Dans cette guerre sans merci, les opérations de séduction se multiplient. Du côté de Malitel, l’on peut citer des opérations « Wati Duman », « Week-end Nisondiya » ou « Dimanche Nisondiya » et « Promo Bonus ». Autant d’opérations commerciales dont les dénominations s’inspirent du lexique de la langue nationale bamanan pour mieux accrocher la clientèle. Mais de nombreux consommateurs sont aujourd’hui remontés contre l’opérateur de téléphonie mobile Malitel.
Et pour cause : ils lui reprochent de donner des unités gratuites par la main droite et de les reprendre aussitôt par la gauche. L’opérateur s’en défend évidemment. Ces opérations de promotion, précise Sidi Dembélé, le chargé à la communication de Malitel, constituent une manière pour la société d’exprimer sa solidarité et sa reconnaissance envers les usagers du réseau Malitel. Elles sont des avantages offerts au client en lui concédant des unités supplémentaires sur les cartes de recharges GSM et Internet.
Les unités offertes par « Wati Duman » au cours de ces opérations de promotion sont valables pour tous les opérateurs. Celles qui sont offertes par « Promos Bonus » et « Week-end Nisondiya » ne sont utilisables que sur le réseau Sotelma-Malitel. Aussi les unités supplémentaires offertes sont utilisées seulement lors des communications sur le réseau Malitel. Celles qui sont dirigées vers un autre opérateur sont facturées sur le compte principal.
Lors des communications sur le réseau Malitel, le compte principal n’est utilisé qu’après épuisement des bonus. Aucune charge n’est répercutée sur le compte principal tant que le bonus est disponible sur le compte », assure le directeur commercial de Malitel, Sidy Aly Zacour. Cette assurance du directeur commercial de Malitel ne convaincra certainement pas nombre de clients qui estiment que l’opérateur facture en même temps la communication sur le compte principal et sur le compte bonus.
« C’est un fait réel. J’en ai fait le constat. J’ai deux puces. Chaque fois que je recharge mes puces, je constate une légère baisse des unités Malitel de la puce que j’utilise sur le réseau Malitel », croit un jeune diplômé. Ses recriminations rejoignent celles de la vendeuse, Awa qui, assise auprès de son étal, nous assure avoir abandonné le réseau Malitel pour l’autre opérateur. Derrière ces réactions couve un malaise réel.
Aujourd’hui, les griefs se sont tellement multipliés que certains abonnés se sont référés à l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA). La présidente de cette association, Mme Coulibaly Salimata Diarra confirme, de son côté, avoir reçu des plaintes à ce sujet. « Le problème est réel. Depuis un certain temps, j’ai été saisie par une radio internationale sur la question. J’ai donné le point de vue du consommateur. Nous avons attiré l’attention du Comité de régulation des télécommunications qui, à la suite de mon intervention sur la radio, a organisé une réunion d’urgence sur la question. Nous attendons la conclusion de cette rencontre pour avoir une conduite vis-à-vis des opérateurs », explique Mme Salimata Diarra.
AUCUNE PONCTION SUR LE COMPTE PRINCIPAL.
Du point de vue de la présidente de l’Ascoma, le grief ne se limite pas au seul opérateur Malitel. Elle assure avoir été saisie des plaintes concernant l’autre opérateur Orange-Mali. Pour le directeur commercial de Malitel, Sidy Aly Zacour jusqu’à preuve de contraire aucune ponction n’est faite sur le compte principal avant l’expiration du compte bonus lorsque le client communique sur le réseau Malitel.
Au Comité de régulation des télécommunications, l’on dédramatise la situation. Pour Boubacar M. Dicko, l’opérateur n’est pas obligé de prendre en compte tous les appels de ses clients sur le compte bonus alors que le compte principal est crédité. Il peut arriver qu’il déduise les frais de communication aussi bien sur le compte principal que sur le compte bonus. Boubacar M. Dicko explique que le CRT a un droit de regard sur les modes de facturations des opérateurs, mais n’y est pas partie prenante.
« Le rôle du régulateur n’est pas de définir une stratégie commerciale pour l’opérateur. C’est à la société de fournir une liaison de communication à tout moment à des conditions les meilleures et de donner le montant exact des recharges au moment de l’approvisionnement du compte. En cas de contestation de non-satisfaction de ces conditions, le régulateur est appelé à interpeller et de veiller à la protection des intérêts des consommateurs », dit-il.
En matière de réglementation des tarifs, les textes de références sont l’ordonnance n°99-043-P-RM du 29 mars 1999 modifiée et le décret n°00-230-P-RM du 10 mai relatif à l’interconnexion. Ces deux textes majeurs offrent aux deux opérateurs la main libre de fixer le niveau de leurs tarifs, sous réserves des engagements stipulés dans leurs licences et des dispositions de l’ordonnance.
Cependant, précisent les textes, les opérateurs doivent soumettre au CRT des tarifs applicables à tous leurs services. Mais il peut s’opposer à l’application de ces tarifs au cas où ceux-ci ne respecteraient pas les dispositions de l’ordonnance et les règles de concurrence, rassure Boubacar M. Dicko.
Malitel serait-elle victime de son propre succès ? C’est ce qu’estime son directeur commercial, Sidy Aly Zacour qui promet de continuer à faire plaisir à la clientèle. Mais en attendant, l’opérateur s’emploie à l’amélioration de son réseau qui présente quelques petits problèmes liés à la notification des appels en absence et autres SMS.
Journal l’ESSOR du jeudi 28 octobre 2010, par Lassine Diarra
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