C’est l’un des grands chantiers de Stéphane Richard pour 2011. Le directeur général de France Télécom l’a déclaré lui-même aux salariés de l’entreprise lors de ses voeux, le 11 janvier dernier : il faut que France Télécom retrouve le chemin de l’innovation. Pour cela, le dirigeant a mandaté le cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG), chargé d’étudier le processus d’innovation dans le groupe. Et les consultants, qui travaillent sur le sujet depuis quelques semaines, feront des propositions pour améliorer l’efficacité de la recherche et développement. Cette réflexion devrait aboutir, fin mars, à l’organisation d’états généraux de la R&D chez France Télécom. Le but ? Définir une feuille de route claire pour les chercheurs du groupe.
L’an dernier, en 2009, l’opérateur historique a investi 862 millions d’euros dans l’innovation, ce qui représente 1,9 % de son chiffre d’affaires. En tout, près de 3.100 salariés basés en France travaillaient dans la R&D et l’innovation à la fin 2009. C’est beaucoup plus que ses concurrents. A titre de comparaison, Deutsche Telekom a dépensé 200 millions d’euros en R&D en 2009. Toutefois, « il ne s’agit pas de dépenser moins mais mieux », indique une source chez France Télécom. Car force est de constater que les principales innovations dans le numérique ne sont pas sorties des laboratoires des opérateurs télécoms ces dernières années. Les entreprises les plus innovantes ont sans conteste été les développeurs de services Internet, du type Google, et les fabricants de terminaux, comme Apple ou BlackBerry. Il faudra donc « être plus sélectifs dans nos projets. On ne peut pas travailler sur des centaines de sujets différents. Il va falloir mettre l’accent sur l’ergonomie des services, leur simplicité et le caractère intuitif de la technologie. Enfin, nous devons être plus rapides et plus agiles en ce qui concerne la mise sur le marché des innovations », selon un cadre.
Organisation émiettée
Dans la pratique, l’organisation est aujourd’hui considérée en interne comme étant compliquée et émiettée. Plusieurs entités coexistent. Les Orange Labs sont disséminés un peu partout dans le monde, de Pékin à Amman en passant par San Francisco. Les sites historiques de R&D sont basés en Bretagne et à Issy-les-Moulineaux. Le Technocentre principal, basé à Châtillon, en Ile-de-France, marie R&D et marketing et a vocation à être une usine à innovations pour le groupe. Enfin, Orange Vallée est une sorte de start-up sensée être à la pointe des nouveaux usages.
Tout ne sera pas remis à plat. L’idée du Technocentre séduit chez l’opérateur, mais clairement pas celle d’Orange Vallée. L’existence de cette structure, qui coûte 40 millions d’euros par an, pourrait être remise en cause au printemps. Quant aux Orange Labs, ceux de Boston et de Séoul ont déjà été fermés l’an passé.
Le chantier n’est pas nouveau, mais socialement risqué. En 2008, 325 postes d’ingénieurs avaient été supprimés en France. Et la plaie ouverte par la crise des suicides de l’automne 2009 n’est pas encore totalement refermée chez les salariés de l’opérateur. Stéphane Richard veut donc procéder en douceur. « La R&D a déjà été réorientée avec une réduction drastique des budgets alloués à la recherche fondamentale », estime un syndicaliste. « Aujourd’hui, la R&D doit répondre aux besoins des clients », admet ce dernier. L’heure n’est donc pas à la panique chez les représentants du personnel.
G. de C., Les Echos
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