Depuis quelques semaines, des informations se succèdent qui ne laissent plus de doute sur les intentions des pays asiatiques d’entrer dans la guerre des OS mobiles pour contrer Apple et Google.
Les amis d’hier seront peut-être les ennemis de demain ». L’expression qui peut faire penser à une maxime asiatique n’a jamais été aussi vraie qu’aujourd’hui pour les éditeurs d’OS mobiles. Depuis quelques semaines, plusieurs informations confirment l’intention de plus en plus forte de la Chine, de Taïwan, de l’Inde et de la Corée du Sud de prendre leur indépendance technologique face aux deux géants que sont Apple et Google. Il y a quelques mois, l’académie chinoise de recherches en télécommunication a alerté Pékin de la « forte dépendance de l’industrie locale du mobile vis-à-vis d’Android ».
Pour corriger le tir et devenir les maîtres des high-tech sur leur territoire, les industriels asiatiques mettent les bouchées doubles. D’autant qu’ils disposent du terrain le plus vaste à conquérir. Le continent Asie-Pacifique offre le plus fort potentiel d’internautes, donc de clients, d’ici 2017, comme le confirment les données diffusées par Mashable. Dans seulement quatre ans, la planète comptera un milliard d’internautes supplémentaires dont 61% seront basés dans la région Asie-Pacifique. Difficile d’imaginer que les entreprises locales vont offrir ce marché à deux entreprises californiennes.
Quand Google se fait piquer ses cerveaux
En une semaine, de nombreux projets ont été révélés qui ne laissent rien présager de bons pour les Américains. D’abord le Taïwanais HTC qui a laissé filtrer dans la presse US, en l’occurrence le Wall Street Journal, qu’il comptait s’éloigner Android pour développer son propre OS mobile qu’il destine particulièrement à la Chine. Le projet serait déjà à la phase du prototype et serait actuellement entre les mains des autorités chinoises en attente d’une validation.
L’autre offensive provient encore de Chine et n’a certainement pas ravi les dirigeants de la société de Mountain View. L’affaire a fait la Une des principaux titres de la presse high-tech et économique et on le comprend puisque Google s’est fait piquer Hugo Barra par le chinois Xiaomi qui l’a nommé vice-président. Ni Barra, ni Xiaomi ne sont connus du grand public, mais ça ne serait tarder.
Hugo Barra était depuis trois ans vice-président de la division Android de Google. Étrangement, depuis l’annonce de son départ, ce départ est justifié par des ragots dans la presse américaine. Sa petite amie l’aurait quitté pour se jeter dans les bras de Sergei Brin, cofondateur de Google. Toutefois, même si cette anecdote est vraie, de plus en plus d’observateurs lui accordent une importance relative. AllThingsDigital note en effet que sa décision de quitter Google est antérieure à sa mésaventure amoureuse.
En effet, Xiaomi lui a fait un pont d’or et ce n’est pas n’importe qui, même si en Europe cette entreprise est parfaitement inconnue. Elle a l’ambition de devenir en Chine ce qu’Apple est dans le monde. D’ailleurs, elle ne cache pas que sa stratégie qui s’inspire de celle menée par Steve Jobs chez Apple en créant un esprit « cool et branché ». D’ailleurs, son dirigeant, Lei Jun, se donne des allures de Jobs dans des conférences qui font penser aux keynotes. Par ailleurs, l’un de ses fondateurs a fait ses armes chez… Google. La stratégie fonctionne bien puisqu’en Chine, les smartphones Xiaomi se vendent déjà plus que les iPhone. Le truc est de ressembler à l’iPhone avec un tarif bien plus bas.
Samsung prêt à la riposte avec Tizen
Enfin, la troisième affaire de la semaine risque d’être la plus efficace dans la concurrence asiatique face aux Américains. L’offensive vient de Samsung qui est le premier partenaire de Google avec la plateforme Android. Le Coréen a désormais l’intention de s’éloigner un peu de Google pour s’allier à Intel avec le projet Tizen. Et, ainsi, attaquer à la fois en Asie et en occident avec ses Galaxy.
Les deux associés n’ont pas perdu de temps puisqu’ils comptent présenter en octobre lors de la DevCon, une conférence Samsung destinée aux développeurs. Le projet va aller vite comme le promet Lee Young Hee, vice-président exécutif de la division mobile de Samsung qui indique que le lancement du système aurait lieu avant la fin de l’année. Il explique aussi que ce « smartphone sous Tizen s’inscrira dans le haut de gamme. Cet appareil sera le meilleur produit équipé des meilleures spécifications ».
Lenovo et Yulong en embuscade
Lors de son étude de marché sur les smartphones et les OS mobiles, Gartner indiquait qu’au second trimestre 2013, plus d’un téléphone mobile sur cinq est vendu par le géant coréen. Et, lorsque l’on regarde le top 10 des fabricants, la domination des Asiatiques est incontestable. Lenovo promet de ne pas être un simple figurant de cette activité. Il occupe déjà la 3e place avec une progression de 131% en un an.
Cette étude a aussi révélé la puissance de Yulong, un fabricant chinois qui a évolué de 216% en vendant plus de 10 millions de smartphones en un trimestre. Selon Nicole Peng, directrice de la recherche chez Canalys, « le principal défi pour ces marques est de parvenir à réduire l’exposition à leur marché intérieur et à croître à l’international ». C’est certainement vrai pour les marques internationales comme Lenovo ou Samsung, mais les autres peuvent parfaitement se contenter des marchés intérieurs. Ce qui ne va pas laisser beaucoup d’opportunité à Apple et Google se faire une place de choix. Les rois d’aujourd’hui pourraient demain perdre leur trône.