours dans ce secteur.

Il est indéniable, que les opérateurs de télécommunication qui disposent d’organes de prospective et de veille technologique et économique efficaces, ont vu venir depuis longtemps la tempête qui va affecter leur existence et ont mis en branle des mesures d’anticipation pour se repositionner sur la nouvelle place de marché dont l’Afrique est le ventre mou.

Le discours entretenu sur la contribution de 10% du secteur des TIC sur le PIB est volontairement amnésique sur le mode opératoire de cette “performance”. Il ne renseigne ni sur le nombre et la qualité des emplois générés, ni sur la nature et l’étendue des services offerts, ni sur sa contribution à la croissance des investissement directs dans le pays.

A cet égard, tous les opérateurs de télécommunication confondus emploient moins de 5000 personnes dont seulement 2/100 sont des postes de techniciens supérieurs. Un certain opérateur a d’ailleurs entamé son processus de restructuration à l’issu duquel il déportera son centre opérationnel de gestion technique ailleurs qu’au Sénégal avec comme conséquence immédiate le licenciement ou la reconversion des techniciens dans l’activité commerciale qui deviendra sa seule préoccupation.

S’agissant précisément d’activité commerciale, il convient de noter que le phénomène du prépaiement qui constitue plus de 95% du modèle de vente des services, s’effectue par le biais de dépôts de plusieurs dizaines de milliards par mois consentis par des milliers de petits revendeurs qui déposent dans les caisses des opérateurs leurs maigres revenus pour disposer de lots de cartes à revendre au public, dans les rues et ruelles, sous le soleil et la pluie, du matin jusque tard le soir, moyennant un gain inférieur à 10%.

Ce phénomène de collecte d’une épargne publique qui ne dit pas son nom, fonctionne sur un double plan : d’une part les dépôts effectués par les grossistes et les détaillants et d’autre part les achats de cartes de crédits par les usagers, dont le montant prépayé n’est consommé que sur une période plus ou moins longue. Il est certain que les avantages de cette forme de “bancarisation” subtile au taux 0%, entrave la formation d’une épargne organisée, sur laquelle l’Etat peut agir comme levier de développement.

Et comme cela ne suffisait pas, les 3 opérateurs en activité trouvent le moyen de limiter leur interconnexion localement à 6% des appels. Ce qui veut dire que prés de 95% des appels d’un client d’un opérateur vers un autre, transite pour l’essentiel par l’étranger et revient vers l’opérateur local appelé, après prélèvement au passage par un partenaire embusqué de plus de 10 francs CFA sur chaque appel local. Voilà ce qui explique pourquoi le secteur de la téléphonie est une poule aux œufs d’or dans nos pays, avec des taux de pénétration de plus de 95%. Voilà pourquoi la question de la portabilité des numéros de téléphone (possibilité pour un abonné de passer d’un opérateur à un autre en gardant son numéro de cellulaire) est une question taboue. Voilà pourquoi le dégroupage des boucles locales est reporté sans cesse. Voilà pourquoi les opérateurs de télécommunication ont imposé leur diktat sur la disponibilité des statistiques relatives aux CDR (call détail record) qui permettent de contrôler la situation réelle des appels entrants et sortants.

Pendant ce temps, l’Internet qui jusqu’ici ne présentait pas les mêmes intérêts en terme de recette a été relégué en second plan avec un taux de pénétration de 7 à 10%. Pourtant, comme le dit le Banque mondiale, 10% de croissance du taux de pénétration de l’internet haut débit entraîne 1,4% du taux de croissance du PIB.

Et ce n’est pas tout. Le flou méticuleusement entretenu qui entoure les investissements réels consentis par les opérateurs de télécommunication ne permettait nullement jusqu’ici à l’Etat d’évaluer exactement les coûts des infrastructures qui sont souvent les prétextes tout trouvés pour facturer de façon usuraire les prix des communications téléphoniques et des services au nom du sacro-saint retour sur investissement (ROI).

L’appel à candidature lancé par le CONTAN dans le cadre du passage de l’analogique au numérique, fustigé avec une hargne jamais égalée par des milieux bien identifiés, a permis de constater avec surprise que les offres réelles proposées par les équipementiers et intégrateurs majeurs au plan mondial sont entre 5 et 10 fois moins élevées que ceux que certains opérateurs prétendent devoir investir pour bâtir des réseaux similaires de quatrième génération.

Enfin, un danger d’une extrême gravité plane sur les opérateurs de télévision, avec la volonté des opérateurs de télécommunication d’investir le champs de la TV mobile et portable, à travers laquelle ils pourront vendre légalement des centaines de chaines et de programmes vidéos à des prix imbattables, tandis que la loi interdit formellement aux télédiffuseurs de vendre leurs programmes sur le territoire national. le marché de la publicité qui est leur seule source de revenu sera très largement et profondément ratissé par les opérateur de télécom qui boxent sur de toutes autres catégories.

Par ailleurs certains ont soulevé dans le débat l’incongruité et le caractère iconoclaste de la proposition du CONTAN de vouloir bâtir une infrastructure convergente nationale qui sera mutualisée afin de couvrir tout le territoire jusqu’au plus petit hameau et de ramener les coûts des connexion au haut débit à des prix accessibles aux populations. Celle ci est d’une part indispensable pour disposer de la télévision interactive, mais elle est source de création d’emplois sans pareil, dans tous les secteurs, et canalisateur de première importance de l’aménagement du territoire et de l’e-gouvernance.

Et pourtant, ce qui semble être une position singulière du Sénégal, ne l’est point, car en survolant les expériences en cours dans le monde, on se rend compte que la question du haut débit internet est si préoccupante et si centrale dans le développement futur des sociétés qu’en Europe, en Afrique, aux USA, et ailleurs foisonnent des cas d’infrastructures construites et appartenant à 100% soit aux Etats, soit aux collectivités locales, et exploitées en GOCO (Government-owned-contractor-operated), en PPP (partenariat public privé) ou en DBO (design build operate) qui permet au secteur public de construire et d’exploiter toute sorte de réseau de télécommunication.

Citons quelque exemples :

Au Kenya, une initiative majeure a été prise de mettre en place un réseau LTE 4G mutualisé dont le coût est estimé à près de 100 millions de dollars dans le cadre d’un consortium entre le gouvernement du Kenya, Safaricom, Telkom Kenya, Airtel, Essar Telecom, Kenya Data Network, MTN, Alcatel-Lucent et Epesi Communications. “Cette technologie qui fournira de hautes vitesses de communications sans fil pour les téléphones mobiles et les terminaux de données est trop importante pour le pays pour qu’on laisse sa gestion aux entreprises d’un seul et même bord . Pour ce qui sera du coût de maintenance du réseau, il pourra éventuellement baisser parce que, si une station de transmission peut couvrir de longues distances, avec la 4G cette couverture sera plus étendue sans que le montant de dépenses en équipement n’augmente” écrit l’Agence Ecofin

Au Togo, la revue TECH & WEB annonce que “La Banque mondiale a accordé au Togo un prêt de 30 millions de dollars destiné à renforcer la connectivité à travers la réalisation du Programme régional ouest africain de développement des infrastructures de communications (Warcip). Dans le cadre de ce programme, le Togo va construire un Data Center (centre d’hébergement) qui fournira une connexion de très haut débit et de très haute disponibilité à internet, une infrastructure (serveurs, alimentation, refroidissement), des services mutualisée à des opérateurs en colocation. La mutualisation permet une meilleure qualité de l’infrastructure et des services tout en réduisant considérablement les coûts pour les colocataires.”

Le Rwanda, malgré le traumatisme du génocide qu’il a vécu, s’est projeté de façon volontariste vers le futur en misant avant tout sur le haut débit Internet à travers divers projets ((Malakata, etc.) et des investissements de l’Etat sur la base de prêts consentis auprès de la Corée pour permettre l’accès à tous et partout, notamment à travers le projet “Kigali Metropolitan Network” qui est unique en Afrique et qui fera de ce pays l’un des plus connectés d’Afrique.

Le Tchad, a développé un ensemble d’initiative pour se doter d’infrastructures haut débit réalisées à 100% par l’Etat à la faveur du développement de ses pipelines de pétrole, notamment le segment N’Djamena–MBéré (à la frontière avec le Cameroun), long de 830 km, composé de sous-Segment Mbéré–Komé, 6 paires de fibres optiques posées le long du Pipeline du Projet Pétrole de Doba, long de 190 Km, le sous-Segment Komé-N’Djamena, 12 paires de fibres optiques long de 640 Km. Il projette de développer rapidement les axes N’Djamena – Adré (frontière avec le Soudan) long de 1 202 Km, Doba–Bémal (frontière avec la RCA) long de 240 km, N’Djamena–Kaïga (frontière avec le Nigéria), long de 370 Km …. A cet effet, le Tchad a mis en place une société de patrimoine de fibres optiques pour promouvoir l’établissement d’une infrastructure partagée et la mise en concession des fibres optiques aux opérateurs d’infrastructures de même que la mise en place d’une société nationale d’infrastructures de transmission de communications électroniques (SITCOM TCHAD) séparée des opérateurs de services .

Au Gabon : Avec l’aide technique et financière de la Banque mondiale, le Gabon a investi environ 110 millions de dollars dans des infrastructures permettant d’étendre la couverture des réseaux large bande et de diminuer les coûts des services de communication. Selon Zouera Youssoufou, représentante de la Banque mondiale au Gabon, “ceci illustre la volonté du pays de mettre les nouvelles technologies de l’information et de la communication au service de l’ensemble de la population gabonaise ». Afin de stimuler l’entrepreneuriat, le projet prévoit la création de pépinières d’entreprises et d’incubateurs TIC dans les trois grandes villes desservies par la fibre optique : Franceville, Port-Gentil et Libreville et de mettre en œuvre une politique de soutien des usages, services et contenus numériques innovants”. Il s’agira donc de créer un environnement propice à la création d’emplois et d’activités générés par le développement du secteur de l’e-santé, qui pourra ensuite servir pour les autres secteurs comme l’e-éducation ou l’e-agriculture [1]….

En Cote d’Ivoire : 1400 km de fibres optiques ont été construites dans le cadre du projet national de téléphonie rurale (PNTR) sur les 7000 km prévus par les autorités ivoiriennes, a annoncé ce lundi, le Directeur général de l’Agence nationale du service universel des télécommunications-TIC ANSUT). Les fibres optiques déjà construites ne sont pas encore en service à ce jour a reconnu le Directeur général de l’ANSUT, précisant au passage que d’ici à la fin du mois de février 600 km de fibres optiques seront construites sur fonds propres pour un investissement de 8 milliards de FCFA. L’ANSUT ayant pour mission, la construction d’infrastructures dans le domaine des TIC et la promotion des nouvelles technologies de l’information et de la communication, son Directeur général a déclaré qu’elle opte pour la technologie Code division multiple access (CDMA). A ces projets, il faut ajouter les 5000 cybercentres à créer. Ce projet permettra selon lui l’appropriation des TIC par les populations et le développement de plusieurs secteurs tels que l’enseignement, la santé, agriculture et divers activités de la communauté rurale.

Enfin, avec la position actuelle de la Côte d’Ivoire qui n’est pas reluisante en ce qui concerne l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, le chef de l’Etat ivoirien a selon Soro inscrit dans son programme de gouvernement, l’amélioration des conditions d’accessibilité des populations à des services TIC de qualité, avec “l’objectif de 500 mille familles équipées de kits micro ordinateur+accès internet avant 2015” [2].

Au Burkina Faso : Trois projets phares sont inscrits à l’ordre du jour du département de Jean Kouldiaty pour l’année 2014. Il s’agit du projet Backbone, de la transition à la Télévision numérique et la mise en œuvre du projet E-conseil des ministres. Pour le projet Backbone national, il a été approuvé le 19 juin 2013 par le conseil des ministres, a rappelé le ministre. Il vise à doter à terme le Burkina, de 5400 km de fibre optique afin d’améliorer la connectivité à Internet et la communication.

Les chefs-lieux des 45 provinces, 82 localités et bien entendu les zones urbaines seront raccordés pour bénéficier d’un réseau de débit très élevé allant de 100 Gbps dans le cœur du réseau à 40 Gbps dans les artères secondaires pour un coût de 120 milliards de F CFA [3]…

Au Congo : Conformément à la volonté du Chef de l’Etat « d’arrimer le Congo à la modernité pour que l’informatique et l’Internet notamment, soient accessibles au plus grand nombre », le Gouvernement s’est résolument engagé dans une stratégie de déploiement des infrastructures de télécommunications de très haut débit en République du Congo, établie autour d’un projet de réalisation d’un backbone national en fibre optique (Projet de Couverture Nationale) et à son interconnexion avec les pays limitrophes (Projet CAB-CIT CG) ainsi qu’avec le réseau mondial à fibre optique (projet de câbles sous-marins WACS). Le PCN est un projet de modernisation du réseau national de télécommunication, il comprend trois volets : commutation, transport et accès local.

Dans le volet accès, des boucles optiques métropolitaines seront construites à Brazzaville, Pointe-Noire et Oyo. Dans son volet transport, il s’agit notamment de couvrir le territoire national en fibre optique en réalisant une dorsale optique terrestre reliant Pointe–Noire, Dolisie, Brazzaville, Oyo et Ouesso et des ramifications (bretelles) à partir de ce tronc vers d’autres départements. L’Etat congolais envisage l’utilisation des capacités excédentaires des câbles de garde à fibre optique (CGFO) du réseau électrique de la Société Nationale d’Electricité (SNE). A cet effet, deux projets sont en cours de réalisation : le projet de construction et réhabilitation de postes et de lignes électriques (Projet RIT) entre Pointe Noire et Brazzaville qui devrait s’achever en Février 2011, et du projet IMBOULOU pour la remontée vers la partie septentrionale à partir de Brazzaville jusqu’à Oyo, dont le terme est prévu en Juillet 2011. Le tronçon Oyo-Ouesso, qui doit parachever l’ensemble, ne sera lancé qu’en 2015, dans le cadre de la construction du grand barrage de Li-Ouesso. L’Infrastructure appartient à l’Etat Congolais qui devra fixer les conditions d’exploitation et de gestion de ses ressources. [4].

En Europe les modèles DBO suivants se déroulent entre autres, avec la bénédiction et les appuis financiers de la Commission de l’Union Européenne [5] :

En France, dès 2002, le projet DORSAL (fibre optique, Wimax, satellite) institué par des départements et de grandes villes a été financé avec la participation de quelques privés dont France Télécom et exploité sous forme de délégation de service public (DSP). Par la suite, ce modèle prendra différentes formes, notamment à travers le projet Com4Innov lancé et soutenu par la région PACA (Pas-de-Calais), qui depuis février 2013 mutualise un réseau 4G LTE qui offre une plateforme de test, de services mobiles et d’applications de bout en bout à divers centres de recherche et instituts et équipementiers.

Toujours en France, il est intéressant de noter dans l’examen par le Sénat de la “Proposition de loi relative à la lutte contre la fracture numérique” que dans son Rapport n° 559 (2008-2009), fait au nom de la commission de l’économie, déposé le 15 juillet 2009, M. Bruno Retailleau écrit :

“Le déploiement du très haut débit sur l’ensemble du territoire n’est pas un luxe. C’est le seul moyen pour que les entreprises et les particuliers puissent bénéficier des nouveaux usages d’Internet de plus en plus consommateurs de débit et que les territoires puissent préserver leur attractivité. Le très haut débit sera l’infrastructure essentielle de la société de l’information de demain.

….. On peut considérer ainsi que le jeu naturel du marché laisserait en marge du très haut débit 60 % de la population, soit plus de 80 % du territoire national, ce qui est inacceptable. Votre rapporteur souligne donc l’absolue nécessité de mener une stratégie nationale volontariste dans le domaine du très haut débit.

Cette stratégie devra reposer sur l’identification de plusieurs principes d’action : L’État assumera nécessairement, sur cette infrastructure essentielle qu’il s’agit de déployer à l’échelle du pays, un rôle de stratège. Il interviendra pour mobiliser des ressources financières et coordonner les acteurs publics et privés ;

  • les collectivités territoriales mettront à profit dans le très haut débit les compétences qu’elles ont acquises dans le haut débit. Fortes de leur connaissance du terrain, elles seront à même de piloter le déploiement du très haut débit au niveau local ;
  • le régulateur créera les conditions favorables à l’épanouissement de ce nouvel écosystème. Il stimulera les investissements de ceux qui voudront s’engager au plus vite tout en contribuant à l’organisation d’un nouveau marché ouvert à tous.

L’articulation entre ces trois acteurs permettra de tracer le cadre d’un déploiement du très haut débit qui prenne en compte, dans un esprit d’aménagement du territoire, les spécificités de chacun des territoires : dans la zone très dense des métropoles, la dynamique du marché autorisera à déployer plusieurs réseaux facilitant la concurrence par les infrastructures ;

  • dans la zone moins dense des villes moyennes et des quartiers pavillonnaires, le modèle à privilégier sera celui d’une mutualisation des infrastructures qui supposera une coordination étroite de tous les acteurs ;
  • dans les zones rurales, seule l’intervention publique permettra d’assurer un déploiement du très haut débit, en mettant à profit toutes les technologies disponibles, notamment hertziennes.”

En Espagne, le projet Asturcon a mis en place une infrastructure publique FTTP (fiber to premises) ouverte à tous les acteurs, afin de connecter domiciles et entreprises au haut débit internet à des coûts supportables, pour la région des Asturies lourdement affectée par la crise de l’acier qui était sa principale activité.

En Irlande, le projet Metropolitan Area Networks (“MAN”) a déployé un réseau de plus de 1000 km de fibre appartenant à 100% à l’Etat, en vue de baisser la barrière à l’entrée pour les opérateurs alternatifs et de rendre accessible le coût du haut débit aux populations.

Au Danemark, Midtsoenderjylland connecte quatre grandes villes à travers un réseau en fibre optique également utilisé par une compagnie d’électricité comme dorsale de son système de transport de données d’information

La région du Piémont, en Italie a investit dans la mise en place d’une série de réseaux haut débit internet, avec une dorsale régionale, de la fibre noire, un réseau public sans fil et de nouveaux services pour les populations.

Le projet national RAIN en Lituanie assure un contrôle public à 100% sur une dorsale et un cœur de réseau, pour promouvoir une saine compétition en faveur des usagers.

La ville de Stokab en Suède a mis en place un réseau de fibre noire également disponible pour tous les usagers, à travers une société de gestion créée à cet effet.

Les iles britanniques Shetland situées en Ecosse ont lancé le projet SHEFA 2 Interconnect (“Interconnect Project”) pour favoriser le déploiement d’un réseau haut débit de nouvelle génération, détenu à 100% par le gouvernement, et destiné à lutter contre la fracture numérique qui frappe plus particulièrement les îles dont les populations sont souvent victimes du désintérêt des opérateurs de télécommunication.

La Malaisie a mis en place son programme Communication et Services MultiMedia (My- ICMS) 886 Strategy en 2006, visant à introduire partout le haut débit internet avec un taux de pénétration de 25% à la fin 2006 et de 75% à la fin 2010. Pour cela, l’Etat a consentis de notables investissements dans le cadre d’un PPP avec la société nationale Télécom Malaisie, partenaire choisi pour assurer le déploiement de ce réseau d’envergure, qui coûtera sur 10 ans plus 3 milliards de dollars US.

Le gouvernement australien a annoncé en avril 2009, son engagement à investir 30 milliards de dollars US pour la construction d’un réseau national haut débit couvrant tout le pays, avec 93% de la population connectée par câble et 7 % par réseau sans fil ou satellite.

Le Qatar a élaboré un plan national pour financer un réseau de fibre optique qui doit connecter 95% de la population à l’horizon 2015.

Le Mexique, seconde plus importante économie de l’Amérique latine qui dispose d’un large vivier pour les télécommunications avec une population de 116 millions d’habitants, subit depuis plusieurs décennies le quasi monopole de America Movil, dont le propriétaire Carlos Slim est considéré comme l’homme le plus riche du monde. Le nouveau Président Enrique Peña Nieto élu en décembre 2012 a procédé en juin 2013 à une réforme constitutionnelle majeure incluant entre autre la reprise en main du marché des télécommunications et de l’internet haut débit pour les mettre au service du développement du pays. Ainsi il a décidé de réformer le système de régulation, et d’instaurer un système de grossiste unique pour un réseau qui verra le jour au plus tard en 2018 sous l’égide d’une agence “Telecomunicaciones de México” (“TELECOM”) qui exploitera le dividende numérique et servira sur une base ouverte et non discriminatoire les offreurs de services, condition sine qua non pour un accès haut débit abordable pour les populations.

De nombreux autres pays, à l’instar du Canada, de la Grèce, de l’Allemagne, de la Grande Bretagne, du Portugal, de la Finlande, de la Corée du Sud, de Singapour et même des Etats-Unis, se sont engagés dans l’appui au développement de réseaux mis e place par des villes ou des collectivités locales, ou alors s’emploient à participer au financement de réseaux public/privé afin d’assurer une couverture très haut débit des zones défavorisées (montagnes, îles, zones rurales à faible densité etc..).

On le voit bien, le paysage du numérique, aux évolutions multiples et imprévisibles, convoque un réexamen des territoires de la régulation qui doit faire face aux question liées aux fréquences, à la sécurité nationale, aux données personnelles, au respect des règles de la concurrence, à l’arrivée de nouveaux intervenants.

A la récente Conférence mondiale de développement des télécommunications de l’UIT (CMDT-14) qui s’est tenue à Dubaï, le Secrétaire général de l’UIT Hamadoun I. Touré a déclaré le 31 mars 2014 “Le secteur des TIC se transforme, converge et évolue à un rythme soutenu. Le rôle même du régulateur est donc appelé à se transformer et à évoluer.”

L’édition spéciale du rapport Tendances des réformes dans les télécommunications de l’IUT souligne que “le développement plein et entier de l’écosystème numérique préfigure aujourd’hui une réglementation de 4ème génération. Les réseaux large bande et les services Internet sont de plus en plus considérés comme des services (ou des “droits”) non facultatifs dont la disponibilité et l’efficacité ont une incidence sur tous les aspects du développement économique et social. Le “régulateur de quatrième génération” doit contrôler un plus large éventail de services fournis sur plusieurs réseaux large bande convergents qui constituent l’écosystème numérique. Aujourd’hui plus que jamais il est demandé aux régulateurs de protéger les consommateurs contre toute une série de problèmes tels que les contenus inappropriés, les erreurs de facturation et les activités frauduleuses en ligne. L’Internet a pris une telle importance que les régulateurs de quatrième génération sont de plus en plus confrontés non seulement à la nécessité économique de rendre l’accès abordable, mais aussi aux possibilités et aux défis d’ordre social qui vont de pair avec l’amélioration de la connectivité pour les communautés”……”Il est de plus en plus admis que les régimes réglementaires en place devraient être adaptés afin de tenir compte des réalités des marchés issus de la convergence. La croissance phénoménale du volume de données acheminées sur les réseaux de télécommunication et l’importance croissante que revêt la gestion des flux de trafic montrent bien que la neutralité du réseau restera sans doute une question de première importance pour les régulateurs” [6].

Amadou Top
Directeur exécutif du CONTAN
Comité national de pilotage de la transition de l’analogique au numérique

[1] Source : :http://www.banquemondiale.org

[2] Source : http://www.koaci.com

[3] Source : http://burkina24.com/

[4] Source : http://www.arpce.cg/

[5] Cf. “Guide to broadband investment/Final report September 2011”

[6] Communiqué de presse IUT : Faire progresser les communications numériques. L’édition spéciale du Rapport sur les Tendances des réformes dans les télécommunications présente la réglementation de 4ème génération.

Le Bureau Microsoft Dakar a organisé, ce jeudi 15 Mai 2014, une session de formation destinée à ses partenaires commerciaux ou encore les distributeurs des produits Microsoft. Une formation dénommée Office 365 Drumbeat qui vise à mieux faire connaitre le produit Office 365 et à mieux faire sa promotion au niveau des consommateurs particuliers et autres entreprises clients. M Sie Kambou, responsable stratégie Technologique Partenaire chez Microsoft Afrique de l’Ouest et du Centre, basé en Cote d’Ivoire était le facilitateur de cette formation qui a durée toute la journée.

Après le Drumbeat Cameroun organisé la semaine dernière, ce fut au tour de Microsoft Sénégal d’accueillir ces partenaires-distributeurs dans ces locaux à l’immeuble la Rotonde. Une occasion pour les responsables de Microsoft Dakar d’expliquer en des termes plus simples Office 365 qui est la suite Office que les utilisateurs ont l’habitude d’utiliser mais qui est fournie via le cloud. Cette version, vous offre en outre la possibilité d’accéder à vos logiciels et vos fichiers toujours à jour, depuis pratiquement n’importe où (PC, Mac et tablettes). Les fonctionnalités sont également mises à jour automatiquement”. La question des prix a été abordé, mais également les promotions et autres primes qui se font périodiquement sur les produits Microsoft.

« L’objectif de la formation du jour c’est de donner les moyens et capacités aux partenaires pour pouvoir vendre, expliquer efficacement la solution office 365 aux entreprises, vu que c’est notre produit d’appel dans la sous-région. Il s’agit de donner les petites règles de fonctionnement technologiques, de vente sur ce type de technologie », a expliqué Sié Kambou, responsable stratégie Technologique Partenaire chez Microsoft Afrique de l’Ouest et du Centre.

Toutefois, souligne, M Sié, « une journée c’est très court pour assimiler l’ensemble des solutions de technologie que nous mettons en avant , raison pour laquelle à la suite de la formation du jour, on a conseillé à tous ces partenaires de pouvoir se connecter sur un site internet dédié pour apprendre et mieux comprendre la solution. Mais, ils ont déjà le petit minimum requis pour pouvoir parler de la solution, maintenant le reste, c’est des accréditations à passer.

Le représentant de MC3 Sénégal, distributeur des produits Microsoft, Aboubakrine Diéne a salué cette formation « Office 365 Drumbeat » qui leurs permet être mieux outillé face aux clients. « Cela nous permet de faire les meilleures offres aux entreprises sénégalaises. Elle facilite le travail des partenaires commerciaux, qui vont commercialiser les produits sans grands soucis ».

A PROPOS DE MICROSOFT

Microsoft Afrique de l’Ouest et du Centre est l’une des 4 filiales du bureau régional Microsoft de l’Ouest, Orientale, Centrale et des Isle de l’Océan Indien (Microsoft WECA & IOI) dont le siège est basé en Afrique du Sud. La filiale Microsoft Afrique de l’Ouest et du Centre a sous sa responsabilité les territoires de l’Afrique de l’Ouest et du Centre avec 2 bureaux locaux en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Il y’a aussi des équipes au Cameroun et en République Démocratique du Congo.

Les 19 pays couverts par Microsoft Afrique de l’Ouest et du Centre sont la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, le Bénin, le Togo, le Niger, la Guinée, le Cap-Vert, la Guinée Bissau, le Burkina Faso, le Mali, le Gabon, la République Démocratique du Congo, la Guinée Equatoriale, Congo Brazzaville, République Centrafricaine, Sao Tome & Principes, le Tchad et St Helena.

Contact presse :

Microsoft West & Central Africa :Mme N’dee Uwadoka : ndeeuw@microsoft.com

Facebook: www.facebook.com/Microsoftwca

La Commission des Données Personnelle (CDP) a effectué ce jeudi 15 mai 2014 une visite de courtoisie et d’information à la Commission Electorale Nationale Autonome(CENA). Cette visite, qui s’inscrit dans le cadre d’une action permanente d’information des organismes publics et privés, a permis aux deux présidents des deux institutions d’échanger sur le droit de la protection des données personnelles, notamment en période électorale.

La délégation de la CDP était conduite par le Président Dr Mouhamadou LO accompagnée d’un commissaire, du Secrétaire Permanent et des chefs des services juridiques, informatiques et de communication de la CDP.

A l’entame de son propos, Dr Mouhamadou LO a remercié le Président de la CENA pour la tenue de cette rencontre qui intervient dans un contexte chargé avec la préparation des échéances électorales prévues pour le 29 juin prochain. Il a présenté les missions de la CDP en insistant sur l’importance de nouer un partenariat avec le CENA dans le cadre de la protection des données personnelles des Sénégalais lors de la période électorale. L’encadrement du fichier électoral qui contient les données personnelles des Sénégalais a été un des points saillants de son intervention. Ce qui a abouti à un plaidoyer pour une meilleure prise en compte du respect de l’utilisation des données personnelles au cours du processus électoral.

Quant à M. Doudou NDIR, il s’est dit favorable aux perspectives d’un partenariat dans le souci de respecter le principe de la transparence dans le processus électoral, en prenant en compte les exigences légales en matière de protection des données personnelles. Il a soutenu que cette transparence est le gage d’un maintien de l’ordre public afin d’aboutir à une proclamation sans contestation des résultats des élections. M. NDIR a déclaré que dans la mesure où la CDP concourt à la transparence dans l’utilisation des données des sénégalais par les partis politiques et les candidats, il est tout naturel de nouer un partenariat en ce sens, ajoutant que sa structure a déjà eu à nouer d’autres partenariats impliqués dans le processus électoral. La délégation de la CDP a répondu aux différentes questions quant à ses missions et éventuellement les modalités qui sous-tendent un partenariat entre les deux institutions en direction des prochaines échéances électorales.

Via communiqué
CDP : www.cdp.sn
C
ENA : ww.cena.sn

C’est un communiqué qui vient de nous parvenir. L’opérateur TIGO mettra à la disposition de ses abonnés toutes les informations  sur le mondial qui se jouera au Brésil. Il lancera également des campagnes  pour les meilleurs fans dans une dizaine de pays dans le monde.

Au Sénégal, Tigo sera au cœur de la folie pendant le grand événement sportif qui se déroule au Brésil du 12 juin au 13 juillet 2014 en offrant à ses clients un accès aux informations du tournoi à tout moment.

Tigo va être le supporter no 1 des équipes africaines en et partagera des reportages, des images et des vidéos pour que les clients Tigo puissent avoir accès aux derniers résultats depuis leur téléphone.

Une campagne pour les fanas de foot avec Tigo

Tigo est le sponsor des fanas de foot pendant le tournoi de football au Brésil

Les clients Tigo pourront :

  • Participer à un jeu sur Facebook pour partager leur expérience au cours de l’événement à travers des photos et des vidéos avec l’application « Tigo le coin des folies »
  •  Jouer en ligne et gagner des prix fantastiques
  • Tester leurs connaissances sur la compétition à travers le quiz « Questions de Coupe » et faites des paris avec « Pronostics»,
  • Retrouver les meilleurs moments de la compétition depuis leur téléphone ou smartphone à travers des applications dédiées.

Une campagne globale : « Tigo premier fan des fanas de Foot »

Aujourd’hui, Tigo lance à travers 13 pays d’Afrique et d’Amérique Latine sa campagne Foot 2014.

Le thème choisi est « Tigo premier fan des fanas de foot » qui reflète et célèbre l’émotion de chacun. Pendant le tournoi au Brésil, les fanas de foot pourront exprimer leur joie et la partager avec tous à toute heure.

Tigo Sénégal organisera un événement pour les medias et les fanas de foot pour expliquer plus en détail son engagement et les services mis à disposition pendant toute la durée de l’évènement.

Manque d’infrastructures, faiblesse de la concurrence et services inadaptés… Le continent rate la révolution qui pourrait booster sa croissance. Pour l’instant.

“Tout est dans l’ordinateur”, écrivait Michel Serres en 2012. Le problème n’est plus la diffusion du savoir, mais ce que l’on en fait pour réinventer le monde, estimait le philosophe français. Google en a livré l’exemple ces derniers jours en commercialisant les premières lunettes connectées. Grâce à une lentille placée devant l’oeil droit, un micro et une caméra, des chirurgiens ont pu faire vivre une intervention en direct à l’un de leurs confrères à l’autre bout du monde.

Les champs d’application de cette innovation semblent infinis. À condition d’avoir accès à l’internet à très haut débit, ce qui tient encore du voeu pieux en Afrique, excepté pour quelques rares privilégiés. “Le continent a déjà raté la révolution industrielle, va-t-il manquer celle du numérique ?” se désespère l’entrepreneur sénégalais Karim Sy.

Avec 200 millions d’internautes environ, soit un taux de pénétration de 18 % seulement, les pays africains restent effectivement à la traîne, loin derrière l’Europe, les États-Unis et même l’Asie. Dans 90 % des cas, la population accède au web à partir de smartphones. Même si les opérateurs ont déployé des réseaux de téléphonie mobile 3G donnant accès au Net dans plus d’une trentaine de pays, la vitesse de téléchargement demeure limitée. “En dehors des grandes villes, utiliser l’internet est souvent impossible”, constate Karim Sy.

Pourtant, les Africains achètent leur bande passante en moyenne six fois plus cher qu’en Asie du Sud-Est, selon Francisco H. G. Ferreira, économiste en chef de la Banque mondiale en Afrique. À Dakar, Jokkolabs, la structure créée par Karim Sy pour héberger et accompagner des start-up, doit par exemple coupler trois connexions ADSL pour obtenir un débit de 10 Mbit par seconde [Mbit/s]. Un bricolage payé au prix fort : environ 300 000 F CFA (450 euros) par mois, quand les formules triple play, comprenant également la télévision et le téléphone, sont facturées moins de 40 euros en France. “À Bamako, la situation est pire encore : pour le même tarif, la vitesse maximale est de 2 Mbit/s”, explique l’entrepreneur.

Bien sûr, année après année, l’internet gagne du terrain à une vitesse vertigineuse sur le continent. Chez certains opérateurs de téléphonie mobile, la consommation de données augmente de 40 % par an. Mais force est de constater l’échec de la démocratisation du web. Infrastructures défaillantes, manque de concurrence et services inadaptés, les raisons du retard africain sont multiples et complexes. Jeune Afrique vous donne les clés pour y voir clair, avec en prime quelques bonnes raisons de penser que la situation peut changer.

Infrastructures défaillantes

Si le prix d’accès à l’internet est aussi élevé en Afrique, c’est d’abord parce que la plupart des serveurs sont installés hors du continent, principalement aux États-Unis. Pour y accéder, les opérateurs doivent utiliser des câbles sous-marins et passer par l’Europe, notamment.

cout-bande-passante-internationale-2012“Ces infrastructures ont demandé des centaines de millions de dollars d’investissement [700 millions de dollars, soit 506,8 millions d’euros environ pour ACE, qui dessert 18 pays] et doivent être rentabilisées”, affirme David Eurin, directeur de la stratégie commerciale de l’opérateur d’infrastructures Liquid Telecom. Une situation que ne connaissent pas les opérateurs américains et européens.

L’autre point noir concerne la gestion locale de la bande passante. En RD Congo – l’un des exemples les plus patents -, le service proposé par La Poste, qui détient l’exclusivité de l’exploitation de la fibre optique, est si mauvais que tout Kinshasa utilise des liaisons par satellite, plus chères. Au Cameroun, la revente de l’accès à l’internet est une véritable béquille financière pour l’opérateur public Camtel, assure un acteur du secteur.

Résultat, le prix de gros de la bande passante atteint 500 dollars par mois pour un débit de 1 Mbit/s (ce qui permet de servir 12 abonnés au haut débit), contre 100 dollars en Côte d’Ivoire. Une situation qui pénalise également le Tchad voisin – qui ne dispose pas d’accès direct à un câble sous-marin -, auquel Camtel propose le tarif prohibitif de 800 dollars. Les usagers du Bénin, d’Angola ou d’Algérie subissent des monopoles similaires.

La donne pourrait changer avec le développement d’opérateurs d’infrastructures panafricains comme Liquid Telecom.

“Certes, il faut construire davantage de réseaux terrestres. Mais il est aussi important d’utiliser les capacités offertes par les opérateurs alternatifs comme les compagnies d’électricité ou d’eau, qui disposent de la fibre optique le long de leurs ouvrages”, insiste Moctar Yedaly, responsable de la division infrastructure et électricité de l’Union africaine. Selon lui, seulement 27 % de la capacité de l’ensemble des réseaux existants est utilisée.

Monopoly & Cie

“Pour aborder la question des infrastructures, les États doivent surtout prendre conscience que l’internet est un bien public. Le secteur des nouvelles technologies a besoin d’une meilleure régulation”, insiste Claude de Jacquelot, coauteur du Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pida) de la Banque africaine de développement (BAD).

Au Maroc, l’opérateur historique a refusé à Inwi l’accès à ses installations fin 2013 – alors que la loi l’y oblige -, empêchant son concurrent de déployer une offre à partir du réseau filaire.[1]  Orange a rencontré le même problème avec Tunisie Télécom. Au Sénégal, sa filiale Sonatel use en revanche de son influence pour empêcher qu’une évolution réglementaire la contraigne à partager.

S’ils se livrent un combat féroce, les opérateurs de télécoms – qui sont les principaux fournisseurs d’accès à l’internet (FAI) en Afrique – jouent aussi des coudes pour freiner l’émergence d’acteurs spécialisés proposant du haut et du très haut débit aux classes moyennes et aux entreprises.

Preuve de leur lobbying, il n’existe qu’un seul FAI panafricain, Smile, fondé par Irene Charnley, une ex-dirigeante du sud-africain MTN (présent au Nigeria, en Ouganda, en Tanzanie et en RD Congo).

Il est imité par le suisse YooMee qui, pour l’instant, n’est actif que dans deux pays : le Cameroun et la Côte d’Ivoire. À Abidjan, il a lancé un réseau LTE (Long Term Evolution, 4G) avec un débit de 5 Mbit/s au prix de 15 000 F CFA (22 euros) pour un volume de 8 Go.

Baisse des tarifs

Cette concurrence a d’ailleurs incité Orange à solliciter immédiatement une autorisation afin d’expérimenter un réseau similaire. “Pour les opérateurs de téléphonie mobile, l’enjeu est décisif. Face à la baisse des revenus tirés des “voix” [communications audio], les échanges de données constituent un relais de croissance à terme”, explique Sami Matri, consultant pour Sofrecom, filiale du groupe Orange.

De fait, Adiel Akplogan, directeur général d’Afrinic, qui gère le registre des adresses IP sur le continent, suggère : “Afin d’éviter que certains opérateurs de télécoms – publics ou privés – n’occupent des positions dominantes, on peut tout à fait imaginer une séparation réglementaire des activités de vente au détail et de vente en gros.”

Par ailleurs, la disponibilité de nouvelles fréquences très adaptées aux services 4G, après le passage des télévisions africaines au format numérique (TNT) à partir de 2015, pourrait entraîner plus de compétition. “Il est grand temps de penser au consommateur”, rappelle Moctar Yedaly.

Low-cost revolution

En attendant de vraies innovations en matière commerciale, c’est au rayon des terminaux que s’est produite la vraie rupture. En 2010, le lancement par le chinois Huawei du smartphone Ideos à moins de 100 dollars faisait déjà figure d’avancée majeure.

Aujourd’hui, les téléphones les moins chers sont vendus 60 dollars environ. Depuis juin 2013, Orange commercialise un smartphone 3G Alcatel à partir de 29 500 F CFA dans une offre incluant des heures de communication et un accès à l’internet.

“Nous en avons déjà vendu 300 000 en Afrique. Ces smartphones ont un effet très important sur la consommation mensuelle de nos clients. Certains d’entre eux l’ont multipliée par 10. Elle peut passer de 30 à 300 Mo”, explique Bernard Mazetier, directeur internet d’Orange pour l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie.

En février, MTN avait frappé encore plus fort en proposant son Steppa à 499 rands (34,3 euros). Certes, les composants employés ne sont pas les plus performants, mais ils correspondent aux besoins du plus grand nombre.

Dans le domaine du terminal low cost 3G, la palme devrait revenir prochainement à la fondation Mozilla, qui annonce avoir produit un appareil à 25 dollars grâce à un partenariat avec le fabricant de composants électroniques chinois Spreadtrum. Elle n’a toutefois pas donné de date de mise sur le marché.

Taxes à l’importation

Reste que, dans beaucoup de pays, les autorités nagent encore à contre-courant en maintenant des taxes élevées à l’importation sur ces équipements. Lesquelles grimpent à 39 % en Côte d’Ivoire et à 30 % environ au Mali ou au Sénégal.

“À l’inverse, dans le cadre de sa stratégie nationale de développement du très haut débit, le Nigeria souhaite annuler ces prélèvements pour faire tomber le prix sous les 30 dollars”, indique Thecla Mbongue, analyste pour le cabinet Informa Telecoms. Un effort bienvenu, mais qui pourrait se révéler insuffisant pour faire passer l’Afrique à l’ère du numérique si une plus grande attention n’est pas portée à la production de contenus locaux.

Une Toile à remplir

Faute de contenus locaux, les opérateurs misent sur des valeurs sûres à l’international pour lancer l’internet sur le continent. En tête, Facebook, avec une application mobile permettant d’actualiser son profil via une connexion à bas débit dès 2010. Idéal pour faire entrer le web dans la vie des jeunes sur un continent où deux tiers de la population ont moins de 25 ans. Ils ont privilégié un modèle descendant, consistant à décliner en Afrique des solutions créées ailleurs. Ce n’est que depuis peu qu’ils investissent dans la production locale. “Le succès passe forcément par la proximité”, estime Dov Bar-Géra, PDG de YooMee Africa.

afrique-taux-connectivite-2012Au Cameroun, le fournisseur d’accès a mis les mains dans le cambouis et créé un annuaire en ligne à destination des PME. Lancé en décembre dernier, il recensait 10 000 entreprises début avril. Le site permet notamment de situer la société sur une carte grâce à ses coordonnées GPS. Un vrai plus dans un pays où de nombreuses rues ne portent tout simplement pas de nom. “Sans de meilleurs débits, le développement de contenus sera toujours limité”, prévient Karim Sy.

Selon ce vétéran du Net, le contenu doit être dual et allier mondes virtuels et réels pour rencontrer le succès. Un pari que relève Africa Internet Holding dans le domaine du commerce électronique en Égypte, au Maroc, au Nigeria, au Kenya et en Côte d’Ivoire. Fin 2013, cette filiale du groupe Rocket Internet annonçait une croissance à deux chiffres et déjà plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires.

Par : Julien Clémençot
Source : Jeune Afrique

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[1] Maroc Télécom répond
Le groupe précise que, contrairement à ce qui a été indiqué dans l’article “Pourquoi l’Afrique n’a pas la fibre numérique”, paru dans J.A. no 2781-2782 (du 27 avril au 10 mai 2014), il met à la disposition des autres opérateurs un accès à sa boucle locale cuivre.

DAR ES SALAAM, Tanzanie, 13 mai 2014/ Tigo Tanzania (www.tigo.co.tz) a annoncé aujourd’hui la création d’une « unité d’exploitation Tigo » pour développer une série de produits utilisant des connexions par fibre optique haut débit en vue de répondre aux besoins tant des grandes que des petites et moyennes entreprises du pays.

La nouvelle équipe envisage de lancer ces nouveaux services à partir du troisième trimestre 2014 en déployant le réseau de fibre optique existant de Tigo et en l’étendant.  Les entreprises locales et internationales pourront bénéficier de la vaste infrastructure de fibre optique de Tigo, qui prend en charge son réseau mobile, et qui possède la capacité suffisante pour prendre en charge la connectivité haut débit désormais exigée par de très nombreuses entreprises tanzaniennes.

Tigo fait partie de la société de médias et de télécommunications Millicom, dont de nombreuses autres activités offrent ces services B2B.  En Tanzanie, le déploiement de la fibre optique fait partie des plans d’investissement globaux de l’entreprise.

L’entreprise étudie également les perspectives qu’offre le déploiement de services de communication par câble aux abonnés dans certaines zones urbaines pertinentes et prévoit le démarrage d’un service pilote plus tard en 2014.

Diego Gutierrez, directeur général de Tigo, a déclaré : « Je suis ravi que nous disposions désormais de cette unité pour promouvoir le développement de notre offre de fibre optique auprès des entreprises tanzaniennes. De la même façon que nous innovons dans notre service mobile de base depuis de nombreuses années, nous franchissons aujourd’hui une nouvelle étape en créant une offre de haut débit qui peut aider à accroître la performance des entreprises et à soutenir la croissance de l’économie locale. »

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Abou Lô a été démis de ses fonctions de directeur général de l’ARTP mercredi 7 mai 2014 en conseil des ministres. Il a été et remplacé par Abdou Karim Sall jusque là membre du collège de l’ARTP.

Selon le site DakarActu, le nouveau Dg de l’ARTP n’est pas en terrain inconnu car ayant fait des études approfondies dans le secteur des télécoms. Ingénieur en télécommunication, diplômé de SUP TELECOM en Tunisie, M. Sall a longtemps travaillé à la SONATEL

DakarActu précise également que le nouveau Dg de l’ARTP mène des activités politiques au sein de l’APR, le parti au pouvoir, et il est le patron du regroupement des cadres Apéristes de la banlieue dont il est le coordinateur.

Abdou Karim Sall a été nommé en 2012 au sein du Fonds de Développement des services universels de Télécom (FDSUT) par le Président Macky Sall, puis au collège de l’ARTP. Pour ainsi dire qu’il s’était quelque peu préparé à sa nouvelle mission.

Avec DakarActu

La Commission des Données Personnelles (CDP) a pris la décision au terme d’échanges de courriers et de rencontres de mettre en demeure les opérateurs de télécommunication SONATEL et TIGO Sénégal pour manquement à la législation sur les données à caractère personnel.

Concernant SONATEL, les manquements constatés sont relatifs à la non-déclaration de la base de données du jeu « Les Folies d’Orange » devant la CDP, la pratique de prospection directe sans consentement des personnes concernées et enfin la diffusion de numéros de téléphone des gagnants aux jeux dans la presse. Cette délibération a été prise par la session plénière des Commissaires de la CDP du 30 avril 2014.

D’autre part, la CDP informe également avoir mis en demeure l’opérateur de télécommunications TIGO pour non déclaration de ses fichiers, bases et systèmes contenant des données personnelles et aussi pour pratique systématique de prospection directe non conforme à la législation. Vous pouvez voir dans chacune des délibérations, la procédure qui a aboutit à la prise desdites décisions.

Par ailleurs, la CDP renseigne que plusieurs structures étatiques et privés ont procédé à la déclaration de conformité des fichiers et bases de données en leur possession (cf. la liste des délibérations de la CDP). La Commission de protection des données personnelles invite par ailleurs les structures étatiques et privées à se rapprocher de ses services afin de procéder, dans les plus brefs délais, à la déclaration de tous les fichiers ou bases de données contenant des données nominatives des sénégalais.

Ci-joints les liens des délibérations :

Via communiqué
CDP : www.cdp.sn

Les débats du NdadjeTweetup de Gorée, dont le thème était « Web-activism et Engagement citoyen », ont suscité beaucoup d’intérêt pour les mécanismes de surveillance citoyenne et d’expression sur la gestion des affaires publiques.

Au nombre de ces mécanismes figure Mackymetre.com, site internet et outil de mesure transparente du taux de réalisation des engagements et promesses électoraux du président Sénégalais Macky Sall.

Tableau de bord et de modèle de suivi évaluation, le concept donne la possibilité aux Sénégalais d’exprimer leur niveau de satisfaction via un système de notation sur 5 niveaux : social, économie et développement, productivité, démocratie,  paix-sécurité-stabilité-intégration « Nous anticipons les questions que les électeurs se poseront en 2017, au moment de la prochaine présidentielle, à savoir si le Président a tenu ses promesses. La plateforme sera là pour les aider à le vérifier» explique El Hadji Daouda Diaw. Initiateur avec trois de ses amis du Mackymetre.com, il a été assailli de questions par les nombreux participants au NdadjeTweep, en vue d’en expliquer le fonctionnement, les paramètres de notation, les sources d’informations et indicateurs.

L’outil se veut participatif et inclusif, avec la possibilité pour les citoyens de faire des propositions et suggestions, de suivre l’évolution des prix des produits et denrées de première nécessité et mesurer de l’e-réputation des membres du gouvernement.Un récapitulatif sur l’état d’avancement de l’exécution des mesures clés est disponible sur toutes les pages du site, de même que les résultats des appréciations des utilisateurs.

Quid de la fiabilité des données? A ce niveau, l’initiateur de Mackymètre a expliqué se baser sur les chiffres et informations officiels, ceux des ministères, du conseil des ministres, des discours présidentiels et du journal officiel. « Les données officielles ne font l’objet d’aucun doute et permettent de mesurer la réalisation ou non des promesses dans le timing initialement prévu », soutient El Hadji Daouda Diaw, qui précise que la dénomination de l’outil s’adaptera avec l’arrivée d’un nouveau président.  D’autres fonctionnalités  ont été intégrées, à savoir un forum de discussion sur la gouvernance du Sénégal et l’actualité africaine.

Certains intervenants ont questionné la représentativité des opinions exprimées sur le niveau général d’appréciation des citoyens de la performance du président Macky Sall, étant donné un faible accès à internet. D’autres se sont demandé pourquoi les initiateurs ne feraient pas des entretiens directs avec des citoyens, pour recueillir leurs avis. Sur ce point, El Hadji Daouda Diaw a indiqué que les problèmes d’accès à internet sont palliés par l’utilisation du téléphone mobile.

Mackymètre.com va bientôt aller plus loin et de nouvelles fonctionnalités développées. Son initiateur a révélé l’obtention récente d’un appui de la fondation Open Society Initiative for West Africa (OSIWA) qui va permettre de renforcer la fiabilité, la représentativité des données recueillies et la dissémination des résultats et analyses. « Nous allons pouvoir aller sur le terrain à travers le Sénégal, voir de près l’effectivité des réalisations énoncées sur papier, parler directement avec les populations et avoir ainsi en temps réel toutes les informations nécessaires » a-t-il souligné. Il est ainsi espéré une plus forte participation dans la notation et, par ricochet, un renforcement du contrôle citoyen de l’action publique.

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Avec Osiwa.org