Fin juillet, le René Descartes, aujourd’hui à Brest, va débuter la pose du câble ACE (African coast to Europe). De Penmarc’h (Finistère) au Cap (Afrique du Sud), il alimentera vingt-trois pays en téléphonie et Internet. Une sécurité pour les uns, aujourd’hui dépendants d’un seul câble (SAT 3). Une nouveauté et une ouverture sur le monde du haut débit pour les autres : Guinée, Gambie, Liberia, Sierra Leone sur la côte, le Mali et le Niger à l’intérieur des terres africaines…
« Le spéculatif a disparu »
C’est aussi une façon de sécuriser le réseau mondial. L’essentiel des échanges Europe-Asie transite aujourd’hui par l’Égypte. Une nouvelle voie de contournement par l’Afrique du Sud peut s’avérer stratégique.
Depuis l’invention du télégraphe, les câbles traversent les océans sur des milliers de kilomètres. Ils transportent 95 % des télécommunications (5 % seulement par satellite). À l’approche des côtes (moins de 100 mètres de fond), ils sont souvent enfouis dans une tranchée d’un à trois mètres pour échapper aux traits de chaluts.
FT Marine est un des acteurs de la pose. Il agira sur le tronçon Abidjan – São Tomé. Douze commandos Marine seront du voyage pour prévenir d’éventuelles attaques de pirates. Le bateau, tenu au fond par le câble qu’il déroule à moins d’un kilomètre/heure, est une proie facile. Le consortium ACE, créé en juin 2010 pour ce chantier de 587 millions d’euros, compte une vingtaine d’opérateurs téléphoniques, dont France Telecom et plusieurs de ses filiales Orange africaines. Le câble de 17 000 km est produit par Alcatel Submarine network à Calais. Ces fibres optiques peuvent véhiculer 22 millions de communications simultanées.
L’explosion de la bulle Internet avait fortement ralenti l’activité des câbliers. Sur huit câbles transatlantiques posés de 1991 à 2001, deux ont conduit leurs investisseurs à la faillite. Les « tuyaux » étaient sous-utilisés. C’est reparti. « Depuis 2007, on n’arrête pas de poser », se réjouit Raynald Leconte, président de FT Marine. En Asie surtout : quatre câbles posés de 2009 à 2011. « Mais le spéculatif a disparu », assure le président. Ces poses répondent à de réels besoins. Avec les réseaux sociaux, la téléphonie mobile, le trafic Internet ne cesse d’enfler. En 2000, « personne n’imaginait ce niveau d’utilisation », avoue même Raynald Leconte.
Sébastien PANOU
[readon1 url=”http://www.ouest-france.fr”]Source :ouest-france.fr[/readon1]