Baisse des revenus
Car d’autres opérateurs semblables à Free Mobile se cachent en Europe. « Dans certains pays, nos filiales subissent des attaques tarifaires très dures », selon Elie Girard, directeur exécutif d’Orange en charge de la stratégie et du développement . « En Pologne, Play, le quatrième opérateur mobile, s’est lancé avec des tarifs agressifs. Et en Roumaine le câblo opérateur RCS-RDS, fait désormais du mobile avec des prix très bas. » La filiale polonaise, qui va supprimer 1.700 postes en 2013, a vu ses ventes chuter de 4 % l’an passé. Credit Suisse table sur un nouveau recul de 7 % cette année. Et en Roumanie, la baisse des revenus a atteint 2,5 % en 2012.
Autre raison des difficultés : l’absence d’activité fixe, notamment en Roumanie et en Belgique, empêche les filiales d’Orange de faire des offres quadruple play, mêlant fixe et mobile, et permettant de verrouiller le client chez un seul opérateur. Une parade existe toutefois. « Nous discutons avec les régulateurs de ces pays pour qu’ils ouvrent plus à la concurrence les réseaux fixes et ceux des câblo-opérateurs. L’autre solution serait d’arriver à un accord avec un acteur du fixe, de revente de nos offres respectives, comme le font par exemple Comcast et Verizon aux Etats-Unis », poursuit Elie Girard.
En Afrique, l’Egypte – le premier marché mobile du groupe en termes de nombre de clients – est en panne. Les changements politiques, l’agitation sociale et les incertitudes économiques entachent sérieusement la capacité de croissance de Mobinil, racheté à Naguib Sawiris il y a deux ans. Et l’opérateur historique Telecom Egypte deviendra MVNO prochainement. Orange rencontre toutefois de beaux succès dans d’autres pays. « L’activité en Côte d’Ivoire est repartie très fort après le règlement de la crise politique », se réjouit Elie Girard. Sonatel, présent dans plusieurs pays dont le Mali et le Sénégal, marche bien. Le service de transfert d’argent sur mobile, Orange Money, fait un tabac.
Reste que l’objectif de 300 millions de clients d’ici à fin 2015 – contre 230 millions fin 2012 – risque d’être difficile à atteindre. Le groupe regarde donc des « petits » dossiers à l’étranger, même s’il est contraint sur le plan financier. Il a déposé une offre pour reprendre Matel, le deuxième opérateur mauritanien. Il a fait acte de candidature pour une licence fixe et mobile en Birmanie et explore d’autres voies en Afrique pour que le moteur international redémarre.
Guillaume de Calignon
Source: lesechos.fr