Les réseaux algériens sont-ils tous passés en IPv6 ? Depuis la dernière réunion de l’ICANN tenue à Carthagène, en Colombie, rencontre qui a vu le premier « avertissement »émis par l’organisation quant à la fin imminente des adresses IPv4
, c’est non. Depuis le 8 juin dernier, date de «l’IPv6 Day », journée de test grandeur nature sur ce nouveau protocole ? Non plus. La situation jusqu’à aujourd’hui se résume à 3 blocs de numérotation qui ont été attribués à un organisme académique et à deux entreprises. C’est ce qu’affirme le directeur général d’Anwarnet, Mohamed Fadi Gouasmia, première entreprise à être passée en full-IPv6. « L’AFRINIC, qui est l’organisme qui attribut les adresses pour la région de l’Afrique, a attribué 3 blocs d’adresses IPv6 en Algérie. Un premier bloc a été attribué à l’Algerian Academic Network Rresearch, le deuxième a été attribué à un joint-venture entre Sonatrach et BP Exploration et Anwarnet. Nous sommes le troisième à avoir reçu notre allocation d’adresses le 16 juin 2010 pour un « first seen », c’est-à-dire que nous avons été visibles la première fois en IPv6 sur l’Internet mondial le 5 février 2011 à 14h17 », affirme-t-il. En fait, pour beaucoup d’experts, « il est impératif d’adopter la généralisation de l’IPv6 car il y va de la survie des économies des pays qui reposent [ou reposeront] en grande partie sur les services Internet ». M. Gouasmia ne manque pas d’ailleurs de le rappeler dans l’entretien qu’il a accordé à IT Mag. « Ce n’est pas un choix, on doit le faire », en réponse à l’adoption de l’IPv6 en Algérie. Au cours de l’« IPv6 Day », aucun incident majeur n’a lieu, y compris dans le pays où les internautes ont pu continuer à se connecter normalement, aussi bien sur des sites en IPv6 (Google, Facebook ) mais cela n’a été possible que grâce à des techniques qui ont permis aux deux protocoles de cohabiter. « L’IPv4 et l’IPv6 cohabitent dans le même réseau, et cohabitent aujourd’hui dans l’Internet mondial. Quand on a fait l’IPv6, on a développé des techniques, ce qu’on appelle le Dual Stack et l’IPv4-over-IPv6, qui consiste en une opération de tunneling, c’est-à-dire créer une espèce de tunnel entre les deux protocoles pour permettre justement cette communication. Les routeurs, aujourd’hui, implémentent l’IPv6 et quand on fait monter ce protocole, il y a en fait sur le même routeur deux piles qui tournent, une en IPv4 et une autre en IPv6, faisant qu’il sait traiter des paquets des deux protocoles en même temps, et sait les router chacun vers le réseau adéquat. C’est ce qu’on appelle le Dual Stack », explique le directeur général d’Anwarnet qui est revenu, au cours de ce même entretien, sur l’expérience de son entreprise ; expérience qu’il appelle à partager avec le plus grand nombre. Toujours durant l’IPv6 Day, l’Internet Society avait fourni la possibilité aux internautes de pouvoir tester leurs propres connexions. Sur les résultats consacrés à l’IPv4, tout était parfait, rien n’avait changé. Sur la partie des tests qui faisaient passer des requêtes sur du « Dual Stack », là aussi, c’était bon. En revanche, sur les tests de sites en full IPv6 ; ça ne passait pas avec pour explication un routeur ou un équipement non mis à niveau ou alors c’est carrément l’ISP qui ne supportait pas le protocole IPv6. Aujourd’hui encore; beaucoup de choses ont été dites et beaucoup d’intentions affichées mais la réalité est là et tenace. L’Algérie ne doit absolument pas rater son virage qui la mènera au tout-IPv6 sous peine de s’exclure elle-même du réseau des réseaux et donc du monde.