France Télécom cherche à accroître sa présence sur le marché à forte croissance de la téléphonie mobile en Afrique en lançant des services au Bénin, au Togo, au Burkina Faso et en Mauritanie. L’opérateur historique français cherche par ailleurs à signer des accords avec des firmes de télécoms en Libye et en Algérie, selon Elie Girard, directeur exécutif en charge de la stratégie et du développement. Aucune acquisition n’est dans le viseur de France Télécom actuellement mais l’Afrique et le Moyen-Orient font figure de priorité pour la croissance, dit-il. “Si nous parvenons à entrer au Bénin, au Togo, au Burkina et en Mauritanie par exemple, cela aura beaucoup de valeur pour nous”, a-t-il dit lors d’une rencontre avec la presse à Londres. La proximité de ces pays avec les activités existantes d’Orange au Mali et au Sénégal les rend plus attractifs, a-t-il noté. Orange, la marque sous laquelle France Télécom commercialise ses services, opère à ce jour dans 21 pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Parrain de la Coupe d’Afrique des nations dont l’édition 2013 va bientôt débuter, Orange est le troisième opérateur de téléphonie mobile de la région derrière le sud-africain MTN et le britannique Vodafone.
Le groupe français veut aussi se développer en Libye, en Algérie et en Ethiopie par le biais de contrats de gestion de réseaux d’autres opérateurs. “Il y a deux opérateurs en Libye aujourd’hui et un appel d’offres est en cours pour des contrats de gestion. Nous travaillons dur pour en obtenir un”, a dit Elie Girard. L’Algérie, marché large et sous-développé en infrastructures télécoms, a pour autre atout d’être stratégiquement intéressant, mais tout progrès y sera lent, a-t-il noté. Elie Girard n’a pas précisé si France Télécom soumettrait une offre pour la participation de 53% de Vivendi dans Maroc Telecom. Vivendi espère tirer au moins 5,5 milliards d’euros de son désengagement en cours.
L’opérateur sud-coréen KT a soumis une offre préliminaire à la mi-décembre mais France Télécom n’a pas encore fait connaître sa décision.
Début décembre, le PDG Stéphane Richard avait jugé Maroc Telecom “stratégiquement intéressant” tout en notant qu’il disposait de moyens financiers limités pour réaliser des acquisitions. De surcroît, l’opération pourrait s’avérer complexe dans la mesure où France Télécom détient 40% du deuxième opérateur marocain, Meditel, qu’il pourrait devoir céder dans cette éventualité.
CHIFFRE D’AFFAIRES DOUBLÉ D’ICI 2015
France Télécom a pour objectif de doubler son chiffre d’affaires dans les marchés émergents à sept milliards d’euros d’ici 2015. Le groupe estime cet objectif en bonne voie après avoir réalisé des acquisitions au Maroc, en Tunisie et en Irak au cours des deux dernières années. A la fin 2011, il comptait 14 millions de clients en Afrique et au Proche-Orient, selon son rapport annuel. Mais les opérateurs en général peinent à traduire la croissance du nombre d’abonnés en profits compte tenu des faibles revenus de la population de la région, qui dépense bien moins en téléphones et en communications qu’en Europe.
Le revenu annuel moyen par utilisateur n’est que de 36 euros pour Orange en Egypte et de 80 euros au Sénégal, contre 375 euros en France et 163 en Espagne. Pour augmenter cette moyenne, il faudra que les classes moyennes de ces pays adoptent à leur tour les smartphones pour surfer sur internet. L’entretien de réseaux sur le continent est par ailleurs coûteux et difficile, compte tenu de l’état des réseaux électriques et de l’absence de câbles à haute capacité pour le trafic internet.
La situation politique des pays, comme le conflit en cours au Mali ou le printemps arabe en Libye, peuvent aussi avoir un impact important sur les télécommunications. En dépit de ces difficultés, France Télécom est déterminé à se renforcer dans la région. “Notre objectif est de rééquilibrer les différentes parties du groupe”, a expliqué Elie Girard. “Cela ne signifie pas qu’on va investir massivement dans d’énormes acquisitions juste pour être visibles, mais que nous allons poursuivre une stratégie très raisonnable de développement et d’acquisitions, pas à pas, comme nous l’avons fait au cours des 15 dernières années.”