Les coupes sont “incroyablement douloureuses”, a reconnu Mark Thompson, le directeur général du premier groupe public audiovisuel au monde, tandis que Jeremy Dear, secrétaire général du Syndicat national des journalistes (NUJ), dénonçait “un acte de vandalisme (…) aux conséquences irrémédiables”.
Les mesures se traduiront par la suppression de 650 des 2.400 emplois d’ici deux ans, et la fermeture immédiate de services en cinq “langues” : albanais, serbe, macédonien, anglais pour les Caraïbes et portugais vers l’Afrique.
Les services radiophoniques (mais pas les contenus pour la télévision, l’internet et les téléphones mobiles) seront interrompus dans sept autres langues : azéri, russe, espagnol pour Cuba, turc, vietnamien et ukrainien, ainsi que le mandarin. Cette dernière mesure résulte du brouillage systématique opéré par le régime de Pékin, a expliqué Peter Horrocks, directeur de BBC Global News.
Enfin, l’ensemble des programmes radio sur ondes courtes, un vecteur devenu obsolète, disparaîtront progressivement d’ici trois ans à partir de mars 2011, à commencer par l’hindi, le népalais et les émissions à destination des grands lacs (Rwanda et Burundi).
M. Thompson s’est cependant voulu rassurant quant à l’avenir du World Service, service international, “joyau de la couronne britannique”. Au faîte de son rayonnement pendant la Seconde Guerre mondiale et la Guerre froide, il a été “un rayon de lumière (…) dans un océan de propagande et de censure,” a-t-il déclaré. Grâce aux développements sur la télévision, l’internet et les mobiles, son audience va continuer à croître “de sorte qu’il restera plus écouté que jamais”.
“Le World Service restera une voix puissante et distincte”, a renchéri le ministre des Affaires étrangères, William Hague, dans une lettre aux parlementaires pour démentir toute perte d’influence.
Peter Horrocks n’en a pas moins estimé à 30 millions (sur les 180 millions actuels) la perte d’audience à attendre à l’étranger malgré l’ambition immuable de la BBC “de rester le fournisseur le plus réputé et le plus respecté au monde d’informations de grande qualité, en toute impartialité et indépendance éditoriale”.
Dans l’immédiat, le patron du NUJ retient surtout que le World Service passera derrière son rival historique, Voice of America.
Le Foreign Office, seule source de financement du World Service, a exigé 16% d’économies sur 4 ans à compter de 2011. De plus, à compter de 2014, il cessera tout versement et le World Service devra se financer auprès de la BBC, qui elle tire son budget de la redevance audiovisuelle. Cette manne annuelle de 3,7 milliards d’euros a cependant été gelée pour six ans.
Le groupe BBC a de son côté annoncé en janvier 350 suppressions d’emplois dans le secteur de l’internet.
Ces mauvaises nouvelles font suite à une avalanche de critiques des détracteurs et concurrents de la BBC, qui demandent un arrêt de “l’expansionnisme” et “l’abolition des privilèges” qui lui permettent d’offrir gratuitement des contenus là ou les autres médias souffrent de la crise et peinent à monnayer leur offre en ligne.
Sur la défensive, la BBC joue la transparence, en publiant désormais les salaires de ses hauts dirigeants.
Mercredi, elle a pris un autre engagement : veiller à protéger ses employés “vulnérables”, à commencer par les Iraniens, qui veulent échapper à un rapatriement forcé du fait des économies de la BBC.
[readon1 url=”http://www.afp.fr”]Source :AFP [/readon1]