Sénégal : Instabilité institutionnelle d’un secteur des télécoms en décadence
Au Sénégal, s’il y a un secteur d’activité qui va à contresens de la vision des pouvoirs publics, il s’agit bien de celui de l’économie numérique. Au moment où les technologies de l’information et de la communication se positionnent de plus en plus comme un levier de développement, le département ministériel qui gère ce secteur est l’un des plus instables dans notre pays. Le constat est inquiétant. Depuis la première alternance survenue en 2000, à chaque changement de gouvernement, la tutelle est fortement touchée.
Et ce changement va même jusqu’à la dénomination dudit ministère. Tantôt rattaché avec d’autres départements, les infrastructures et les transports par exemple, tantôt éclaté comme c’est le cas aujourd’hui, ceci donne l’impression d’un vrai tâtonnement de nos dirigeants.
Le nouveau ministre en charge de ce secteur est inconnu de l’écosystème numérique sénégalais. Selon le site Social Net Link qui a pu lever le voile sur le peu d’informations qui existe sur Yaya Abdoul Kane sur la toile, nous avons un ministre « déconnecté ». Xibaaru va plus loin en nous révélant comment celui ci à pu être nommé à un poste ministériel. Enfin c’est Dakaractu qui creuse encore davantage en disant long sur le parcours du nouveau boss des télécoms au Sénégal.
Yaya Abdoul Kane est un sociologe de formation. Bien qu’il ne soit pas dans son domaine de prédilection, nous osons espérer en lui un bon manager pour le rayonnement des télécoms et de l’économie numérique en général. D’ailleurs, rares sont les fois où ce département a été occupé par un professionnel du secteur. Là ne se trouve pas le problème, mais il s’agit plutôt du manque de vision de la part de nos autorités pour ce secteur.
Dénommer ce ministère, Postes et Télécommunications en 2014 relève d’un sommeil profond. Le réveil pourrait être difficile. Pour rappel, en 2005 ce département s’appelait déjà ministère des Postes et des Télécommunications. A l’époque, c’est Joseph Ndong qui occupait ce portefeuille. Entre temps il y a eu beaucoup d’évolutions. De NTIC, nous sommes passés à TIC pour enfin aboutir à l’économie numérique en octobre 2012 avec Cheikh Bamba Dièye, ministre sortant.
Autre élément regrettable, est le fait de rattacher le département de la Communication à un autre ministère (la Culture), en plus de créer un secrétariat à la communication. Nous risquons d’assister à des cafouillages et doublons.
Nous avions souligné ici il y a quelques mois lors du Groupe consultatif de Paris la faible implication de l’économie numérique dans le Plan Sénégal Emergeant.
Et pourtant du coté des autres démembrements de l’Etat, l’ARTP et l’ADIE, des avancées significatives sont notées depuis près de deux ans.