Ce qui est étonnant cette année, c’est l’attention accordée à l’impact de l’ICT dans les pays en voie de développement. L’Afrique constitue assurément une priorité en cette année 2009. En soi, cela n’est guère surprenant. Comme l’on n’y a au cours des décennies écoulées si peu investi dans des réseaux fixes, la téléphonie mobile connaît un boom sur ce continent. En outre, l’Afrique est toujours plus souvent considérée comme un champ d’expérimentation. Chez nous, les paiements mobiles commencent seulement à percer, alors que dans la zone juste au-dessus de l’équateur, le phénomène existe depuis des années déjà.
“Sur certains points, nous sommes assurément en retard”, a admis Paul Kagame, le président du Rwanda, lors d’une conférence de presse très suivie, “mais ces deux dernières années, l’on a injecté plus de 8 milliards de dollars dans l’infrastructure africaine (surtout de la part d’entreprises chinoises comme Huawei, mais personne ne souhaite le dire, ndlr). Au cours de cette période, le secteur télécom a généré 30 milliards de dollars de rentrées sur notre continent.”
Et même si l’accès local au capital pose encore problème, la Banque Mondiale évoque quand même une amélioration du climat pour les investissements en Afrique. Demain, cette même banque présentera d’ailleurs un programme d’investissements ambitieux (le ‘Central African Backbone Program’), dans le but d’introduire rapidement et à moindre coût l’internet en Afrique centrale. Dans une première phase, la Banque Mondiale injectera 215 millions de dollars dans ce projet.
Hamadoun Touré, directeur de l’ITU, lui-même né au Mali, invite dès lors les pays occidentaux et la Chine à investir encore davantage sur les marchés (télécoms) émergents. Non pas par obligation morale, mais parce qu’il y a de bonnes raisons commerciales de le faire. “There’s no need for charity. You just need a good businessplan.”
Rien qu’au Rwanda, le nombre d’abonnés mobiles a grimpé l’an dernier de pas moins de 200 pour cent. Dans les pays voisins, on enregistre des chiffres similaires. “Les pays en voie de développement ne doivent pas venir mendier”, explique encore Touré. “Mais les pays développés doivent aussi pouvoir reconnaître qu’ils ont commis des erreurs dans le passé.”
Hamadoun Touré plaide donc pour un dialogue plus constructif entre les pays développés et ceux en voie de développement, afin de mettre fin aux différences de vitesse entre le Nord et le Sud. Tout comme il lance un appel pour davantage de partenariats publics/privés, ce qui, selon l’ITU, constitue la stratégie pour une croissance de l’ICT.
En propageant l’ICT dans les pays plus pauvres, l’économie elle-même devrait suivre, croit le secrétaire général: “Le secteur ICT se trouve dans une excellente position pour aider le monde en ces temps difficiles. Ces cinq dernières années, les entreprises ICT n’ont-elles pas créé plus d’emplois que n’importe quel autre secteur? Il n’en ira pas autrement à l’avenir.”
Frederik Tibau
[readon1 url=”http://www.datanews.be/fr”]Source : Datanews[/readon1]