Tiemoko Coulibaly, Directeur pour l’Afrique Francophone du groupe Airtel : “notre ambition est d’être perçue comme la marque la plus aimée en Afrique d’ici 2015”
Bharti Airtel, est présent en Afrique dans 17 pays dont 7 francophones. M. Tiemoko Coulibaly, Directeur pour l’Afrique Francophone du groupe Airtel, a accordé un entretien à la rédaction d’ITmag.sn. Au cours de ces échanges M. Coulibaly a abordé avec nous plusieurs questions parmi lesquelles les ambitions du groupe Airtel sur le marché Africain, leur position sur certains sujets comme le partage d’infrastructures, la portabilité des numéros, le contrôle des appels internationaux entrants.
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ITmag.sn : Bonjour M. Coulibaly, tout d’abord merci d’avoir accepté cette interview. En votre qualité de Directeur général d’Airtel en Afrique francophone, pouvez nous parler un peu de l’organisation de votre groupe et aussi de ses activités?
Tiemoko Coulibaly : Merci Amadou. Comme vous le savez, le groupe Airtel est arrivé en Afrique depuis bientôt un an avec l’acquisition des actifs de Zain et notre siège africain se trouve à Nairobi. Nous sommes organisés sous forme de région, il y a une région anglophone, il y a la région francophone que je dirige et puis il y a le Nigéria qui est tellement immense comme pays que nous en avons fait une région. Airtel est présent en Afrique dans 16 pays, dont 7 pays francophones, voila brièvement ce que je peux dire.
Quels sont les marchés sur lesquels la partie francophone d’Airtel est présente?
Comme j’ai dis tantôt, nous sommes un opérateur mobile qui joue un rôle de premiers plan sur le continent, sur tout les marchés nous sommes soit numéro un ou numéro deux, donc une forte position et notre ambition est non seulement de contribuer à bâtir une infrastructure télécoms en Afrique mais aussi de faire en sorte que les clients africains puissent bénéficier d’un accès le plus économique possible à la téléphonie mobile.
Sur les ambitions, en tant que marque, nous sommes relativement nouveau sur le continent africain, notre ambition est d’être perçue de manière très claire comme la marque la plus aimée et la plus connue du continent africain en 2015. Cela nous impose une grande proximité vis à vis de nos clients, comprendre leurs besoins et offrir des produits qui permettent de satisfaire ces besoins en tenant compte du pouvoir d’achat des populations, c’est un aspect extrêmement important. Donc nous allons apporter des innovations accessibles à nos clients.
Nous allons aller rapidement sur quelques sujets chauds du moment. Pouvez-vous nous donner la position du groupe Airtel sur la portabilité des numéros, le partage d’infrastructures et le contrôle des appels internationaux entrants?
Je commence par mon sujet favoris, le partage des infrastructures. Les investissements dans les télécoms sont extrêmement importants, il est clair que collaborer entre opérateurs, partager les infrastructures permet de pouvoir apporter au client un service à un niveau de coût extrêmement abordable. Et je pense que cet aspect est très important, il permet de réduire les coûts et en réduisant ces coûts de pouvoir offrir l’accessibilité à nos clients. Airtel en tant que groupe est très favorable à cela, nous approchons nos partenaires pour faire en sorte qu’on puisse partager nos infrastructures et que toute l’industrie puisse en faire bénéficier le consommateur final. Nous avons pu constater que les gouvernements également soutiennent ce mouvement, ce qui pourrait développer davantage le partage d’infrastructures.
Quant à la portabilité, je pense que qu’il y a quelques marchés à ma connaissance qui se sont lancés dans la portabilité, mais il évident qu’il est du ressort des autorités de la régulation de prendre des options en la matière et nous en tant qu’opérateur, notre engagement est de faire en sorte qu’une fois les dispositions prises, que nous puissions exécuter la volonté du régulateur et que nous puissions offrir le meilleur service possible à nos clients. C’est tout ce que je peux dire sur la portabilité qui n’est réellement pas encore une réalité dans l’univers francophone. Je sais qu’il y a des pays comme le Kenya et le Ghana qui se sont lancé dans la portabilité, donc attendons de voir ce qui viendra.
De manière pratique, la portabilité des numéros est-elle quelque chose qui peut arranger ou pas la stratégie d’Airtel?
Disons que nous n’avons pas de position exprimée que je sache par rapport à ça. Je crois que la situation évolue selon les marchés. Nous avons une position fondamentale qui est le respect des règles et réglementation qui sont mises en place dans les différents pays, donc il est évident que si le pays décide, si les autorités estiment que la portabilité est une étape importante dans le développement des télécommunications, en tant qu’opérateur on ne peut pas s’y soustraire, donc on n’y fait face. La portabilité a des challenges, mais quelque soit le contexte dans lequel la portabilité arrive, qu’on soit leader ou challenger, il nous appartient de nous organiser pour y faire face. Je ne crois pas qu’il soit dans notre culture de s’opposer à certains types de développement qui peuvent arriver dans l’industrie.
Le troisième point était l’avis du groupe Airtel sur la surtaxe et le contrôle des appels internationaux entrants?
Oui, en général, je crois que c’est un peu uniforme chez les opérateurs. Tout ce qui est perçu comme taxe additionnelle à un impact plutôt négatif sur l’industrie. Augmenter les coûts alors que les efforts un peu partout sont à la réduction des coûts de sorte à faire bénéficier nos clients de prix compétitifs et les plus bas possibles. Donc de ce point de vue, la mise en place de taxe de terminaison en général augmente le coût de la destination, entraîne dans beaucoup de cas l’émergence d’un marché noir avec tout ce que ça peut entraîner comme pertes de ressources pour les opérateurs et à la fin une perte de ressource pour les États. Donc on peut être relativement réservé et inquiet de la mise en place de ce type de taxe. Mais ce sont des sujets dont on discute avec les autorités et on trouve des terrains ententes en général.
Quel est l’avis du groupe Airtel dans la manière dont sont gérés les fonds de service universel en Afrique?
Ce que je peux dire dans la partie de l’Afrique que je gère, il y a des fonds qui ont été constitués et qui ne sont pas encore utilisés pour la mission de l’amélioration de la pénétration de la téléphonie dans les zones rurales. Donc ce que nous faisons dans ces pays, c’est d’encourager les États à mettre en place un processus pour l’utilisation des ressources qui ont été accumulé au fil des années. C’est d’autant plus important qu’aujourd’hui dans la plus part des pays où nous sommes, nous avons un programme agressif de couverture des zones rurales, donc il est important que les fonds qui ont été mis en place pour aider à la couverture de ces parties du territoire puisse être mobilisés pour aider les opérateurs qui assurent la couverture dans ces zones là à pouvoir effectuer leur mission. Notre position est vraiment celle là et en général on en discute avec les autorités, on explique, et on a bon espoir de façon concrète, que l’utilisation de ces fonds dans les pays où nous sommes deviendra une réalité très bientôt.
Je pense que le Niger fait parti des pays que vous gérez. Souvent, à la suite d’une reprise il y a pas mal de remous sociaux, dites nous que fait le groupe Airtel pour éviter ce genre de mouvement social dans les opérations que vous gérez?
Je pense qu’en général les problèmes surgissent de la non compréhension des objectifs des uns et des autres. Je pense que vous faites référence à quelques incompréhensions au moment de l’externalisation vers IBM. Il est clair qu’à force d’explications et de dialogues, les employés se sont rendus compte qu’il y avait le choix pour ceux de nos employés qui souhaitaient passer chez IBM qui a la responsabilité de nos activités IT, dans le cadre de notre partnership mondial, ou alors rester avec Airtel. Le choix étant clair, les explications étant clairement données, dans le sens où il n’y avait aucune perte d’avantages pour nos collaborateurs et puis aussi la perspective de passer chez un géant mondial de l’informatique comme IBM avec toutes les perspectives de carrière et de formations offertes, tout ceci a contribué à dissiper tous les malentendus et à convaincre nos collaborateurs que ce qui s’exécutait était pour le bien de tous. Donc en résumé, expliquer, présenter, échanger, avoir des forums d’échanges nous assurent que les choses se passent bien et les choses se sont bien passé car pas loin de 100% de nos collaborateurs qui étaient dans le département IT sont passé chez IBM et sont extrêmement satisfaits de rentrer dans un monde de référence.
Nous allons terminer par le marché du Kenya. Nous avons vu il n’y a pas longtemps un rapprochement entre Orange et Safaricom dans le sharing d’infrastructures, que pensez vous de cette alliance entre vos deux concurrents? Il y a quelques semaines, un décret présidentiel a mis fin à la baisse entamée par le régulateur des tarifs de terminaison mobile, cette décision ne remet t’elle pas en cause la stratégie d’Airtel dans le pays qui consistait en une “guerre des prix”?…..
Amadou, j’ai laissé continuer jusqu’au bout la question mais le Kenya n’est pas mon territoire, ce n’est pas donc un sujet que je gère de très prés, donc il est tout à fait possible de pouvoir organiser avec mon homologue du Kenya un entretien pour apporter les précisions qui seront nécessaires. Mais en terme de commentaire général, je dois simplement dire que les décisions des autorités sont des décisions que nous évitons de commenter sur la place publique et en général si on a des points là dessus on rencontre les autorités, on a l’opportunité d’en discuter. A travers le continent, on a toujours une oreille attentive des autorités qui font en sorte que nos préoccupations soient prises en compte.
Merci M. Coulibaly. Toute la rédaction d’ITmag.sn vous remercie d’avoir bien voulu lui accorder cet entretien.
Merci beaucoup.
Propos recueillis au téléphone par Mountaga CISSE et Amadou Makhtar FALL de la rédaction d’ITMag.sn.