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La justice américaine a fermé jeudi 19 janvier 18 sites Web, dont les services très populaires Megaupload (téléchargement direct) et Megavideo (streaming) dans le cadre d’une vaste procédure judiciaire. Le FBI a annoncé la mise en examen de sept personnes liées

au réseau de sites Web “Mega”, accusés de conspiration en vue de violer le droit d’auteur et de blanchiment d’argent. Les sept hommes risquent jusqu’à vingt ans de prison.

ARRESTATION DU CRÉATEUR DE MEGAUPLOAD

Sans attendre l’issue du procès, le FBI a bloqué directement l’accès aux sites, en utilisant la procédure controversée de blocage DNS. Cette procédure consiste à bloquer l’adresse informatique d’un site Web à un niveau fondamental, empêchant les navigateurs Internet de le trouver et rendant les sites inaccessibles.

Ce n’est pas la première fois que les autorités américaines procèdent à des saisies de noms de domaine. Depuis juin, 2010, l’administration Obama a mené une opération “in our sites”, qui vise à la fois la lutte contre la contrefaçon de produits pharmaceutiques et le téléchargement illégal de fichiers musicaux ou vidéo. D’après TorrentFreak, Megaupload, mais aussi le catalogue The Pirate Bay avaient échappé de peu à une telle saisie en 2010.

Pour le site spécialisé, ce type d’opérations, qui peut également concerner des sites à l’étranger est réalisé en collaboration avec l’Icann, chargé de la gestion des noms de domaine. Mais l’organe américain a précisé, dans un communiqué, qu’il n’était pas partie prenante d’une telle opération.

Le FBI a également saisi 50 millions de dollars appartenant aux administrateurs présumés du réseau Mega, en majorité des ressortissants allemands. Créé par le mystérieux Kim Schmitz, dit “Kim Dotcom”, un informaticien allemand, Megaupload fait partie des 100 sites les plus fréquentés au monde, selon la plupart des classements. M. Schmitz a été arrêté ce jeudi en Nouvelle-Zélande avec deux autres personnes, a annoncé le ministère de la justice américain. Leur demande de libération sous caution leur a été refusée.

“LA VASTE MAJORITÉ DU TRAFIC DE NOS SITES EST LÉGALE”

Megaupload comme Megavideo hébergent de nombreux fichiers de films ou de musique protégés par le droit d’auteur. Ses administrateurs se présentent comme gérant un simple site d’hébergement, qui supprime les contenus illégaux sur simple demande, mais pour le FBI – et une grande partie de l’industrie du disque et du film – Megaupload et Megavideo sont conçus pour favoriser le téléchargement illégal. Juste avant son blocage, Megaupload avait affiché le message suivant : “La vaste majorité du trafic de nos sites est légale, et nous sommes là pour durer. Si l’industrie du divertissement veut tirer parti de notre popularité, nous serions ravis de discuter avec eux.”

Le blocage de ces sites intervient au lendemain d’une vaste mobilisation de sites Internet américains contre deux projets de loi, “PIPA” et “SOPA”, qui prévoient de faciliter le blocage de sites Web pour protéger le droit d’auteur, sans intervention de la justice.

Au cours de la nuit de jeudi à vendredi, de nombreux sites officiels américains dont celui du FBI ou du ministère de la Justice, ainsi que des sites liés à l’industrie du divertissement – dont le site américain d’Universal – ont été la cible d’attaques informatiques et été rendus temporairement inaccessibles. Ces attaques dites de déni de service – qui consistent à saturer un site de connexions pour le bloquer – ont été revendiquées dans plusieurs messages attribués à Anonymous, un collectif informel de personnes affirmant défendre la liberté d’expression. En France, le site de la Hadopi, victime d’attaques du même type, était encore inaccessible, vendredi matin.

Damien Leloup

Source: lemonde.fr

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