L’informel redonne-t-il un second souffle au secteur des TIC en Afrique ?
possible que l’on puisse se frayer au milieu du méli-mélo d’objets et de produits électroniques d’occasion. De part et d’autres, des kiosques, des boutiques, des hangars, des baraques « de fortune » avec des enseignes qui se disputent la vedette au même moment où leurs propriétaires respectifs vous accostent ou vous interpellent pour essayer de vous vendre « à tout prix » leurs produits et denrées “rares”. Bienvenue dans le marché de l’informel au Sénégal !
Que ce soit avec des « bana bana », des « modou modou » (Sénégal), des « pousse-pousse » du marché Dantokpa (Bénin) ou encore des « nana benz » (Togo), une complicité tacite se noue entre les citoyens et ces différents micro-entrepreneurs et hommes d’affaires…. L’argent est évidemment au centre de cet éco-système commercial et industriel et sa circulation reste impressionnante au vu de la rapidité des transactions à l’intérieur du « réseau » et d’un bout à l’autre de la chaîne de solidarité.
Se construit alors le puzzle d’un jeu socio-urbain, plus réel que virtuel, et qui, à en croire certains vendeurs que nous avons questionnés, comporte tout de même des règles : la facilité d’accès aux activités, l’utilisation de ressources locales, la propriété familiale des entreprises, l’échelle restreinte des opérations, l’utilisation de techniques simples et le nombre réduit de travailleurs, l’acquisition des qualifications et de l’apprentissage en dehors du système scolaire officiel, …
L’exemple de la ville de Touba est très souvent citée pour illustrer la dynamique d’intégration des TIC dans les habitudes de fonctionnement des commerçants et autres opérateurs économiques. Alors que dans les années 80, il était impensable pour les acteurs économiques de cette ville de faire recours aux TIC, aujourd’hui, ce sont des milliers de jeunes informaticiens qui appuient et assistent les commerçants “mourides” dans leurs transactions commerciales. La puissance des réseaux et outils techniques de communication est décuplée par la formalisation de ces échanges informels, à caractère horizontal, au sein des communautés et groupes socioculturels. Ceci entraîne, par une sorte d’effet d’avalanche, des économies de grappe qui cependant restent fragilisées compte tenu de la faible rentabilité des activités et de l’insuffisance des recettes accumulées par les petits acteurs. Ceux-ci laissent alors des parts de marché pour les grosses entreprises privées du secteur des TIC.
Mais quelle que soit l’échelle à laquelle on se positionne, l’observation des frontières entre formel et informel paraissent de plus en plus floues car les acteurs clé du secteur des TIC en Afrique semblent avoir inventer des méthodes informelles pour faire converger leurs différents intérêts au profit d’un système formel de productivité plus organisé qu’on ne l’imagine, et qui heureusement laisse entrevoir la diffusion des TIC comme moteur de la croissance dans de nombreux pays africains à l’instar de la Tunisie, du Maroc, du Sénégal, de l’Afrique du Sud, ou du Nigéria,…
Source : web2solidarite.org