Les câbles de la fibre optique, déployés pour le projet WACS, longs de 14.600 km quittent Londres, longent les pays de l’Afrique de l’Ouest jusqu’à Cape Town (Afrique du Sud). Son coût s’élève à 600 millions de dollars américains.
« La RDC n’a pas été connectée parce que nous sommes un peu en retard par rapport à la construction du point d’atterrage qui doit être connecté à la fibre optique. Dans les deux mois qui suivent, les travaux [de construction de cette station] seront finis. Cette fois, il y a trois vecteurs qui concordent : il y a la volonté politique très engagée, la compétence de l’exécutif de la SCPT et la volonté de tous les employés de la SCPT [à faire aboutir ce projet]», a déclaré Placide Mbatika, administrateur directeur général de la Société congolaise de poste et télécommunication (SCTP) qui a assisté lundi au lancement du projet WACS en Afrique du Sud.
La station d’atterrage permet l’exploitation effective de la fibre optique. « Fin août, nous serons connectés », assure Placide Mbatika. A l’en croire, le déplacement de la délégation congolaise en Afrique du Sud s’inscrivait davantage dans le cadre d’une visite d’information. Il a affirmé :
« Nous sommes allés visiter le point d’atterrage de l’Afrique du Sud et nous sommes allés rassurer nos partenaires sur l’implication de la RD Congo dans le consortium WACS, leur dire que l’Etat congolais a mis tous les moyens pour notre participation au projet WACS. »
Qui va gérer les revenus de la fibre optique ?
La RD Congo demeure à la queue des Nations connectées à la fibre optique alors que le câble sous-marin qui relie le pays à l’Europe a été posé à Moanda, ville côtière de l’Ouest, en février 2011. Depuis cette date, les querelles se sont succédées entre syndicalistes et l’ancien comité de gestion de la SCPT sur l’entité qui devrait gérer les revenus que générera l’exploitation de cette technologie. En juin 2011, Alphonse Lukusa, le président d’un syndicat de la SCPT affirmait à Radio Okapi que les revenus attendus de l’exploitation de la fibre optique étaient de l’ordre de 30 à 40 millions de dollars américains par mois. Une affaire de gros sou.
Les syndicalistes accusaient l’ancienne ministre du Portefeuille, Jeanine Mabunda et celui des PTT, simon Bulupiy d’user des manœuvres visant à retirer la gestion de la fibre optique à la SCPT pour la confier à une entreprise dénommée Congo câble, fictive, selon les syndicalistes et créée de toute pièce pour gérer les fonds qui seront générés par l’exploitation de la fibre optique. Des craintes compréhensibles, estimaient les observateurs, lorsqu’on sait que les employés de la SCPT comptent près de cent mois de non paiement de salaires. Et attendent beaucoup de l’exploitation de la fibre optique.
Taux de pénétration Internet
La fibre optique s’avère utile en RD Congo, un pays grand comme quatre fois la France, mais qui a l’un des taux de pénétration d’Internet le plus faible au monde. L’Afrique elle-même ayant un taux de pénétration de 23%. Les chiffres récents sur le taux réel de pénétration d’Internet en RDC sont difficilement trouvables. Mais « quinze fournisseurs d’accès Internet étaient reconnus en 2005, avec un nombre d’internautes estimé à 140 625, celui des abonnés à Internet WLAN à 24 000 et celui des abonnés à Internet à large bande à 1 500 la même année » pour une population estimée à 60 millions d’habitants, indique une étude réalisée en 2007 par le centre canadien de recherche pour le développement international (CRDI) pour le compte de l’Office congolais de poste et télécommunication (OCPT), l’actuelle SCPT.
Dans les grandes villes du pays, les Congolais accèdent à Internet dans les cybercafés essentiellement pour lire et envoyer des courriers électroniques. Et de plus en plus des jeunes gens fréquentent les cybercafés pour utiliser les réseaux sociaux, le débit très faible ne permettant généralement pas la lecture des vidéos ou les téléchargements de certains fichiers lourds dont le PDF. En RD Congo, l’Internet reste encore un bien élitiste. Mais si le pays n’est pas connecté à la fin août, il y a une élite qui risque d’être pénalisée. C’est celle qui se réunira du 12 au 14 octobre prochains à Kinshasa dans le cadre du XIVè sommet de la francophonie. Une rencontre qui nécessitera, on s’en doute bien, de l’Internet à haut débit.
Source: radiookapi.net