La qualité de l’interconnexion entre les opérateurs de téléphonie mobile Airtel et Libertis, filiale de Gabon Télécom, fait actuellement l’objet de critiques. En effet, depuis plusieurs semaines, plusieurs abonnés de Libertis rencontrent d’énormes difficultés à joindre ceux d’Airtel.
Selon des sources proches de Libertis, son concurrent saboterait volontairement la réception de signal de son concurrent, aux fins de voir un bon nombre de clients quitter la filiale GSM de Gabon Telecom. Une hypothèse d’autant plausible que les abonnés lésés de Libertis n’hésitent pas à se tourner vers d’autres opérateurs, dont Airtel arriverait en pôle position. Du côté d’Airtel, par contre, ces perturbations incomberaient à Libertis, car avait indiqué en septembre 2010 le directeur commercial de la maison devenue indienne, «nous n’avons aucun intérêt à brouiller volontairement notre réseau d’interconnexion».
Une situation similaire avait opposé les deux opérateurs il y a trois ans au sujet d’une dette d’interconnexion qui avait pris du retard dans son règlement. La situation avait engendré pendant plusieurs jours l’impossibilité d’interconnexion entre ces deux opérateurs, au grand dam de leurs abonnés. Certes l’arbitrage de l’Agence de régulation des télécommunications (ARTEL) et du ministère de la Communication, avait permis de défaire ce blocage. Mais trois ans plus tard, les difficultés d’interconnexion continuent au grand dam des abonnés.
L’hebdomadaire “Echos du Nord” qui cite des chiffres communiqués par Artel affirmant que Airtel est le numéro 1 du GSM national avec 58% des parts de marché devant Libertis (34%) et Moov (8%), pense qu’avec de tels scores, la succursale gabonaise de Bharti use et abuse de sa position dominante. Ce qui est condamnable ainsi qu’on l’a vu ailleurs avec les différents procès faits à Microsoft. En brouillant l’interconnexion avec Libertis, Airtel prive les clients de ce dernier de 58% de correspondants GSM. Ce qui peut avoir des effets négatifs à différents niveaux chez le concurrent.
Airtel n’a nullement le droit de se faire elle-même justice, encore moins de brider ainsi son concurrent. On se demande donc pourquoi le tribunal de commerce de Libreville n’ouvre pas une instruction sur ces agissements qui, s’ils sont avérés, grugent les règles de la concurrence pure et parfaite. De même, l’Artel devait être plus regardant et amener les deux opérateurs à une commune mesure qui éviterait de pénaliser la clientèle du concurrent d’Airtel Bhrati.
Ainsi que l’a rappelé l’hebdomadaire “Echos du Nord”, en septembre 2010 le directeur général de l’ARTEL, Fabien Mbeng Ekogha, avait réuni tous les opérateurs de téléphonie mobile du pays pour vider les différends sur l’interconnexion. Plusieurs résolutions afin été prises lors de cette réunion afin d’assainir leurs rapports pour une meilleure exploitation du réseau des télécommunications. Notamment la réconciliation du trafic d’interconnexion entre les opérateurs qui se ferait désormais mensuellement.
Comme en 2008, les regards sont tournés vers l’ARTEL pour décrisper ce «climat conflictuel» entre les deux opérateurs. Mais le gendarme du secteur des télécommunications trouvera-t-il enfin la bonne formule pour résoudre définitivement ce bras de fer qui fragilise ce secteur clé de l’économie?
[readon1 url=”http://www.africatime.com”]Source :africatime.com[/readon1]