Le marché des télécommunications en Afrique suscite l’appétit des grands opérateurs internationaux
Les mouvements de concentration entamés depuis quelques années entre les acteurs internationaux du marché africain des télécommunications entrent dans une phase d’accélération. La plus grosse opération pourrait être réalisée très prochainement par Vivendi qui confirmerait ainsi une stratégie de forte croissance annoncée fin 2008. Le géant français, dont l’unique filiale africaine, Maroc Télécom, ne compte pour l’instant qu’une vingtaine de millions de clients répartis dans quatre pays (Maroc, Mauritanie, Burkina, Gabon), négocie actuellement le rachat de l’ensemble des activités africaines de l’opérateur koweïtien Zain bien implanté en Afrique.
40 millions de clients répartis dans une quinzaine de pays
Une volonté de recentrage sur le marché moyen oriental, conjugué à des problèmes boursiers, aurait poussé Zain à envisager cette cession malgré les sommes considérables investies ces dernières années pour s’imposer sur le marché africain, l’opérateur koweitien ayant notamment déboursé 3,4 milliards de dollars en 2005 pour acquérir le poids lourd des télécoms africaines Celtel. Si l’opération se concrétisait, Vivendi récupérerait les 40 millions de clients de Zain, répartis dans une quinzaine de pays. Il s’installerait ainsi dans le peloton de tête des opérateurs de téléphonie mobile en Afrique tout en devenant quasi monopolistique au Maroc, l’acquisition de Zain incluant en effet des prises de participations dans deux des principaux opérateurs de ce pays.
Orange sous pression
Cette vaste offensive met la pression sur le groupe Orange qui tente depuis plusieurs mois d’étendre son contrôle sur ses filiales sénégalaise (Sonatel) et égyptienne (Mobinil). Le géant français, actuel numéro 1 des télécoms en Afrique, au coude à coude avec le sud-?africain MTN, doit aussi faire face aux velléités du mastodonte britannique Vodafone. Celui-?ci a donné le ton de ses ambitions africaines en s’octroyant récemment Vodacom, le numéro 1 sud-?africain du GSM.
L’égyptien Orascom, qui figure lui-?aussi dans le top 5 des opérateurs télécoms en Afrique, n’est pas en reste. Il est candidat au rachat du marocain Méditel dont les deux principaux actionnaires, Portugal Telecom et l’espagnol Telefónica, souhaitent revendre leurs participations. L’émirati Etisalat et le qatari Qtel lorgneraient aussi sur ce marché, tandis qu’en Tunisie la bataille fait rage entre la filiale locale de France Télécom et l’opérateur Turkcel pour obtenir la troisième licence de téléphonie mobile du pays.
Un prélude à de nouveaux investissements ?
Cette course aux acquisitions confirme que l’Afrique est bien le « nouvel eldorado » mondial de la téléphonie mobile. 280 millions d’Africains sur près d’un milliard sont aujourd’hui abonnés à un opérateur, et ce nombre devrait quasiment doubler à l’horizon 2013. Ce mouvement général de concentration des grands groupes internationaux sur le continent pourrait aussi annoncer une nouvelle vague d’investissements. La poursuite de la croissance du marché africain ne pourra en effet se faire qu’avec la conquête des régions rurales où des travaux d’infrastructures sont nécessaires pour étendre la couverture des réseaux. Or seuls les grands groupes disposent d’une puissance financière suffisante pour supporter un retour sur investissements à moyen ou long terme.
En Afrique, comme dans le reste du monde, la constitution de grands groupes continentaux devraient néanmoins profiter en premier lieu aux consommateurs. Outre une extension du réseau aux zones les plus reculés, cette concentration devrait aussi générer une diversification des services (mobile banking, Internet et réseaux 3G) ainsi qu’une baisse des prix.
[readon1 url=”http://www.afriqueavenir.org”]Source : afriqueavenir.org[/readon1]