Et le scénario qui se dessine devrait être le suivant : une alliance entre le français Vivendi, le groupe privé Cevital et la Sonatrach. Le groupe français aura 49% de la future structure ; Sonatrach et Cevital se partageront les 51% restants.
Cette configuration va permettre le respect de la nouvelle loi algérienne en matière d’investissements étrangers qui oblige le partenaire étranger à céder au moins 51% du capital à des Algériens. Le management devrait être assuré par Vivendi, un opérateur qui possède une longue expérience dans la téléphonie mobile.
La présence de Sonatrach dans le projet constitue une bénédiction de l’Etat algérien pour ce rachat. Mais pas seulement. Elle a une portée économique et stratégique pour l’Algérie. Elle va en effet permettre à la société nationale des hydrocarbures de valoriser son réseau de 22 000 kilomètres de fibre-optique. Face à la difficulté de relancer Algérie Télécom et moderniser le fixe et l’Internet, le futur Djezzy pourrait permettre à l’Algérie de se doter enfin d’un acteur qui sera présent sur l’ensemble des métiers : le mobile, l’Internet et le fixe. Algérie Télécom resterait alors une coquille vide dont le seul rôle sera d’assurer la gestion du réseau existant et le paiement des salaires de ses 40.000 fonctionnaires.
« Beaucoup d’éléments vont contribuer à accélérer la vente : les tensions diplomatiques algéro-égyptiennes, les contrôles fiscaux subis par Djezzy en Algérie et les échéances de la maison mère, Orascom Telecom », explique un spécialiste du secteur, interrogé par TSA. Pour racheter Wind (Italie) et Hellas (Grèce), Naguib Sawiris a dû en effet s’endetter à hauteur de 7 milliards d’euros, dont 5 milliards auprès de la banque américaine Citigroup. Or, jusque là, le service de la dette était payé en grande partie par le cash généré par Djezzy. Mais le redressement fiscal va priver Orascom Telecom de cette manne et l’obliger à rembourser sa dette ou à la restructurer. Seule une cession de la totalité de Djezzy devrait lui permettre d’atteindre cet objectif d’autant que les échéances de remboursement approchent.
Le seul obstacle reste celui du prix auquel Djezzy sera vendu. Selon une source proche du dossier, Naguib Sawiris espère tirer 10 milliards de dollars de cette vente. C’est d’ailleurs sur cette base de valorisation que Naguib Sawiris avait proposé cet été de céder 51% de Djezzy à un investisseur algérien. Ce dernier a décliné l’offre, estimant que le montant demandé était exagéré.
Mais en face, les candidats potentiels ne sont pas nombreux – un groupe étranger devra avoir l’aval d’Alger pour se lancer dans une telle acquisition et pour l’instant seul Vivendi semble en mesure de l’obtenir. Et ceux qui s’intéressent au dossier trouvent le prix exagéré.
« Aujourd’hui, Djezzy vaut entre 3 et 4 milliards d’euros. Pas plus », affirme un banquier d’affaires. « L’opérateur est certes rentable, avec 580 millions de dollars de bénéfices en 2008, poursuit-il. Mais il fait face à une vague de désabonnements qui pourrait se transformer rapidement en boycottage. Et puis, on est sur le marché algérien, avec toutes les incertitudes que l’on connaît : difficultés à transférer les dividendes, instabilité juridique… ».
[readon1 url=”http://www.tsa-algerie.com”]Source : tsa-algerie.com[/readon1]