214 milliards versés à l’Etat en 2015, 108 milliards aux entreprises locales, 4 expatriés sur 1800 employés, 1ère cotation à la BRVM : Sonatel, une poule aux œufs d’or à sauvegarder
Pourquoi la poule aux œufs d’or qu’est la Sonatel dérange ? La dernière attaque ciblée vient de l’association Sos Consommateurs qui a décidé d’attaquer le protocole signé entre l’Etat et l’opérateur historique des télécoms devant la Cour Suprême pour illégalité. La récurrence des attaques pose problème surtout pour une entreprise représentative de la qualité des ressources humaines de notre pays. Sur 1800 employés, on ne compte que quatre expatriés dont un seul occupant le poste de DG adjoint au niveau du staff directionnel de 15 membres. En outre, la Sonatel est la première capitalisation de la Bourse régionale des valeurs mobilières. Lors du dernier trimestre de cotation, la Sonatel s’est classée première du Top 20 des capitalisations devant une flopée de sociétés ivoiriennes. L’Etat qui détient 27% du capital a reçu sur un chiffre d’affaires de 800 milliards en 2015, 214 milliards, tandis que les entreprises locales se sont partagées 108 milliards. Alors un tel tableau incite plutôt à applaudir car si dix entreprises sénégalaises avaient une telle performance, on ne parlerait plus de Sénégal Emergent, parce que le décollage aurait été déjà une réalité.
Massokhna Kane et Cie articulent leurs griefs sur le fait que «le 18 juin 2016, l’Etat du Sénégal a signé avec la Sonatel, un protocole par lequel il s’est engagé irrévocablement à renouveler pour 17 ans la convention de concession de la licence globale à compter de 2017, à octroyer les licences 4G à la Sonatel pour 17 ans également. Tout ce package pour seulement 100 milliards de Francs Cfa (68 milliards de Cfa pour la licence globale et 32 milliards de Cfa pour la 4G) et pour 17 années ». Alors poursuit cette association de consumériste que « C’est en vertu de ce protocole illégal que l’Etat a signé, avec Sonatel, une convention de renouvellement de sa concession couplée à l’octroi des licences 4G en violation flagrante de la convention du 19 juillet 1997, de la loi 2011-01 du 24 février portant code des télécommunications, des actes additionnels et directives de la Cedeao et de l’Uemoa en la matière et du code des marchés publics » . Apparemment le chiffre d’affaires de 800 milliards réalisés par le Groupe Sonatel dérange quelque part. L’on donne l’impression que dans notre pays, c’est un crime de lèse-majesté de faire étalage de la réussite parce que l’océan de misère doit empêcher toute possibilité de décollage d’un segment de la nation.
La médiocrité doit être notre modèle de marque. L’excellence, c’est pour les autres. Certes la Sonatel n’est pas absoute de la qualité du service qui n’est pas encore des meilleures. Mais au niveau de la VDN, on s’y attèle dans une quête absolue de rendre plus performant le service offert aux usagers. Les nombreux projets innovants placent la qualité du service pour les clients au centre des préoccupations de l’équipe de Alioune Ndiaye. Rien qu’en 2015, les investissements réalisés à l’échelle du Groupe Sonatel en matière d’amélioration de la qualité de service est de 158 Milliards FCFA dont 65 milliards FCFA au Sénégal
Géographie du capital de la Sonatel
La géographie du capital de la Sonatel affiche 42% pour France Télécom, Etat du Sénégal 27%, flottant 23% et employés 8%. Au Sénégal, Sonatel est le seul opérateur dont l’Etat du Sénégal est présent dans le capital ; il est également le seul opérateur avec une présence de Sénégalais dans le capital (personnel, institutionnels, petits porteurs …). La Sonatel est une entreprise sénégalaise gérée par des Sénégalais. Le nombre d’expatriés est de 4 sur 1800 employés soit 0,2%de l’effectif total. Le Comité de Direction de Sonatel est composé de 15 personnes : 14 Sénégalais et 1’expatrié du Groupe Orange qui occupe le poste de Directeur général adjoint. En outre l’expertise sénégalaise constitue une fierté. La filiale malienne d’Orange est dirigée par le sénégalais Alassane Diène ancien directeur des ressources humaines à la Sonatel. Il a piloté avec succès la filiale guinéenne de Orange. Tout comme en Sierra Léone, la filiale est managée avec succès par un ancien cadre de la Sonatel Sékou Dramé ancien directeur des entreprises et en Guinée Bissau le Dg de la filiale Seydi Ahmet Sy Sarr ancien directeur juridique de la Sonatel affiche des résultats salués.
214 milliards versés à l’Etat, 108 milliards pour les entreprises locales, 64 versés au Groupe Orange
En 2015, les 800 milliards de Fcfa du chiffre d’affaires indiquent une croissance de 5,8%, portée par les filiales à l’étranger notamment Orange Mali, Orange Guinée et soutenu par le mobile et l’international. Les filiales à l’étranger contribuent à hauteur de plus de la moitié au Chiffre d’Affaires consolidé du Groupe. Sur le résultat net consolidé de 221 milliards FCFA en 2015, plus de 60% est réalisé à l’international. L’Etat a perçu la plus grosse part en termes de dividendes, de taxes et impôts divers pour un montant de 241 milliards. Tandis que les entreprises locales obtenaient de la Sonatel près de 108 milliards. L’animation économique de la Sonatel permet la création de plus de 100 000 emplois indirects et 3 000 emplois directs créés dans la sous – région. Le Groupe Orange ne se situait qu’à un net de 64 milliards Fcfa. Alors vous conviendrez que les bons résultats de Sonatel sont un indicateur de la bonne santé de l’économie sénégalaise. Le Sénégal atteindrait le niveau du Nigeria si seulement moins d’une dizaine d’entreprises sénégalaises atteignaient le même niveau de performance que Sonatel. Et paradoxalement, les revenus tirés du Sénégal ne couvrent pas les charges de l’opérateur. C’est étonnant que Sos Consommateurs ne s’est offusqué du renouvellement de la concession de Tigo en 2012. En son temps Me Massokhna Kane n’a pas senti le besoin de contester un tel accord. Alors faire haro sur la Sonatel quand cette dernière a obtenu son renouvellement suscite une certaine curiosité.
Coût du renouvellement de la licence + 4G comparé à la Côte d’Ivoire?
Les 100 milliards Cca obtenus par l’Etat pour le renouvellement de la concession et l’acquisition des fréquences 4G pour 17 années pour le coût du renouvellement de la licence +4G suscitent encore un large débat pensant que l’Etat aurait été spolié par Sonatel. En outre la Côte d’Ivoire est souvent citée comme modèle à suivre par le Sénégal parce qu’au pays de la Lagune, ils ont bien tiré profit de la licence +4G. Il faut rappeler à ce niveau que le coût global de renouvellement de la concession et l’acquisition des fréquences 4G est le même pour le Sénégal et la Côte d’Ivoire : 100 Milliards FCFA pour chaque operateur (indépendamment comme partout ailleurs, des parts de marchés de chacun). En outre la durée de la concession est également la même : 17 ans. On précisera au passage que la quantité de fréquences allouée aux opérateurs en Côte d’Ivoire pour la 4G est 50% plus élevée qu’au Sénégal. Seulement la comparaison entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire pose problème à ce niveau. D’abord le PIB de la CI est 2 fois plus élevé que celui du Sénégal. Ensuite le prix des licences n’est pas fixé en fonction des parts de marché des opérateurs (les clients par définition choisissent librement leur opérateur).
Bourse : La Sonatel boucle l’année en tête
La Sonatel n’a pas dérogé à ses habitudes à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilière d’Abidjan. En cette fin d’année, après le cumul des capitalisations du dernier trimestre, la société de téléphonie du Sénégal demeure en tête. Elle devance Ecobank. Trans Incorp TG, la Solibra CI et la SGB CI. La Bank Of Africa Sénégal qui vient d’entrer à la côte il y a moins de 2 mois se retrouve en 19ième position. Une belle percée donc. Il faut souligner que ce classement est dominé par les sociétés ivoiriennes qui trustent 13 des 20 places. « Si la Sonatel n’était pas cotée en Bourse, elle serait valorisée à sa valeur mathématique de 45 500 F Cfa par action, soit 455 milliards de francs Cfa ; or elle est cotée à 162 000 F Cfa, soit une valeur d’entreprise de 1 620 milliards de francs Cfa. Cela veut dire que la cotation en Bourse régionale de la Sonatel a enrichi les investisseurs et les épargnants qui ont cru en l’avenir de l’entreprise et à la Brvm, d’une plus-value de 1 165 milliards de francs Cfa. Pour la société elle-même, il y a une opportunité d’accélérer son programme d’investissement pour, entre autres, régler les problèmes de qualité de réseau. A chaque fois qu’elle décidera d’augmenter son capital de 10 %, elle récoltera un capital supplémentaire de 162 milliards de francs Cfa, dont une prime d’émission de la différence entre la valeur boursière et la valeur mathématique, soit à ce jour 117 milliards de francs Cfa. Nous dirons que cela représente une économie, plus précisément un ‘moins à payer’ sur ses investissements de 72 %… Enorme ! la Sonatel ne devrait pas se priver d’en profiter pour nous donner un meilleur réseau » soulignait en octobre Gabriel Fal de CGF Bourse dans les colonnes de Wal Fadjri. D’ailleurs ce dernier appréciant la position de la Sonatel dans l’économie du pays dira que « les performances financières de la société profitent d’abord à l’économie sénégalaise. Quand une entreprise emploie directement 2 000 cadres et agents très fortement qualifiés, qu’elle procure une occupation à plus de 50 000 autres jeunes Sénégalais à travers les 30 000 télécentres qui existent à travers le pays, c’est qu’elle joue un rôle majeur. Et les investissements réalisés ? Ce sont plus de 250 milliards de francs Cfa entre 2004 et 2006, ils ont été en partie réalisés par des Pme et des Pmi sénégalaises… Par ailleurs, Sonatel collecte pour le compte de l’Etat, et lui reverse une cinquantaine de milliards de Tva (NDRL 214 milliards actuellement), paie des impôts, notamment sur le bénéfice qu’elle réalise, et en plus verse des dividendes, non seulement aux actionnaires sénégalais, mais aussi à l’Etat, actionnaire lui aussi à hauteur de 27,67 %. Qui fait mieux dans ce pays ? »
Le bénéfice décrié permet à la Sonatel, la première en matière de Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) du Sénégal. Des partenariats d’envergure sont signés par le ministère de l’Education Nationale pour la connectivité gratuite à internet des établissements publics primaires et secondaires du Sénégal pour un coût de 10 Milliards FCFA. Des actions importantes sont notées dans le domaine de la santé, des TICS et un accompagnement des collectivités territoriales.
Par Abdou Karim DIARRA
Source : Le Témoin