L’affaire n’a pas été simple à mener pour créer ce joint-venture détenu à parité. Orange dispose en effet de plus de clients que T-Mobile UK. La marque de France Télécom compte 15,9 millions d’adeptes, contre 12,5 millions à la filiale de Deutsche Telekom, sans comptabiliser les 4 millions de clients de Virgin Mobile qui passe par son réseau outre-Manche. Mais « T-Mobile a des reports fiscaux déficitaires. Leur valorisation explique le fait que chacun des deux opérateurs détiendra la nouvelle entreprise à 50 % », explique une source proche du dossier.
Avantage immense
Pour France Télécom, l’avantage d’une telle solution est immense : le français n’augmente pas sa dette, qui atteignait 34,7 milliards d’euros au 30 juin dernier. La priorité du PDG, Didier Lombard, reste en effet le développement d’Orange dans les pays émergents. En réussissant une telle opération, le patron de France Télécom garde des munitions pour le Vietnam, l’Algérie, l’Egypte et d’autres pays en forte croissance, ce qui devrait contribuer à rassurer les marchés financiers. « France Télécom est le vainqueur de cette opération. L’opérateur augmente sa taille en Grande-Bretagne sans aucune sortie d’argent frais », réagissait hier un financier. Didier Lombard frappe ainsi un grand coup, alors que Stéphane Richard, son futur dauphin, est arrivé la semaine dernière. Pour René Obermann, le PDG de Deutsche Telekom, les intérêts allemands sont aussi bien défendus dans l’affaire. L’opérateur a en effet lourdement investi au cours des dernières années dans le mobile outre-Manche. En restant actionnaire, Deutsche Telekom se donne la possibilité de profiter des fruits d’une future restructuration. Car il va falloir restructurer T-Mobile UK. Au premier trimestre, Deutsche Telekom a déprécié la valeur de sa filiale britannique de 1,8 milliard d’euros dans ses comptes. T-Mobile UK perd des clients et sa rentabilité est moindre que celle de ses concurrents. Avec cinq opérateurs mobiles, la Grande-Bretagne est en effet l’un des marchés les plus concurrentiels d’Europe. Les marges brutes opérationnelles des opérateurs ne dépassent d’ailleurs pas 25 % outre-Manche, alors qu’elles flirtent avec les 40 % en France. La consolidation et le retour à quatre opérateurs mobiles – comme en Allemagne, en Italie, en Espagne et bientôt en France – pourraient contribuer à réduire cette intensité concurrentielle.
GUILLAUME DE CALIGNON
[readon1 url=”http://www.lesechos.fr”]Source : lesechos.fr[/readon1]