L’Atelier : Le secteur des télécommunications en Afrique ne cache pas avoir été affecté par la crise. Quelle est la stratégie de Zain pour maintenir sa croissance ?
Louis Lubala : Le taux de croissance n’est plus ce qu’il était par rapport à il y a trois ou quatre ans. En même temps, dans une société multinationale, on ne peut pas garder toujours la même vitesse d’expansion du réseau. Il faut aussi protéger ses marges. Aujourd’hui, il est nécessaire de continuer à croître, certes, mais de manière profitable. Plus que consolider, je dirais qu’il faut optimiser nos marges.
Maintenir sa croissance ne passe donc plus forcément par une extension de son réseau.
La question qu’il faut se poser, c’est : est-ce que construire de nouvelles infrastructures est toujours aussi important ? Ne faudrait-il pas se concentrer sur des actions communes, privilégier des infrastructures partagées entre plusieurs opérateurs ? C’est la direction que prend Zain, pour des questions de coût, mais aussi d’environnement. Nous le faisons déjà d’ailleurs dans certains pays comme le Kenya, où c’est Ericsson qui gère nos réseaux. Au Kenya, il y a Alcatel, et nous réfléchissons également à un partage avec Orange.
Je crois que tout le reste de la pyramide découle de cette collaboration, de la nécessité de savoir s’il faut partager ou vendre, développer soi-même ou acheter. On peut prendre l’exemple des Value Added Services. Il est parfois plus simple de déléguer, pour se concentrer sur d’autres projets comme la fidélisation de ses consommateurs.
Mais si vous vous focalisez maintenant sur la fidélisation de vos consommateurs, n’allez-vous pas négliger ceux qui ne le sont pas encore, notamment par manque d’infrastructures ?
L’une des possibilités est de partager des réseaux existants. A la place de construire là où l’on n’est pas présent, il vaut mieux regarder qui y est déjà et s’il est possible d’échanger nos infrastructures. La deuxième option concerne les zones blanches. Au lieu de bâtir seuls un réseau à 200 000 dollars, nous pouvons partager les coûts. Cela améliore nos marges et nous permet de grandir. Cela ressemble au modèle adopté par Bharti en Inde.
Si les opérateurs généralisent le partage de réseau, sur quel plan va se jouer la concurrence ?
Sur la marque, l’activité commerciale, la distribution. Ce qui réduit les marges, ce sont essentiellement les réseaux. Pas tant leur distribution mais leur construction, leur gestion. Et quand il y a des problèmes d’électricité, il faut aussi gérer cela.
Le prochain grand axe de développement pour les opérateurs, finalement, ce seront les services ? A ce moment-là, les fournisseurs indépendants ne représentent-ils pas une nouvelle concurrence pour vous ?
Oui, il y a un changement sur le marché des télécoms. Nous voulons grandir, mais de façon plus rentable qu’avant, en monétisant nos clients. Il faut s’adapter à ce qu’ils veulent, ce dont ils ont besoin.
Quant aux fournisseurs indépendants, ils sont intéressants pour nous. Et il faut trouver les moyens de travailler avec eux. Il y a des partenariats possibles, et d’autant plus profitables qu’ils ont déjà expérimenté leurs solutions.
Quels types de services développez-vous au Niger ?
Il faut savoir que le taux d’alphabétisation n’est que de 27%. Nous cherchons du coup avant tout à développer des solutions alternatives aux SMS. Nous proposons également des services de m-payment, via le système Zap de Zain. Nous en sommes encore au début, c’est-à-dire que Zap ne fonctionne encore qu’avec certaines entreprises ciblées, comme des fournisseurs d’électricité, des supermarchés, des stations service… Nous sommes reliés à l’EcoBank, car il est nécessaire d’avoir une licence de la banque centrale.
[readon1 url=”http://www.atelier.fr”]Source : atelier.fr[/readon1]