Portabilité, dégroupage et tarifs d’interconnexion…
Que sera donc le secteur des télécoms d’ici quatre ans ? Mot d’ordre de la note d’orientation, favoriser le développement de l’accès à la téléphonie et internet en poussant à une concurrence plus accrue dont l’objectif recherché in fine est la baisse des prix. Pour cela, première mesure, l’Etat fera jouer les leviers de régulation à sa disposition et dont certains ont constitué la seule fausse note dans le plan d’application de la précédente note d’orientation. C’est l’exemple de la portabilité des numéros, en vigueur depuis 2008 déjà mais qui n’a pas intéressé grand-monde. Pourtant, le fait de garder son numéro de mobile, tout en changeant d’opérateur, peut constituer un puissant motif de volatilité des clients, induisant les opérateurs à faire davantage en termes de prix ou de prestations pour les fidéliser. Faut-il alors croire que les trop nombreuses offres d’accès à une carte Sim et un téléphone pour trois fois rien, dans un marché à faible ARPU (recette moyenne mensuelle par client) principalement basé sur le prépayé (95% du parc des mobiles), ont freiné ce levier ?
Dans le même ordre d’idées, l’autre levier de régulation qui n’a pas joué est celui du dégroupage. Cette technique qui consiste pour les acteurs nouvellement entrants à louer une partie des installations filaires de l’opérateur historique, ce qui permet au client de changer d’opérateur fixe ou internet tout en conservant son installation de base à la maison n’a pas eu le succès escompté. Dans la note d’orientation précédente, le dégroupage avait été mis en place progressivement, sans susciter l’intérêt des opérateurs. Rappelons qu’en 2007, Maroc Telecom avait fait une offre de dégroupage partiel (fourniture d’accès internet ADSL par opérateur tiers) jugée trop coûteuse par la concurrence. Dans le même sens, l’offre de dégroupage total (voix et données), entrée en vigueur en juillet 2008, est restée sans grand intérêt. Dans ce volet-là, on peut invoquer à la fois une question de tarifs mais également le succès inattendu de l’internet 3G qui a freiné le développement d’une offre ADSL concurrentielle.
Enfin, le troisième volet de régulation sur lequel compte s’appuyer l’Anrt est celui de la baisse des tarifs d’interconnexion entre opérateurs. L’on se rappelle des frictions à répétition dans ce créneau qui ont poussé le régulateur à intervenir plusieurs fois. Mais de manière globale, ce levier de régulation a donné des résultats, puisque de nombreuses révisions de tarifs ont eu lieu entre 2004 et 2008.
Un débit de 5 Mo/s comme norme usuelle
Il n’empêche que la note d’orientation pour les quatre ans à venir compte bien s’appuyer sur de nouvelles décrues de tarifs intra-opérateurs pour stimuler la concurrence et donner un sens concret aux notions de portabilité et de dégroupage. Moyennant quoi, les objectifs quantitatifs fixés sont d’atteindre, en 2013, entre fixe, mobile et internet, un parc de 36 millions de clients/abonnés contre 31 millions environ à fin 2009, soit une hausse de 16%. Important à signaler, le parc de clients internet qui est à l’heure actuelle d’un peu plus d’un million devra avoir doublé pour passer à deux.
Deuxième mesure, de nature à favoriser le développement du marché, l’évolution technologique. Pour cela, l’Etat entend carrément lancer un plan national pour le développement du très haut débit, nécessaire au développement de services à valeur ajoutée dans la téléphonie mobile (télévision, vidéo, applications professionnelles…), dans le fixe (triple play) ou encore dans l’internet pris isolément (jeux, téléchargement, transmission de données). En ce sens, des débits de 10 Mo/s seront monnaie courante dans quatre ans et une offre de 5 Mo/s fera partie des packages d’entrée de gamme. Toujours dans le cadre de l’évolution technologique, il est prévu le passage à la norme de quatrième génération de téléphonie mobile (4G, norme LTE pour long term évolution) qui permettra au téléphone mobile d’atteindre des débits réels pour le consommateur dépassant 1 Mo/s. Il faut au passage signaler qu’en dépit de l’existence de la norme 3G au Maroc (UMTS), les opérateurs n’offrent, actuellement, en services de téléphonie mobile, que la 2,5G (GPRS) alors qu’en Europe la norme 3,5 G (HSDPA) est devenue courante.
Pour terminer, la libéralisation du secteur, troisième mesure de développement prévue, se poursuivra de manière très contrôlée. Ainsi, le marché continuera à abriter les trois opérateurs globaux que sont Maroc Telecom, Medi Telecom et Wana Corporate. A ces derniers pourrait s’ajouter un quatrième opérateur disposant d’une licence de téléphonie fixe nouvelle génération uniquement. L’on doute qu’il ne s’agira pas de grossir les rangs d’une offre qui sera d’ici là surdéveloppée à destination de consommateurs particuliers avec trois concurrents sur les rangs. Le nouvel opérateur sera plutôt positionné dans des segments de transmission de données à destination d’une clientèle d’entreprises. Il pourrait alors s’appuyer sur les opérateurs alternatifs d’infrastructures (voir encadré). Avec de tels objectifs, le secteur des télécoms devrait alors frôler les 40 milliards de DH de chiffre d’affaires annuel d’ici quatre ans.
[readon1 url=”http://www.lavieeco.com”]Source : lavieeco.com[/readon1]